Le Canada se souvient - Édition 2016 - Page 3
Frères d'armes
Environ 4 000 soldats autochtones ont servi vaillamment durant la Première Guerre mondiale, et au moins 50 d'entre eux ont reçu la Médaille de la bravoure pour leurs actes sur le champ de bataille. Bon nombre d'entre eux ont été des éclaireurs et des tireurs d'élite hors pair grâce à leurs compétences en chasse et en milieu sauvage.
Alexander et Charles Smith, deux frères de la bande Cayuga des Six Nations de l'Ontario, se sont enrôlés trois mois après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Ils avaient tous deux suivi un entraînement dans la milice, et ils ont été désignés officiers.
En septembre 1916, Alexander s'est mérité la Croix militaire pendant la bataille de la Somme, en France. Il a contribué à la capture d'une tranchée ennemie et de 50 prisonniers, même s'il avait été enterré deux fois sous la terre soulevée par les explosions de bombes. Charles a obtenu la Croix militaire en France le 9 novembre 1918, soit deux jours avant la fin de la guerre. Son peloton et lui ont arrêté les sapeurs ennemis qui se préparaient à faire exploser une mine, et ils ont capturé une position de mitrailleuse plus tard dans la journée.
Les frères Smith sont revenus au Canada après la guerre et leur histoire est un exemple du courage dont ont fait preuve un grand nombre de soldats autochtones.
Une croix lourde à porter
La Croix du Souvenir (ou Croix d'argent) a été instaurée pour les membres des familles de ceux qui sont tombés au combat. Malheureusement, des dizaines de milliers de gens ont porté la Croix du Souvenir depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Il s'agit d'une médaille que personne ne souhaite recevoir, mais pour ceux et celles qui ont perdu un être cher, c'est une façon de partager leur chagrin, tout en montrant leur fierté.
En 1936, de nombreuses mères canadiennes ont fait un pèlerinage en France pour assister au dévoilement du Mémorial national du Canada à Vimy. Parmi celles-ci figurait Mme Charlotte Wood, de Winnipeg, qui a perdu deux fils durant la guerre. Elle a été la première mère à recevoir la Croix du Souvenir nationale, une tradition qui est toujours respectée aujourd'hui. Chaque jour du Souvenir, la Légion royale canadienne sélectionne une mère qui déposera une couronne au Monument commémoratif de guerre du Canada, à Ottawa, en guise de représentation de toutes les personnes qui ont perdu un fils ou une fille.
Lorsque nous pensons à ceux et celles qui ont donné leur vie, il ne faut pas oublier que leurs familles ressentent aussi la douleur infligée par la guerre.
Mains agiles au travail sur le front intérieur
Des milliers de Terre-Neuviens se sont enrôlés durant la Première Guerre mondiale. Les femmes de Terre-Neuve souhaitaient aussi contribuer à l'effort de guerre et elles ont ainsi mis sur pied l'Association patriotique des femmes. Elles ont tricoté des dizaines de milliers de chaussettes, de gants et d'écharpes en laine pour leurs fils et d'autres soldats qui servaient à l'étranger. Les femmes étaient très fières, mais elles se préoccupaient du sort des garçons et elles voulaient s'assurer qu'ils reçoivent un réconfort de la maison.
Parfois, les femmes rédigeaient de brefs messages, par exemple « avec cette chaussette je tricote une prière ». À l'occasion, les soldats répondaient à ces mots et certains ont même développé des liens affectifs à leur retour au pays!
Pour les Terre-Neuviens qui se trouvaient dans les tranchées froides, les cadeaux des femmes du front intérieur leur rappelaient leur profond attachement à l'île qu'ils avaient quittée.
Militaires et olympiens
Saviez-vous qu'une relation de longue date existe entre le sport et le service militaire au Canada? Tom Longboat, Percival Molson, Jack Varaleau, Ken Money, Mark Graham et Sharon Donnelly figurent parmi les nombreux athlètes canadiens qui ont porté avec fierté l'uniforme militaire et le maillot olympique au fil des ans.
Steve Daniel, de l'Ontario, est un vétéran qui a pris part à des missions de soutien de la paix en Bosnie, en Croatie et en Afghanistan. Malheureusement, il a subi une lésion de la moelle épinière lors d'un accident de parachute, en 2005, qui l'a laissé paralysé de la taille jusqu'aux pieds. Après une réadaptation, il a fait de l'aviron sans l'usage de ses jambes, se hissant rapidement au niveau élite. Il a participé à des compétitions d'aviron lors des Jeux paralympiques d'été de 2008.
La paix et la liberté dont nous jouissons au Canada ne sont qu'un rêve pour bien des pays qui prennent part à ces compétitions internationales. Pour en savoir plus sur les olympiens canadiens qui ont également servi dans les forces militaires, consultez la section « Olympiques ».
Infirmières militaires prisonnières de guerre
Kathleen Christie de Toronto et Anna May Waters de Winnipeg ont été infirmières militaires durant la Seconde Guerre mondiale. Elles sont allées à Hong Kong avec la Force C en octobre 1941.
Lorsque les Japonais se sont emparés de Hong Kong, Kathleen Christie et Anna May Waters s'occupaient des blessés qui se trouvaient dans un hôpital militaire britannique. Les membres du personnel sont devenus des prisonniers de guerre et ont souffert du manque de nourriture, de la rareté des fournitures médicales et des mauvais traitements infligés par ceux qui les avaient capturés. Le typhus, la tuberculose et la carence vitaminique ont fait des ravages.
Grâce à leurs aptitudes, les infirmières militaires ont aidé bon nombre des soldats malades à survivre. Ces braves femmes sont demeurées près des Canadiens blessés, travaillant dans des conditions atroces, jusqu'à ce qu'elles soient forcées de se rendre dans un camp d'internement civil.
Après deux difficiles années de captivité, Kathleen Christie et Anna May Waters sont revenues au Canada dans le cadre d'un échange de prisonniers. Elles ont été les premières de la Force C à revenir au pays.
Un as canadien des chars d'assaut
Très peu de Canadiens voient leur nom utilisé pour désigner un prix dans le domaine des jeux vidéos, mais la plupart des gens n'ont pas réalisé les exploits militaires de l'as des chars Sydney Radley-Walters!
Né en 1920 au Québec, Sydney Radley-Walters a étudié et joué au football à l'Université Bishop. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'est joint au Régiment des Fusiliers de Sherbrooke en 1940. Cette unité était composée de volontaires francophones et anglophones, et elle est devenue le 27e Régiment blindé canadien.
Leur baptême de feu a eu lieu le 7 juin 1944, soit le lendemain du débarquement en Normandie. Sydney Radley-Walters a frappé rapidement, détruisant un char allemand ce jour-là. Le jeune commandant était un tacticien talentueux et il tirait avantage des faiblesses des chars ennemis. En effet, il visait la base de la tourelle afin de la faire tomber. Pour améliorer la protection de ses propres chars, il demandait à ses soldats de souder des chenilles usées à la base de la tourelle et il plaçait des sacs de sable sur le mince plancher des chars, afin d'absorber l'impact de l'explosion d'une mine. Il a toujours insisté sur l'importance de bien préparer ses soldats. Il dirigeait depuis le front, son char en plein milieu de l'action. Son équipage et lui ont obtenu un total remarquable de 18 victoires lors des combats en Normandie, aux Pays- Bas et en Allemagne.
Radley-Walters est demeuré au sein des forces armées jusqu'en 1974 et, à sa retraite, il avait le grade de brigadier-général. Il est décédé en avril 2015, mais sa famille et ses amis se souviennent toujours de lui, tout comme les amateurs d'un populaire jeu vidéo de chars d'assaut.
- Date de modification :