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Saison 4 : Les gardiens de la paix canadiens

Nous sommes un pays de gardiens de la paix.

Au cours des sept dernières décennies, plus de 125 000 gardiens de la paix canadiens ont participé à des dizaines de missions internationales partout dans le monde pour rétablir et maintenir la paix. Leur contribution à l’atteinte de ces objectifs a été déterminante. Pour reconnaître leurs efforts, le Canada a désigné le 9 août Journée nationale des Gardiens de la paix.

Dans cette série, vous entendrez des Canadiens qui ont servi lors de missions de maintien de la paix, et vous verrez qu’ils ont servi avec compassion et courage : Leur service. Notre fierté.

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Bande-annonce

Bande-annonce

Les visages de la liberté sont de retour! Dès le mois d’août, écoutez les expériences uniques de cinq gardiens de la paix canadiens qui ont servi aux quatre coins du monde. Inscrivez-vous et restez à l’affût

  • Transcription de la bande-annonce

    Musique [00:00]

    Animateur [00:06]

    Chaque année au Canada, nous soulignons la Journée nationale des Gardiens de la paix le 9 août. C’est pourquoi le mois prochain, Anciens Combattants Canada sera de retour avec une toute nouvelle série du balado Visages de la liberté.

    Chaque mardi du mois d’août, vous entendrez les histoires de soldats du maintien de la paix canadiens dans votre fil balado. Au cours des sept dernières décennies, plus de 125 000 Canadiens ont servi lors de missions de maintien de la paix partout dans le monde. Ils ont été actifs dans des endroits comme Haïti, la République démocratique du Congo, les Balkans et bien d’autres.

    Nous espérons que vous serez à l’écoute le mois prochain afin de découvrir leurs histoires, leurs missions et l’impact de leurs efforts. Ne manquez surtout pas cette nouvelle série sur le maintien de la paix. Gardez un œil sur votre fil cet été, et partagez les balados avec vos amis et les membres de votre famille.

    On se retrouve dans quelques semaines.


Épisode 1 - Le Moyen-Orient : Dans le désert du Sinaï

Lyna Gravel

Lyna Gravel a servi dans les Forces armées canadiennes de 1992 à 2015. Durant sa carrière, elle aura eu l’occasion de se rendre en mission outre-mer en Bosnie-Herzégovine et en Égypte, où elle a fait partie de la Force multinationale d’observateurs au Sinaï.

  • Transcription de l’épisode 1

    Musique [00:00]

    Animatrice [00:05]

    Nous sommes un pays engagé au maintien de la paix. Depuis plus de sept décennies, les Canadiens ont participé à des missions de maintien de la paix aux quatre coins du monde. Plus de 125 000 Canadiens ont servi dans des endroits aux prises avec des conflits et de l’instabilité – des endroits comme Haïti, les Balkans et la péninsule du Sinaï. Confrontés à des conditions dangereuses et à des climats extrêmes, ils ont contribué à rétablir et maintenir la paix. Écoutez ces vétérans nous raconter leur expérience. Ils nous parlent des difficultés qu’ils ont rencontrées, mais aussi de leurs succès et des relations humaines qu’ils ont développées. Avec courage, intégrité et loyauté, ils ont laissé leur marque…

    Musique [00:50]

    Animatrice [00:53]

    Une des premières choses qui vient à l'esprit de la plupart des Canadiens lorsqu'ils pensent à l'Égypte est sans doute la beauté du Nil ou des grandes pyramides. Cependant, pour les milliers de membres des Forces armées canadiennes qui y ont servi, ce pays risque d'évoquer une image tout à fait différente. Celle d'un conflit entre deux pays, l’Égypte et Israël. Le Canada et plusieurs autres pays ont dû mettre beaucoup d’efforts pour y rétablir et conserver la paix. La Lieutenant-colonel à la retraite Lyna Gravel nous raconte son expérience au sein de la Force multinationale d’observateurs au Sinaï.

    Musique [01:32]

    Lyna Gravel [01:38]

    Bonjour. Je me présente. Lieutenant-colonel à la retraite Lyna Gravel. J’ai servi dans les Forces armées canadiennes en tant qu’officier logistique dans l’Armée de terre de 1992 à 2015. En fait, lorsque j’ai découvert le collège militaire à St-Jean, c’est là que tout a commencé. En fait, je voulais devenir océanographe dans la vie. Donc, à l’école secondaire, on avait des cours d’éducation choix de carrière, et mon professeur m’a parlé du programme qui s’offrait au collège militaire Royal Roads, en Colombie-Britannique. Donc, elle m’a parlé du collège militaire à St-Jean, on pouvait commencer notre éducation post-secondaire à St-Jean, et ensuite, on pouvait aller en Colombie-Britannique. Donc, mon option de pouvoir étudier en océanographie pouvait se faire via les Forces canadiennes. Donc, c’est en croyant devenir océanographe que j’ai joint les Forces canadiennes dans la Marine, dans les tous débuts.

    Musique [02:40]

    Animatrice [02:46]

    Malheureusement, Lyna Gravel a dû revoir son plan de carrière lors de la fermeture du collège militaire en Colombie-Britannique, en 1995. Elle s’est alors réorientée vers l’armée de terre pour faire carrière en logistique. C’est ce métier qui lui a permis de participer à des missions outre-mer comme celle en Égypte.

    Musique [03:06]

    Lyna Gravel [03:15]

    Dans l’armée, on ne pouvait pas être océanographe si on était dans l’armée, et puisque le programme n’existait plus, donc pour moi, rester dans la Marine, ce n’était plus d’intérêt, donc j’ai décidé de bifurquer et d’aller en génie civil. Donc, j’ai aussi fait un changement d’études et un changement d’uniforme. Donc, je suis passée de la Marine à l’armée de terre.

    Musique [03:43]

    Lyna Gravel [03:47]

    L’Égypte.

    Musique [03:48]

    Lyna Gravel [03:52]

    C’est une mission qui est très méconnue de la population canadienne en général, pas juste de la population canadienne… C’est une mission privée. C’est pas une mission de l’ONU, donc ce n’est pas des casques bleus, c’est des casques oranges. La force… la mission là-bas s’appelle la force multinationale et des observateurs au Sinaï. C’est une mission qui va avoir 40 ans l’année prochaine qui a débuté en 1982 suite aux accords de Camp David de 1978, qui avaient été parrainés par Jimmy Carter, le président américain à l’époque. Et c’est une mission qui vise à s’assurer que le traité entre l’Égypte et l’Israël, dans la péninsule du Sinaï, est maintenue. Donc, il y a des observateurs qui sont affectés dans des postes d’observation tout le long de la frontière est, entre la péninsule du Sinaï, qui maintenant appartient à l’Égypte, et Israël.

    Nous, on était 33 à l’époque. On était le plus gros contingent depuis le début de la mission. À l’époque, ils étaient seulement 16 Canadiens et c’était des gens de la force aérienne. Nous, ils ont emmené des gens de l’armée de terre, donc on était 33 au total, 33 Canadiens.

    Donc moi, mon rôle au sein de la force était le gestionnaire de la flotte de véhicules. Donc la force, il y avait environ 2500 personnes à l’époque, 11 contingents de 11 pays différents, et plusieurs employés civils qui étaient embauchés par une compagnie qui embauchait des employés civils.

    Lorsqu’on est arrivés, c’était… Bon, la MFO, c’était un secret gardé. C’est un beau secret gardé. La base est vraiment tout près d’Israël. On est à une demi-heure de la frontière d’Israël. Moi personnellement, mon travail se faisait beaucoup en Israël aussi. Donc, tout ce qui était acquisition d’équipement, il y avait un bureau de liaison à Tel Aviv, donc l’équipement arrivait beaucoup par bateau, et on allait chercher ça en Israël chez les commerçants de véhicules qui recevaient la flotte. Donc j’allais régulièrement en Israël, et c’était relativement très… C’était une mission méconnue mais très… C’est un beau climat. C’était secret gardé. C’était pas loin de la Méditerranée. On nous permettait de sortir du camp, d’aller une fin de semaine au Caire, ou d’aller une fin de semaine à Tel Aviv. C’était pas nécessairement le contexte très… C’était loin de l’Afghanistan ou de la Bosnie-Herzégovine ou dès qu’on sort du camp, on doit être armés. Pas du tout. Jusqu’en octobre 2005, il y a eu des incidents, il y a eu des bombardements et là, les Frères Musulmans se sont mis à faire du trouble dans le Sinaï et c’est devenu dangereux, et nous avons eu des Canadiennes, deux Canadiennes qui étaient en route pour aller au Golan… Notre base d’approvisionnement était le Golan. On avait des Canadiens au Golan, en Israël, et elles ont frappé un engin explosif improvisé. Heureusement, elles n’ont pas été blessées. Le véhicule a été perte total, et ça été le point tournant. À partir de ce moment-là, on s’est aperçus qu’il y avait des gens qui en voulaient à… pas nécessairement à la MFO ou aux soldats qui étaient présents, mais là, il commençait à avoir du tumulte dans le Sinaï. Donc, les Frères Musulmans étaient beaucoup plus présents.

    La sécurité avait changée. On s’est mis à devoir sortir en convois. Donc, un véhicule tout seul ne pouvait plus sortir tout seul. On devait être avec des escortes armées et tout. Donc, ça été quand même un point tournant pour la force.

    Animatrice [07:39]

    Malgré les risques accrus durant la seconde moitié de la mission, Lyna Gravel garde d’excellents souvenirs de son passage au Moyen-Orient. Aujourd’hui libérée des Forces armées canadiennes, elle reprendrait la même décision de s’enrôler si c’était à refaire..

    Lyna Gravel [07:54]

    Personnellement moi, j’aurais habité au Caire. J’étais faite pour cet environnement-là. Je me sentais bien justement dans cet environnement-là, puis pas nécessairement dans les quartiers touristiques, mais en dehors, sortir des sentiers battus.

    Musique [08:10]

    Lyna Gravel [08:16]

    Chaque contingent avait son « mess », mais il y avait aussi des ligues. On pouvait jouer au hockey cossum. Il y avait une piscine, on pouvait faire de la natation. Il y avait… les Américains avaient un collège sur place, donc il y avait des professeurs. Donc, il y avait beaucoup d’étudiants américains qui continuaient leur scolarité, parce que c’était beaucoup de la Garde nationale, donc, l’équivalent des réservistes. Donc eux, ils continuaient leur éducation là-bas. Donc, il y avait vraiment des salles de classe. J’ai pris un cours d’arabe. J’allais le soir à mon cours d’arabe comme si j’avais été à l’université Laval à un cours le soir. Donc, il y avait quand même une vie très, très active sur le camp, c’était très plaisant. C’était vraiment très plaisant.

    Je suis la première à dire que les Forces armées canadiennes, c’est la plus belle école de la vie. Je recommencerais dès maintenant. Je vois une annonce de recrutement puis j’ai le goût d’aller au recrutement.

    Musique [09:13]

    Animatrice [09:21]

    Et voilà, c’est déjà la fin. Merci d’avoir écouté cet épisode de l’édition du maintien de la paix du balado les Visages de la liberté. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à vous abonner et écouter les saisons précédentes dans l’application balado de votre choix. Si vous avez une suggestion – qu’il s’agisse d’un invité ou d’une histoire – vous pouvez nous joindre sur la page Facebook ou Instagram « Le Canada se souvient » ou encore via Anciens Combattants Canada sur Twitter. Servez-vous des mots-clics #LeCanadaseSouvient et dites-nous ce que vous en pensez. Si vous cherchez à découvrir davantage d’histoires de vétérans canadiens, nous en avons un large éventail à veterans.gc.ca.

    Merci et à la prochaine!

    Musique [10:04]

    Vous désirez en apprendre davantage à propos de Lyna Gravel? Jetez un coup d’œil à son profil Leur service. Notre fierté.


Épisode 2 - L’Europe : Prisonnier des Forces serbes

Marc Bergeron

Marc Bergeron était photographe dans les Forces armées canadiennes. Après 18 ans et demi à réaliser des milliers de photos et des vidéos un peu partout dans le monde, il a été libéré du service en raison d’un diagnostic d’état de stress post-traumatique. Alors qu’il servait en Bosnie-Herzégovine, il a été retenu en otage pendant 16 jours par les Forces serbes.

  • Transcription de l’épisode 2

    Musique [0:00]

    Animatrice [0:05]

    Nous sommes un pays engagé au maintien de la paix. Depuis plus de sept décennies, les Canadiens ont participé à des missions de maintien de la paix aux quatre coins du monde. Plus de 125 000 Canadiens ont servi dans des endroits aux prises avec des conflits et de l’instabilité – des endroits comme Haïti, les Balkans et la péninsule du Sinaï. Confrontés à des conditions dangereuses et à des climats extrêmes, ils ont contribué à rétablir et maintenir la paix. Écoutez ces vétérans nous raconter leur expérience. Ils nous parlent des difficultés qu’ils ont rencontrées, mais aussi de leurs succès et des relations humaines qu’ils ont développées. Avec courage, intégrité et loyauté, ils ont laissé leur marque…

    Musique [0:50]

    Animatrice [0:54]

    Au début des années 1990, les pays des Balkans, qui constituaient l’ex-Yougoslavie, sont aux prises avec de violents conflits qui opposent diverses factions religieuses et ethniques. Le Canada envoie alors des soldats pour une mission de surveillance, puis pour une mission de maintien de la paix de l’ONU. Le caporal-chef Marc Bergeron y a passé six mois en 1994 pour la mission de maintien de la paix.

    Musique [1:20]

    Marc Bergeron [1:32]

    Bonjour, mon nom c’est Marc Bergeron, un ancien caporal-chef photographe des Forces armées canadiennes. J’ai fait mes études en photographie au CEGEP, et puis à partir de ce moment-là, je suis rentré dans les Forces canadiennes comme opérateur radar, étant donné que le métier était fermé. Mais rapidement, je leur ai fait savoir que mon but était de devenir photographe et que j’avais les qualifications requises donc je n’avais pas aucun cours à suivre.

    J’ai commencé ma carrière en 1985 comme photographe sur la base d’Halifax.

    Musique [2:10]

    Marc Bergeron [2:18]

    Je suis parti en 1994, septembre 1994, jusqu’en avril 1995. En fait, c’était l’éclatement de la Yougoslavie. T’avais les Croates, t’avais la Croatie, t’avais la Bosnie-Herzégovine, t’avais la Serbie, et tout ça anciennement, c’était l’ex-Yougoslavie. Ça, étant donné qu’après la mort de Tito, il y a eu beaucoup de tensions, la Bosnie-Herzégovine a déclaré son indépendance. Les Serbes ont pas aimé ça. Donc, les Serbes de la Bosnie étaient « backés » par la Serbie. Les Croates ont pas aimé ça non plus, donc les Croates de la Bosnie était « backés » par les Croates, et puis la Bosnie-Herzégovine, c’était à majorité musulmane.

    C’est une mission de paix carrément. Ça s’appelait la FORPRENU. Notre rôle était quand même… C’était de s’assurer que… Bien essayer de rétablir les ponts entre les factions. Ça, c’est le rôle des casques bleus. Ensuite de ça, c’était aussi de s’assurer que nos ingénieurs rebâtissaient des routes, ils faisaient tout simplement des routes où il n’y en avait pas. C’était apporter de l’aide aux populations civiles. C’était essayer aussi de négocier des ententes entre des villages serbes et musulmans. 

    Musique [3:46]

    Animatrice [3:55]

    Après un long périple vers le théâtre d’opérations des troupes canadiennes en Bosnie-Herzégovine, il ne s’écoule même pas cinq minutes qu’on demande déjà les services d’un photographe. Malgré son épuisement, Marc Bergeron se met à la tâche.

    Marc Bergeron [4:08]

    Bien moi, je suis arrivé là-bas en… dans le théâtre d’opérations. Tout ce que je voulais c’était dormir, parce que ça faisait 36 heures que j’avais pas dormi. Tout ce que je voulais, c’était dormir, mais quand je suis arrivé en Bosnie, on entend crier à travers le monde « où est le photographe, où est le photographe, où est le photographe? », donc, je n’ai pas pu dormir. Je suis parti tout de suite au secteur nord, puis je ne sais pas pourquoi, puis les yeux me fermaient tout seul. En tout cas. Alors finalement, on est arrivés au secteur nord, et puis moi j’ai dit « moi, je m’excuse, moi, faut que je dorme, j’en peux plus ». Alors là, j’ai dormi jusqu’au lendemain matin. Le lendemain matin, on est partis du site nord, on est descendus jusqu’à Visoko, au camp Visoko, qui s’appelait CANBAT-2.

    Le voyage, de là, c’est à peu près sept heures de route mais en Cougar ou en Grizzli. Donc, c’est pas très confortable, puis quand on pouvait ouvrir les… ce qu’on appelle les « hatchs », et regarder à l’extérieur, on voyait… On commençait à voir un peu la désolation de la guerre si on veut. Il fallait aussi qu’on passe par des « checkpoints », qu’on soit contrôlés. Comme par exemple, on passait par la ville de Mostar, une ville d’environ 200 000 personnes qui était complètement, complètement détruite à plat, à plat.

    En parlant de travail, bien notre travail, en travaillant avec les affaires publiques, c’est… Entre autre, une partie de notre travail, c’est quand il se passe des choses spécifiques, mettons, il y a eu une attaque à quelque part, différentes factions, que ça soit Serbes, Musulmans ou Croates, moi j’ai … Ça pas rapport pour nous autres. Mais nous, c’était de filmer ça, ou de filmer des transferts de blessés, ou de filmer l’action. Puis une des choses qu’on faisait, c’était aussi qu’on fournissait les agences internationales d’images, que ce soit en photographies ou en vidéos.

    Musique [6:06]

    Animatrice [6:18]

    Les missions de maintien de la paix comportent de nombreux risques pour les soldats casques bleus. Dans le cas des Canadiens qui ont servi dans les premières années des missions dans les Balkans, comme le caporal-chef Bergeron, le danger était omniprésent.

    Musique [6:30]

    Marc Bergeron [6:35]

    À mon arrivée là-bas, la première semaine, bien la première semaine, on est allés rencontrer la radio locale pour leur dire qu’est-ce que nous les Canadiens on faisait.

    Moi, je suis resté à l’extérieur pour surveiller le véhicule, et puis au même moment, il a commencé une pluie de mortiers qui nous tombaient dessus, et les mortiers explosaient là… ce n’était pas bien loin. C’était 100-150 pieds les plus proches, puis tout le monde courait partout pour aller à l’abri. Je parle des civils. Puis il y a une dame qui passait à la course avec son enfant qui devait avoir 12, 14 ans, puis le jeune, dans un anglais assez correct, il m’a dit « vous avez pas peur vous monsieur? ». Bien, moi je lui ai dit « non, moi je n’ai pas peur. Je lui ai dit ça va être correct, vous allez être en sécurité bientôt.» Alors il dit « ah d’accord. Si vous me le dites d’abord, je ne courrai pas avec ma mère, puis on va prendre ça relax, puis on va se rendre à l’abri. » J’ai dit : « C’est parfait. » Mais dans le fond, j’avais peur là, j’avais peur ça ne se disait pas.

    Musique [7:35]

    Marc Bergeron [7:41]

    Le 24 novembre, alors qu’on allait dans une petite ville nommée Ilijas, qui était tenue par les Serbes, on allait tourner des messages de Noël qu’on voit à la télévision en anglais et en français. On présente pour le moral des troupes et aussi pour les familles. C’est divertissant pour le monde au Canada.

    L’OTAN avait commencé à bombarder dans ce coin-là. Donc, on s’est fait prendre en otage par les forces serbes.

    Musique [8:11]

    Marc Bergeron [8:16]

    On comprenait pas trop ce qui se passait parce qu’on voyait arriver des camions militaires. Les soldats débarquaient, puis on a vu… Ils nous ont dit, ils nous ont signifiés qu’il y avait des tanks alentour et tout. Ils nous ont dit qu’ils nous prenaient en otage. Ils nous ont désarmés en fait.

    Ensuite de ça, bien ça été la prise d’otage. Seize jours avec… On était 55 Canadiens, mais dans mon… dans notre cellule, qui était passablement grosse, on était 22. On pouvait sortir 10 minutes aux deux heures ou aux trois heures, et puis étant donné que j’avais caché ma caméra Betacam dans un Cougar, bien le soir, quand ils nous surveillaient moins, moi, je m’étais caché dans le Cougar, j’étais resté plus longtemps.

    Après 16 jours, bien c’est-à-dire la quatorzième journée, nous, on avait déjà reçu du quartier général à Visoko un code, puis c’était « the prime minister sends his regards ». Ça, ça voulait dire qu’ils venaient nous sortir, nous extirper. Je pense que le gouvernement canadien, c’était temps qu’il nous sorte de là.

    Puis nous aussi on était tannés, parce que disons que la salubrité était pas chose courante. Il y avait juste un petit filet d’eau dans une toilette où il faisait noir, noir, noir pour pouvoir te laver un peu. Un petit filet d’eau froide en plein mois de décembre quand même. Ce sont des expériences marquantes, mais par contre, je sais qu’on a fait du bien. Je veux dire, combien de personnes qu’on a sauvées? Combien de personnes qui… combien de femmes ne se sont pas faites violer parce qu’on était là? Combien de personnes blessées qu’on a sauvées?

    Dans le fond, c’est difficile pour moi, mais dans le fond, j’ai le sentiment d’avoir fait mon devoir puis de l’avoir accompli, puis je pense que le Canada est très bien vu pour le travail qu’on a fait durant la crise en Bosnie. 

    Musique [10:14]

    Animatrice [10:22]

    Et voilà, c’est déjà la fin. Merci d’avoir écouté cet épisode de l’édition du maintien de la paix du balado les Visages de la liberté. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à vous abonner et écouter les saisons précédentes dans l’application balado de votre choix. Si vous avez une suggestion – qu’il s’agisse d’un invité ou d’une histoire – vous pouvez nous joindre sur la page Facebook ou Instagram « Le Canada se souvient » ou encore via Anciens Combattants Canada sur Twitter. Servez-vous des mots-clics #LeCanadaseSouvient et dites-nous ce que vous en pensez. Si vous cherchez à découvrir davantage d’histoires de vétérans canadiens, nous en avons un large éventail à veterans.gc.ca.

    Merci et à la prochaine!

    Musique [11:11]

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Épisode 3 - L’Asie : Troubles sur une île méconnue

Martin Colbert

L’adjudant-chef Martin Colbert a participé à sa première mission de maintien de la paix en 1986 à Chypre, seulement deux ans après être entré dans les rangs des Forces armées canadiennes. En 1999, fort de 15 années d’expérience militaire, il a été envoyé dans une île bordée par l’Australie et l’Indonésie appelée le Timor. Les Canadiens ont contribué à rétablir la paix là-bas à la suite d’un référendum d’indépendance.

  • Transcription de l’épisode 3

    Musique [0:00]

    Animatrice [0:05]

    Nous sommes un pays engagé au maintien de la paix. Depuis plus de sept décennies, les Canadiens ont participé à des missions de maintien de la paix aux quatre coins du monde. Plus de 125 000 Canadiens ont servi dans des endroits aux prises avec des conflits et de l’instabilité – des endroits comme Haïti, les Balkans et la péninsule du Sinaï. Confrontés à des conditions dangereuses et à des climats extrêmes, ils ont contribué à rétablir et maintenir la paix. Écoutez ces vétérans nous raconter leur expérience. Ils nous parlent des difficultés qu’ils ont rencontrées, mais aussi de leurs succès et des relations humaines qu’ils ont développées. Avec courage, intégrité et loyauté, ils ont laissé leur marque…

    Musique [0:50]

    Animatrice [0:53]

    En 1999, le Timor-Oriental vote en faveur de son indépendance de l’Indonésie. De violents conflits s’ensuivent. La communauté internationale s’organise et fait pression auprès de l’Indonésie pour qu’elle cesse la violence. Une force multinationale, dirigée par l’Australie, est alors dépêchée dans le territoire. Quelque 600 membres des Forces armées canadiennes y sont déployés. L’adjudant-chef Martin Colbert en fait partie.

    Musique [1:25]

    Martin Colbert [1:30]

    Je suis Martin Colbert, je suis l’adjudant-chef du groupe du Vice-chef d’état-major de la Défense nationale. J’ai 35 années de service dans les Forces armées canadiennes, et puis je suis à Ottawa depuis six ans dans des positions seniors d’adjudant-chef. Quand j’étais adolescent, j’ai fait le programme des Cadets de l’armée, puis j’aimais beaucoup le côté discipline puis le côté structure, mais aussi le côté aventure puis travail d’équipe.

    Quand je suis rentré, l’arme de combat qui était disponible pour rentrer quand même assez rapidement, c’était l’artillerie, alors je l’ai choisie. J’ai fait deux ans comme dans l’artillerie, j’ai fait mon cours d’artilleur de base à la base de Shilo, au Manitoba, puis après deux ans, je me suis re-classifié volontairement dans l’infanterie. J’ai été muté au Régiment aéroporté où j’ai fait une longue carrière de parachutiste suite à cette mutation-là.

    J’ai eu six déploiements outre-mer en tout dans ma carrière. J’ai été à Chypre en 1986 avec justement, le premier commando en premier. Ensuite, avec le 3e Bataillon du Royal 22e Régiment, j’ai été déployé en Haïti, en 1997. Par la suite, on s’est déployés au Timor-Oriental. Après le Timor, j’ai été déployé en Bosnie avec le même bataillon, puis j’ai été deux fois par la suite en Afghanistan.

    Musique [2:51]

    Martin Colbert [2:55]

    Suite à la violence dû au référendum qui était en faveur de l’indépendance, il y a eu beaucoup de violence à la fin du mois d’août 1999. La première fois que j’ai entendu parler du Timor-Oriental personnellement, c’est par les nouvelles en début septembre qui nous parlaient de ce qui arrivait là-bas. Pas longtemps après, on voyait des développements rapides au niveau de l’intention des Nations Unies de former une force qui a été « leadée » par les Australiens. Éventuellement, le Canada a décidé de s’impliquer militairement, puis c’est venu que ma compagnie, la compagnie de parachutistes du troisième bataillon, a été déployée au Timor. Tout ça s’est passé en-dedans d’un mois.

    Donc quand on est arrivés, en première fois, deux semaines en Australie en premier, pour être capables de s’accoutumer à l’environnement, puis les Australiens avaient monté un bon entraînement aussi pour commencer à s’entraîner au niveau de l’environnement qui est plus orienté vers la jungle là-bas. Donc, on avait des membres qui n’avaient jamais été dans la jungle. On s’est adaptés, puis comme un petit peu, rafraîchir nos techniques, etc.

    Musique [3:59]

    Martin Colbert  [4:03]

    Quand on est arrivés au Timor, je vais vous dire, les villages étaient dévastés. Beaucoup de maisons brûlées, les villages étaient très vides. Il ne restait pas beaucoup de personnes dans les villages. Beaucoup de monde s’était réfugié dans les montagnes, puis malheureusement, il y avait eu beaucoup de meurtres et de massacres aussi avant qu’on puisse arriver. On voyait encore de la fumée sortir des restes des maisons quand on est descendus.

    Donc, aussitôt qu’on a mis le pied là, on est arrivés dans notre base de patrouille, on n’avait pas de camp d’établi, on était dans des abris de fortune qu’on apprend à se faire dans notre entraînement, puis tout de suite, on a envoyé une patrouille pour commencer tout de suite à avoir cette présence militaire-là dans les lieux, pour commencer à assurer la sécurité, puis notre devoir, c’était d’imposer la paix. C’était une mission d’imposer la paix en premier, s’assurer qu’on remettait une stabilité avec notre présence dans notre secteur de responsabilités.

    C’était une mission de l’ONU, mais il faut faire attention. Il y a beaucoup de nuances dans les missions. Vous avez les missions de maintien de la paix, vous avez aussi des missions d’imposer la paix. Donc, au Timor-Oriental, c’était sous le chapitre 7 de la Charte des Nations Unies pour imposer la paix. Donc, on avait quand même des règles d’engagement robustes qui nous aidaient à faire notre travail, puis une fois que la paix est imposée et plus stable, là, les autorités supérieures prennent les décisions si la mission peut changer en maintien de la paix. Mais pour maintenir une paix, il faut qu’il y ait une paix en premier, puis quand on est arrivés, bien, il n’y avait pas de paix.

    Musique [5:32]

    Animatrice [5:37]

    Les missions de paix présentent toutes sortes de défis pour les soldats qui y sont affectés, tant au niveau des conditions locales, humanitaires ou politiques. Parfois, ils doivent aussi réussir à imposer le compromis.

    Martin Colbert [5:51]

    Puis aussi, fallait aussi beaucoup s’adapter à l’environnement, juste l’environnement, la température. Un environnement de jungle, c’est très, très chaud, mais très humide, 80% d’humidité. Puis dans notre tour bien, on a pris… on est arrivés en même temps que la saison des pluies. Donc, le premier mois, il a fait soleil à tous les jours, mais les cinq autres mois, il a plu à tous les jours. C’est des pluies tropicales. J’ai jamais vu pleuvoir de même de ma vie.

    Je pense qu’il y a une chose qui m’a frappé beaucoup côté humanitaire… parce que l’environnement, c’est une chose. Je pense qu’on est entraînés à s’adapter assez rapidement, mais je me rappelle un soir entre autre, les villageois, quand ils commençaient à revenir des montagnes, ils nous ont carrément lancé une personne l’autre bord de notre barrière où on était, puis ils l’avaient battue. C’était un villageois qui avait fait des massacres. C’est au début de notre tour, alors on en a pris soin, on a donné les premiers soins à cette personne-là, puis on l’a questionnée dans le sens qu’on voulait savoir pourquoi lui s’était fait battre par ces villageois. On a su par cette personne-là malheureusement qu’il n’avait pas eu le choix de faire les massacres.

    C’était une des [mesures] systématiques que les miliciens prenaient. Ils allaient voir une maison. Ils tuaient peut-être un membre de la famille, puis là, ils imposaient soit au père de famille ou au plus vieux d’aller faire brûler la maison d’à côté, d’aller faire des massacres à côté, sinon, ils allaient anéantir le reste de sa famille. Bien, ces pauvres villageois-là, ils n’avaient pas de… quasiment pas le choix de faire ça dans le fond. Alors, c’est sûr que côté humain, c’est vengeance. Alors nous, ce qu’on a fait, on a parlé aux autorités des villages, puis on s’est assurés, on leur a demandé, « laissez le monde revenir, pointez-nous ceux qui ont fait des massacres, puis on va regarder le pourquoi, on va regarder qu’est-ce qui est arrivé? Le contexte. On va prendre les bonnes décisions, mais il faut arrêter la violence ». 

    Puis ça, ça fait beaucoup une grosse différence, alors les gens ont commencé beaucoup plus à revenir. Puis vous savez, ceux qui étaient accusés de violence, puis c’était pas leur faute, on leur demandait « voulez-vous rester dans le village, ou vous voulez qu’on vous transporte ailleurs au Timor? » « Non, on veut rester chez nous, on va s’expliquer ». Puis, on a commencé ce genre de relation-là avec les autorités des villages pour que le monde puisse se regarder puis panser leurs blessures morales de tout ce qui est arrivé. Comment recommencer une vie normale le plus possible.

    Le premier six mois, on a quand même réussi à mettre une certaine stabilité qui a été une bonne base pour aider les Timorais à reprendre une vie plus sécuritaire et plus normale.

    Musique [8:33]

    Animatrice [8:36]

    L’adjudant-chef Colbert prendra sa retraite l’année prochaine, après 38 ans de carrière. Il n’entend pas pour autant s’arrêter et aimerait pouvoir véhiculer chez les jeunes l’esprit d’équipe et les valeurs de l’armée.

    Musique [8:49]

    Martin Colbert [8:55]

    J’ai vu avec ma vie militaire le pire de l’humain, ce qu’il est capable de faire en parlant de massacre, mais aussi par contre, j’ai toujours pu voir le meilleur de l’humain. Donc, partout où est-ce qu’on était, il y a toujours… la majorité des gens, c’est des bonnes personnes, c’est des bons humains. En Afghanistan exemple, la majorité des Afghans veulent juste vivre librement, vivre leur culture dans la paix, puis tu vois le meilleur côté de l’humain dans le pire des situations, puis ce côté-là m’a toujours réconforté, m’a toujours fait plaisir, donc… 

    Non, j’ai vraiment eu une belle carrière, je suis vraiment choyé puis à tous les jours, je l’apprécie énormément. J’aimerais beaucoup redonner aux jeunes.

    Donc mon plan de carrière, c’est de transférer pour le programme des cadets, puis j’aimerais beaucoup être capable de redonner aux jeunes.

    On a juste une vie à vivre, donc refaire complètement, je referais la même chose c’est certain.

    Musique [9:50]

    Animatrice [9:55]

    Et voilà, c’est déjà la fin. Merci d’avoir écouté cet épisode de l’édition du maintien de la paix du balado les Visages de la liberté. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à vous abonner et écouter les saisons précédentes dans l’application balado de votre choix. Si vous avez une suggestion – qu’il s’agisse d’un invité ou d’une histoire – vous pouvez nous joindre sur la page Facebook ou Instagram « Le Canada se souvient » ou encore via Anciens Combattants Canada sur Twitter. Servez-vous des mots-clics #LeCanadaseSouvient et dites-nous ce que vous en pensez. Si vous cherchez à découvrir davantage d’histoires de vétérans canadiens, nous en avons un large éventail à veterans.gc.ca.

    Merci et à la prochaine!

    Musique [10:39]

Vous voulez en apprendre davantage à propos de Martin Colbert? Jetez un coup d’œil à son profil Leur service. Notre fierté.


Épisode 4 – L’Afrique : À l’aide de la démocratie en République Centrafricaine

Gratien Lamontagne

En 1998, alors que l’instabilité économique et politique règne en République Centrafricaine, des soldats canadiens rejoignent la mission des Nations Unies pour y contribuer au maintien de la paix. Gratien Lamontagne fait partie de ces militaires. Il est envoyé là-bas comme commandant de contingent.

  • Transcription de l’épisode 4

    Musique [0:00]

    Animatrice [0:05]

    Nous sommes un pays engagé au maintien de la paix. Depuis plus de sept décennies, les Canadiens ont participé à des missions de maintien de la paix aux quatre coins du monde. Plus de 125 000 Canadiens ont servi dans des endroits aux prises avec des conflits et de l’instabilité – des endroits comme Haïti, les Balkans et la péninsule du Sinaï. Confrontés à des conditions dangereuses et à des climats extrêmes, ils ont contribué à rétablir et maintenir la paix. Écoutez ces vétérans nous raconter leur expérience. Ils nous parlent des difficultés qu’ils ont rencontrées, mais aussi de leurs succès et des relations humaines qu’ils ont développées. Avec courage, intégrité et loyauté, ils ont laissé leur marque…

    Musique [0:50]

    Animatrice [0:54]

    En 1998, alors que l’instabilité économique et politique règne en République Centrafricaine, des soldats canadiens rejoignent la mission des Nations Unies pour y contribuer au maintien de la paix. Gratien Lamontagne, qui sert déjà son pays depuis plus de 20 ans, est du nombre. Voici comment tout a commencé. 

    Musique [1:15]

    Gratien Lamontagne [1:20]

    Et bien mon nom, c’est Gratien Lamontagne. J’ai grandi principalement dans la région du Saguenay Lac St-Jean, puisque mes parents venaient de Saint-Prime, qui est un village juste à côté de Roberval. Donc, c’est là que j’ai grandi, et puis étant donné que je, on habitait le Saguenay Lac St-Jean, il y avait la base, la fameuse base militaire de Bagotville qui existe toujours, et puis où il y a des avions. Alors, on les voyait passer, puis moi, ça m’a toujours fasciné depuis que j’étais tout jeune, et en plus, occasionnellement, on allait au fameux « pageant » aérien à Bagotville, puis là, là, il en avait des avions. Les jets plein le ciel. Alors quand on était… jeune garçon, j’en avais plein les yeux. Déjà, je rêvais d’être, d’être pilote, et puis graduellement après ça, ça été de devenir militaire, sauf que lorsque… quand est arrivé le moment où j’ai voulu me joindre aux Forces armées canadiennes (FAC), bien je n’avais pas la vue qu’il fallait. Alors, je devais porter des lunettes. Donc, l’idée de devenir pilote dans les Forces Armées Canadiennes, bien, je n’ai pas pu. Par contre, j’ai… je voulais toujours être militaire, et puis en 1976, j’ai… je me suis enrôlé.

    Alors les deux premières années, j’étais ce qu’on appelle un chef de troupe. Donc, j’ai fait ça pendant deux ans, et puis par la suite, j’ai occupé un autre poste au sein du Régiment, qui était d’être officier d’administration pour l’escadron de commandement et de service. Et puis après ça, bien j’ai été muté en France. Alors, je me suis retrouvé officier d’échange avec un Régiment français.

    En 1989, il y avait encore une autre opportunité pour retourner en France, cette fois-là, avec l’école de l’arme blindée française, à Saumur-sur-la-Loire. En ‘96, j’ai été muté à Valcartier comme commandant-adjoint du 12ème Régiment blindé du Canada, puis j’ai fait ça pendant trois ans, et pendant mon temps de commandant adjoint au 12ème Régiment blindé du Canada, je suis allé faire la mission… bien en fait, un presque quatre mois, là, en République Centrafricaine. On m’avait envoyé là-bas pour être commandant de contingent à ce moment-là.

    Musique [4:05]

    Animatrice [4:10]

    Lorsqu’il est arrivé en République Centrafricaine, le Canada contribuait déjà à la force des Nations Unies depuis quelques mois. La situation était sous contrôle, mais les Canadiens jouaient un rôle logistique très important pour le maintien de la paix.

    Gratien Lamontagne [4:24]

    Notre rôle était plus un rôle de soutien. Donc, on fournissait du personnel pour opérer les systèmes de transmission. Donc, des opérateurs radio, puis on a fourni aussi des personnes pour être membre au sein de l’état-major, et puis quelques, quelques gens-là à certains postes là, notamment pour aider à préparer là les embarquements sur les vols, ou le chargement des avions au besoin, parce qu’il y avait des hélicoptères et puis certains avions qui étaient rattachés à la force de la MINURCA, qui était la force là pour la République Centrafricaine.

    Ce qui a déclenché l’intervention des Nations Unies, c’est que, il y a eu des troubles au sein du pays, et puis ça, ça été causé par une mauvaise gestion, problème des finances, des militaires qui n’étaient pas payés depuis des mois, voire même plus d’un an, et puis qui se sont soulevés, qui se sont carrément mutinés, et puis qui ont tenté des coups d’État. Alors, de façon à pouvoir stabiliser la situation au sein du pays, les Nations Unies, le conseil de sécurité, a voté une résolution, et puis ils ont envoyé une force qui était principalement composée de pays africains. Je vous dirais là, il y avait probablement là sept, si ma mémoire est bonne, sept pays africains.

    Donc à ce moment-là, quand on est intervenus, je vous dirais la situation s’était stabilisée, mais c’était quand même fragile là. Alors, notre présence, elle n’était pas sur le terrain. On était principalement dans les quartiers généraux, mais on était là justement aussi pour aider au déploiement des troupes, puis à leur intervention, puis justement, aux patrouilles là, puis aider à stabiliser. Et aussi aider au retour si on peut dire à la démocratie au pays, parce que ça faisait un petit bout qu’il n’y avait pas eu de, je pense d’élections, et puis il était temps que ça arrive. 

    Animatrice [6:58]

    Les militaires canadiens pouvaient compter sur de bonnes installations en République Centrafricaine. Le réel danger provenait plutôt de l’environnement.

    Musique [7:06]

    Gratien Lamontagne [7:12]

    Je vais vous donner mon opinion personnelle là. C’est que si on compare effectivement avec d’autres missions, je pense à peut-être la Bosnie ou l’Afghanistan, ils avaient un contexte qui était quand même là dangereux. Je ne vous dis pas qu’on n’était pas à risque. Il y avait un risque, mais il était moindre que ceux justement qui étaient allés en Bosnie, en Croatie, puis en Afghanistan. Puis les conditions, les conditions étaient bonnes, parce qu’on était sur un camp, un camp qui existait, un camp que les Français avaient établi plusieurs années auparavant, puis qui était toujours très fonctionnel.

    En fait, la partie qui était peut-être la plus dangereuse pour nous, bien c’était les maladies. On était quand même en Afrique avec la chaleur, et puis des serpents qui couraient partout, des insectes. Il y avait des fourmis-là qui pouvaient vous donner des brûlures là. C’était incroyable.

    Il y avait des serpents notamment là… Quand on est arrivés, bien on nous faisait une familiarisation avec l’environnement, puis on nous montrait, on nous présentait des serpents. Il y avait des serpents je peux dire que quand on subissait une morsure, on n’avait pas beaucoup de temps pour se rendre et puis aller voir un médecin pour trouver un remède. Il y en a là, il y avait… c’était des serpents qui étaient dans l’herbe, pis là-bas je veux dire… de l’herbe haute, il y en avait tout plein. Alors, il fallait faire attention là où on mettait les pieds.

    Musique [8:49]

    Animatrice [8:53]

    À la retraite depuis 2011, le colonel Lamontagne gardera toujours de bons souvenirs de son expérience de gardien de la paix en République Centrafricaine. Cela demeurera l’un des moments les plus marquants de sa carrière.

    Musique [9:06]

    Gratien Lamontagne [9:10]

    La mission en République Centrafricaine… J’en ai fait rien qu’une donc, je ne peux pas dire que j’ai des missions, j’en ai fait une seule, mais c’est peut-être là le moment dans ma carrière où là je peux me dire tout ce que j’avais fait, tout ce que j’avais appris, j’ai pu le mettre en pratique dans un contexte là de maintien de la paix où j’avais à commander des gens, et puis j’avais aussi à collaborer avec d’autres. Puis il y avait quand même un contexte qui était fragile, qui était délicat. Il y avait, il y avait un risque, et puis c’est tout autre. Quand on se prépare pour quelque chose, puis quand on le vit, c’est différent. Puis là, c’est là où on se dit que tout ce qu’on a appris avant, tout ce qu’on a fait, l’expérience, bien là ça y est là. On le met en pratique là, on n’a pas le choix là.    

    Musique [10:15]

    Animatrice [10:19]

    Et voilà, c’est déjà la fin. Merci d’avoir écouté cet épisode de l’édition du maintien de la paix du balado les Visages de la liberté. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à vous abonner et écouter les saisons précédentes dans l’application balado de votre choix. Si vous avez une suggestion – qu’il s’agisse d’un invité ou d’une histoire – vous pouvez nous joindre sur la page Facebook ou Instagram « Le Canada se souvient » ou encore via Anciens Combattants Canada sur Twitter. Servez-vous des mots-clics #LeCanadaseSouvient et dites-nous ce que vous en pensez. Si vous cherchez à découvrir davantage d’histoires de vétérans canadiens, nous en avons un large éventail à veterans.gc.ca.

    Merci et à la prochaine!

    Musique [11:03]

Vous voulez en apprendre davantage à propos de Gratien Lamontagne? Jetez un coup d’œil à son profil Leur service. Notre fierté.

Vous aimeriez entendre d’autres histoires? Écoutez notre série précédente mettant en vedette des vétérans de la Seconde guerre mondiale. Vous trouverez au total trois séries du balado des Visages de la liberté à écouter.

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