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Journal du sous-lieutenant Bernard James Glynn

Lieutenant Bernard James Glynn

Le dimanche 8 octobre 1916 - Je suis allé à la messe et j'ai communié. J'ai vu le père Bernard et j'ai dit au revoir à de nombreux amis après la messe. J'ai envoyé mes bagages au dépôt à midi. À 12 h 45, j'ai dit au revoir à ma femme et à mes enfants ainsi qu'à tous mes voisins et mes amis. Partir a été plus difficile que je l'aurais cru. Papa, Yale, tante Katie et Joe m'ont accompagné jusqu'au train. J'ai dit au revoir à Joe et à papa. Papa était démoli. De nombreux amis sont venus me dire au revoir. Reverrai-je un jour ma bonne vieille T.-N.? J'ai fait un arrêt à Hamilton pour dire au revoir à tante Martha. J'ai vu Snooks et H. Smith. Yale et moi sommes allés à Toronto. Nous sommes restés chez Snooks. J'ai passé une soirée très agréable avec Mary et Grace Casey.

Le lundi 9 octobre 1916 - J'ai passé la journée chez Mary et j'ai téléphoné à maman. J'ai parlé à tante Mary au téléphone. Mary et moi avons passé les dernières quelques heures ensemble et ce fût très agréable. C'est tout comme quitter un autre foyer et ma mère. Je quitte mes amis les plus chers. Mary et Grace voulaient m'accompagner à la gare mais M. McIntyre ne voulait pas. Je leur ai dit au revoir et Yale et Snooks m'ont accompagné à la gare. Je les ai salués alors que le train quittait la gare en direction d'Halifax. J'ai eu un grand coup de cafard.

Le mardi 10 octobre 1916 - Je n'ai pas dormi du tout sur ma couchette. J'ai changé de train à Montréal. J'ai pris mon petit déjeuner dans un hôtel tout près (le steak était très coriace). J'ai envoyé des cartes à la maison et à Mary. J'ai repris le train à 9 h pour Halifax. J'ai rencontré la plupart des hommes qui iront en Europe avec le R.F.C. J'ai joué aux cartes et discuté avec les autres toute la journée. J'ai vu le pont de Québec qui s'était écroulé. Je n'ai pas été très impressionné par le paysage. J'ai passé somme toute une journée assez agréable. Je me suis retiré sur la couchette supérieure à 23 h.

Le mercredi 11 octobre 1916 - J'ai plutôt bien dormi la nuit dernière. Je pense beaucoup à la maison et à Mary. Les repas ont été très bons, mais chers, de 2 $ à 3 $ par repas. J'ai écrit une longue lettre à la maison et à Mary. Le train s'est arrêté dans de nombreux villages francophones. Le paysage s'est amélioré. J'ai joué aux cartes avec deux membres du R.F.C. et le major King du quartier général d'Ottawa. Il a été très gentil et nous a donné des conseils utiles. Je me suis retiré à 23 h. Je suis arrivé à Halifax à 4 h et j'ai dormi à l'hôtel Halifax. J'ai assisté à un spectacle.

Le jeudi 12 octobre 1916 - J'ai relativement bien dormi. J'ai partagé ma chambre avec trois membres du R.F.C., les lieutenants Norman Keith, John Fry et Russell Moore. Je me suis présenté à mon supérieur et je suis monté à bord du vaisseau de Sa Majesté, l'Olympic à 11 h. On m'a attribué une cabine d'une valeur de 300 $. C'est un magnifique paquebot. Je ne sais pas quand nous quitterons le port. Nous sommes près de 6 000 soldats à bord, la plupart sont des Highlanders. Les repas à bord sont extraordinaires. Je me suis retiré à 23 h.

Le vendredi 13 octobre 1916 - J'ai bien dormi. Nous sommes toujours au quai à midi. J'ai joué aux cartes et j'ai fumé des cigarettes. À 16 h, nous nous sommes dirigés vers le bassin de Bedford. À 17 h, nous avons levé l'ancre et nous avons mis le cap sur l'Atlantique. Il y a quatre bateaux de croisière ici et de nombreux autres navires, dont le Calgarian. Ils nous ont salués avec grand enthousiasme quand nous sommes partis. Tous les bateaux se sont salués d'un coup de sifflet. C'était très impressionnant. J'ai vu mon cher pays de l'érable et tous mes êtres chers pour la dernière fois pour longtemps. Les verrai-je un jour à nouveau? Dieu seul le sait.

Le samedi 14 octobre 1916 - Déjeuné à 9 h. L'océan est plutôt houleux. Nous portons des ceintures de sauvetage en tout temps et effectuons des exercices de préparation en cas d'urgence. Il y a deux canons sur le paquebot, un à l'avant et un à l'arrière. Il fait très noir le soir sur le navire et on ne nous permet même pas de fumer. Les sentinelles font leur patrouille sur les ponts. Il y a quatre gardes à chacun des coins de notre pont équipés de mitrailleuses. Norm Keith, venu du Toronto, et moi sommes restés dehors jusqu'à 23 h à parler de nos femmes. J'aurais tellement voulu que la mienne soit présente.

Le dimanche 15 octobre 1916 - Je ne suis pas descendu pour déjeuner. J'ai eu un peu le mal de mer. Nous avons été nombreux à souffrir du mal de mer aujourd'hui. Il n'y a pas de services catholiques à bord. Je ne peux m'étendre sur ma couchette, l'océan est trop houleux. J'ai écrit une lettre à la maison, à mes amis et une entrée de journal à Mary. Il n'y a pas une femme à bord. Je suis resté sur le pont avec NK jusqu'à 22 h. J'ai le mal du pays.

Le lundi 16 octobre 1916 - Levé à 8 h 15 et déjeuné. Je commence à aimer le roulement de l'océan. Le danger que constituent les sous-marins est passé jusqu'à ce qu'on atteigne les côtes de l'Irlande, mais nous devons toujours porter nos ceintures de sauvetage. Nos repas sont délicieux. Le temps s'est réchauffé et le soleil commence à se pointer. Il y a un bon gymnase à bord. Nous jouons aussi au tennis. Une douce brise balaie les ponts. J'aurais aimé que maman et papa soient présents pour la sentir. Je suis resté sur le pont jusqu'à 23 h en compagnie de NK et de John.

Le mardi 17 octobre 1916 - J'ai déjeuné à 9 h. Le temps est magnifique. J'ai obtenu de la part du capitaine de l'Olympic la permission spéciale de prendre des photos. Le capitaine est très sage. À midi, cinq torpilleurs nous ont rejoints et nous ont escortés. Ils sont très rapides. Ils ont retenu un bateau suspect. J'ai pris de nombreuses bonnes photos des membres à bord. J'ai passé une soirée agréable dans le fumoir à chanter, à réciter et à écouter des anecdotes, etc. Je suis ensuite allé sur le pont.

Le mercredi 18 octobre 1916 - J'ai déjeuné à 9 h. Les cinq torpilleurs continuent à nous escorter. L'océan s'est calmé et il fait bon et chaud sur le pont. Le HMS Olympic est entré dans la baie de Liverpool à 19 h 30 et y a jeté l'ancre pour la nuit. Je me suis demandé quelle serait ma première impression de l'Angleterre? L'aimerais-je autant que le Canada? Impossible.

Le jeudi 19 octobre 1916 - Nous sommes arrivés au quai de Liverpool. J'ai débarqué à 10 h 30. J'ai envoyé des cartes postales pour la maison. J'ai pris le train jusqu'à Londres. Nous n'avons pas pu obtenir de chambres à la base alors nous sommes restés à l'hôtel London. J'en ai assez de voyager et j'aimerais m'installer un peu. Je n'aime pas vraiment Liverpool, mais bien sûr, je n'ai pas vu grand chose. Je suppose que je m'habituerai à ce pays avant la fin de la guerre.

Le vendredi 20 octobre 1916 - Je me suis présenté à Adastral House (le quartier général du R.F.C.) à 11 h. Je leur ai remis mes papiers. J'ai pris le train pour Oxford pour la deuxième école d'aéronautique militaire. On m'a accordé une permission de six jours pour obtenir un uniforme. On m'a installé à l'hôtel Norfolk, c'est un bel endroit. J'ai passé la soirée avec Burt Doran, Hugh Billings, John Fry et Norman Kells. Je me suis retiré dans ma chambre à minuit.

Le samedi 21 octobre 1916 - Levé à 7 h. j'ai déjeuné à l'hôtel puis j'ai pris le train pour Londres à 8 h. Nous avons obtenu des chambres à l'hôtel Norland par l'entremise de Mme Mitchell, la tante de Burt. C'est un très bel hôtel. J'ai écrit quelques lettres. Je me suis retiré à 23 h et j'ai envoyé un télégramme à la maison.

Le dimanche 22 octobre 1916 - Je suis à l'hôtel Norland. Pas de courrier. Londres est une ville particulièrement intrigante. Je me suis promené autour du Strand, de Lester Square et de Piccadilly Circus. Je me suis couché tôt.

Le lundi 23 octobre 1916 - J'ai déjeuné à 8 h 30 et j'ai écrit à Ethel et à Mary. Je suis allé chez le tailleur, etc.

Le mardi 24 octobre 1916 - La journée a été monotone et je n'ai fait que tuer le temps.

Le mercredi 25 octobre 1916 - Je suis allé au cinéma, j'ai vu des amis et j'ai passé la soirée avec eux.

Le jeudi 26 octobre 1916 - Je suis allé chez Cox et Co. où j'ai obtenu mon crédit. Je me sens fatigué. J'ai obtenu mon uniforme et j'en suis content. Je me suis retiré tôt en soirée.

Le vendredi 27 octobre 1916 - J'ai quitté Londres à 16 h. Je me suis présenté à Oxford à 17 h 30. On m'a assigné la chambre 4, escalier 3 dans l'édifice Meadow du très ancien collège Christ Church. J'ai une belle chambre que je partage avec Bert E. Watts. C'est un Canadien tranquille et gentil qui a fait le voyage avec moi. J'espère que j'aimerai cet endroit qui me rappelle le songe d'une nuit d'été.

Le samedi 28 octobre 1916 - Je n'ai pas commencé mes cours. Je me suis promené dans Oxford. J'aime bien cet endroit maintenant.

Le dimanche 29 octobre 1916 - Je suis allé à la messe à l'église St-Aloysius. J'ai passé la journée avec les autres soldats. Je n'ai toujours pas reçu de courrier.

Le lundi 30 octobre 1916 - J'ai commencé mes cours aujourd'hui. Voici quelques-uns des sujets : moteurs rotatifs, monosoupapes, Le Rhône, Gnome, Clerget, moteurs stationnaires, Rolls Royce, Beardmore, Renauld, R.H.F., bombes, électricité, envoi et réception de messages par télégraphie, observation aérienne, météorologie, astronomie, lecture de cartes, cours de base, haubanage de vol, mitrailleuses, photographie, vol-voyage de navigation et théorie du vol.

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