Bataille de Passchendaele
Les soldats canadiens combattent sous des pluies torrentielles, dans la boue profonde et sous le feu nourri de l’ennemi pour prendre Passchendaele.
Du 31 juillet au 10 novembre 1917
Première Guerre mondiale
Table des matières
Section 1
- Introduction
- La participation du Canada à la Première Guerre mondiale
- Histoires de la Première Guerre mondiale
- Ypres
- Terrain boueux
- Le déclenchement de la bataille
- Monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale
- Un champ de bataille difficile
- Les Canadiens à Passchendaele
- Les Canadiens lancent leur offensive
Section 2
Ressources d'apprentissage
Introduction
Les Canadiens ont accompli de nombreux exploits pour défendre la paix et la liberté au fil des ans. Évoquer Passchendaele suscite encore l'émotion lorsqu'il est question de l'héritage militaire canadien de la Première Guerre mondiale. À l'automne 1917, nos troupes ont surmonté des difficultés inimaginables pour remporter la victoire sur ce champ de bataille boueux situé au nord-ouest de la Belgique.
Champ de boue après la bataille de Passchendaele. Source : William Rider-Rider/ Canada. Ministère de la défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-040140
La participation du Canada à la Première Guerre mondiale
Au moment où la Grande-Bretagne entre en guerre, au mois d’août 1914, le Canada, alors membre de l’Empire britannique, est d’emblée impliqué dans le conflit. La Première Guerre mondiale se transforme rapidement en guerre de tranchées sur le front occidental, avec quelque 1 000 kilomètres de tranchées fortement défendues qui sillonnent la Belgique et le nord de la France, de la Manche à la frontière suisse. D’un côté se tiennent les forces françaises et britanniques (et leurs alliés, dont le Canada) et de l’autre, les Allemands. Ils se font face, chacun de leur côté du mortel No Man’s Land de barbelés, tandis que les obus d’artillerie explosent et que les mitrailleuses crépitent.
Pionniers canadiens transportant des matelas de tranchée, avec des blessés et des prisonniers à l'arrière-plan, durant la bataille de Passchendaele. Source : William Rider-Rider/Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-002084
À l’automne 1917, après le grand succès du Corps canadien à la crête de Vimy en avril de la même année, on envoie celui-ci dans le nord de la Belgique. Il s’agit d’un terrain familier pour les Canadiens qui y avaient livré de violents combats plus tôt durant la guerre.
Ypres
La région d’Ypres, en Belgique, où se trouve le village de Passchendaele, a été la scène de plusieurs batailles de la Première Guerre mondiale. C’est d’ailleurs à cet endroit que le gaz toxique a été utilisé pour la première fois, lorsque les Allemands ont lancé cette nouvelle arme chimique meurtrière, en avril 1915. Étant la dernière portion de la Belgique à ne pas être aux mains de l’ennemi depuis l’avancée allemande, le saillant d’Ypres revêt une grande valeur symbolique pour les Alliés.
Terrain boueux
Ypres est un lieu très peu propice aux batailles. C’est une région formée principalement de terres basses et plates, qu’on parvient à assécher à grand renfort de digues et de tranchées complexes. Toutefois, après trois années de rudes batailles, ces systèmes de drainage sont entièrement détruits. Le sol, bombardé de millions d’obus d’artillerie, se transforme en boue collante. En 1917, les pluies automnales précoces transforment le champ de bataille en mer de boue, de telle sorte qu’encore aujourd’hui Passchendaele est synonyme d’horribles conditions de bataille qui viennent facilement à l’esprit lorsqu’on évoque la Première Guerre mondiale.
Char d’assaut endommagé sur le champ de bataille boueux de Passchendaele. Source : Bibliothèque et Archives Canada PA-002195
Le déclenchement de la bataille
C’est principalement pour enlever de la pression aux forces françaises installées dans le sud que les Britanniques se lancent dans la troisième bataille d’Ypres. Sir Douglas Haig, commandant des forces britanniques, lance une offensive en Belgique pour affaiblir les forces allemandes et s’emparer de chemins de fer allemands stratégiquement situés dans le pays occupé et de bases sous-marines allemandes installées le long de la cote qui menacent les navires des Alliés.
Un champ de bataille difficile
La campagne commence à la fin du mois de juillet 1917. Les forces britanniques et l’ANZAC (les forces australiennes et néo-zélandaises) lancent l’attaque avec un important barrage d’artillerie. Une forte pluie tombe la toute première nuit de l’attaque. Les trous d’obus se remplissent rapidement d’eau et se transforment en mares répugnantes où gisent trop souvent des soldats morts ou blessés. De nombreux attaquants périssent alors qu’ils luttent dans une boue épaisse et presque sans protection sous le tir des mitrailleurs allemands cachés derrière des casemates (postes de tir à la mitrailleuse en béton armé). Malgré de telles conditions, les forces alliées gagnent lentement la majorité du terrain surélevé à la fin de l’été. Cependant, les principaux objectifs de l’offensive sont toujours hors de portée.
Des membres du personnel de la 16th Canadian Machine Gun Company défendent la ligne dans des trous d’obus durant la bataille de Passchendaele. Source : William Rider-Rider/Bibliothèque et Archives Canada/PA-002162
Les Canadiens à Passchendaele
Au début du mois d’octobre 1917, les Canadiens sont envoyés en Belgique pour prendre la relève de l’ANZAC et participer à l’offensive finale visant à prendre Passchendaele. Le commandant Arthur Currie, lieutenant-général du Corps canadien, visite le terrain et est consterné des conditions de celui-ci. Il essaie d’éviter d’envoyer ses hommes se battre, mais ses supérieurs ont décidé d’aller de l’avant. Une fois encore, comme à Vimy, les quatre divisions du Corps canadien sont présentes. Cependant, la boue omniprésente, le terrain plat, le manque de temps de préparation et un soutien d’artillerie relativement restreint font que le champ de bataille de Passchendaele est bien différent de celui de Vimy.
Les Canadiens lancent leur offensive
Currie prend le temps qu’il peut pour se préparer le plus soigneusement possible et, le 26 octobre, l’offensive canadienne commence. L’avancée dans la boue et sous les tirs ennemis est lente et les pertes sont lourdes, mais les soldats réussissent à se frayer un chemin. Sur un terrain ainsi exposé, la réussite d’une telle bataille tient à l’héroïsme des hommes qui parviennent à franchir les zones ennemies malgré la résistance farouche qu’on leur oppose. En dépit de l’adversité, les Canadiens atteignent les abords de Passchendaele le 30 octobre, à la fin de la seconde attaque, sous une pluie battante.
Prendre le village
Le 6 novembre, les Canadiens et les Britanniques lancent l’assaut pour prendre le village dévasté de Passchendaele. Au prix d’une bataille féroce, l’attaque se passe comme prévu. La tâche de prendre le « fameux » village revient au 27eBataillon (Ville de Winnipeg), ce qui est fait ce jour-là. Le 10 novembre, après avoir débouté les contre-attaques des forces ennemies, les Canadiens lancent la dernière attaque de la bataille et éliminent les Allemands de l’extrême est de la crête de Passchendaele. Les soldats canadiens ont réussi à capturer l’objectif en surmontant des difficultés quasi inimaginables.
Des soldats transportent un Canadien blessé sur le champ de bataille boueux de Passchendaele. Source : Bibliothèque et Archives Canada PA-002107
Des Canadiens reçoivent la Croix de Victoria
Se battre à Passchendaele nécessitait énormément de bravoure. Neuf Canadiens qui ont participé à cette bataille ont d’ailleurs reçu la Croix de Victoria (la plus haute distinction qu’un soldat canadien puisse recevoir pour acte de bravoure) : le soldat Tommy Holmes, le capitaine Christopher O’Kelly, le sergent George Mullin, le major George Pearkes, le soldat James Peter Robertson, le caporal Colin Barron, le soldat Cecil Kinross, le lieutenant Hugh McKenzie et le lieutenant Robert Shankland. Deux de ces hommes, McKenzie et Robertson, n’ont malheureusement pas survécu à la bataille.
Des héros
Les efforts de tous ces hommes furent vraiment remarquables, mais on dit que la bataille de Passchendaele n’aurait pu être gagnée sans le comportement héroïque du major George Pearkes du 5e Bataillon canadien de fusiliers à cheval. Malgré une blessure à la jambe, il a dirigé, sous les tirs ennemis, quelque douzaines de ses hommes à travers un terrain découvert afin de prendre d’assaut une ferme stratégiquement située. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont ensuite repoussé de nombreuses contre-attaques durant plus d’une journée, empêchant ainsi les Allemands de récupérer la principale avancée canadienne sur le flanc exposé.
Terrain boueux et barbelés que les Canadiens ont traversés durant la bataille de Passchendaele. Source : William Rider-Rider/Canada. Ministère de la défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-002165
Sacrifices
La grande victoire du Canada à Passchendaele a été obtenue au prix d’importants sacrifices. Plus de 4 000 soldats canadiens sont morts au combat et près de 12 000 ont été blessés. Les quelque 100 000 membres du Corps canadien qui ont combattu à Passchendaele font partie des 650 000 hommes et femmes qui ont servi en uniforme au cours de la Première Guerre mondiale. Malheureusement, plus de 66 000 Canadiens ont perdu la vie dans ce conflit. Les sacrifices et les réalisations de ceux et celles qui ont tant donné ne seront jamais oubliés.
Legs
La victoire des Canadiens à Passchendaele fut véritablement impressionnante et renforça la réputation croissante du Corps canadien d’être l’une des meilleures forces offensives sur le front occidental. Les troupes canadiennes ont par la suite été placées en tête d’une série d’avancées, lesquelles permettront aux Alliés de gagner la guerre, un an plus tard. En effet, les grands exploits et sacrifices du Canada sur les champs de bataille de l’Europe ont permis à notre pays d’acquérir un nouveau respect sur la scène internationale et lui ont valu le privilège d’apposer sa signature sur le Traité de Versailles, qui a officiellement mis fin à la Première Guerre mondiale.
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