Arrivée mouvementée en Croatie en 1993
Des héros se racontent
Transcription
J’ai servi en Croatie, donc moi je suis arrivée en 1993,
juste avant l’attaque de la poche de Medak,
tout le monde connait l’attaque de la poche de Medak,
c’est à peu près le temps que moi je suis arrivée là-bas.
Ça brassait quand même beaucoup.
On arrive et on est pas trop sûrs, moi ce qui m’est arrivé,
j’avais donné mon nom, ils demandaient des noms pour partir.
Un bon matin, je reçois un téléphone chez mes parents,
veux-tu être déployée.
On est au mois d’août, je dis oui, ils ont dit
il faut que tu t’en viennes signer tes affaires,
tu vas partir dans 3 semaines.
J’ai pas eu d’entrainement.
J’ai eu des vaccins, j’ai eu mon arme, mes affaires,
je suis allée paqueter mes valises puis je suis partie.
Je n’étais pas vraiment prête à partir,
je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais, dans le fond.
C’est ça, on a atterri à Zagreb comme ça,
parce que ça tirait un peu partout.
C’était un peu « rock and roll », c’était vraiment « rock and roll ».
Parlez-moi de la réaction que vous avez quand vous atterrissez.
Tu n’es pas trop sûre de ce qui se passe,
tu débarques de l’autobus, tout le monde te fait courir,
il faut que tu ramasses ta veste pare-balles,
il faut que tu ramasses tes affaires pour prendre l’autre autobus
et tu es parti.
C’est pas comme à la TV, tu vois pas ça à la TV,
c’est vraiment « live » tout le monde est autour de toi,
tout le monde court, c’est vraiment une drôle d’atmosphère.
Je suis arrivée en septembre 1993.
On était combien, je ne le sais pas,
je ne me souviens pas, on était quand même beaucoup,
l’avion était quand même assez pleine.
Comme cuisinière, étiez-vous seule du groupe?
Arrivée cette journée-là, oui, j’étais seule.
On était quand même, j’étais sur le camp de base et j’ai été déployée
après ça pendant à peu près un mois avec une compagnie,
mais sur le camp de base on était, je pense, 5 cuisiniers,
6-7 avec les deux boss.
Donc vous êtes quand même une jeune femme,
vous arrivez en Croatie, ça brasse, c’est pas tranquille,
est-ce que vous avez vécu un choc culturel?
Oui, un choc culturel est assez là, parce que en plus d’avoir à être
déstabilisée par ce qui se passe,
par la guerre, dans le fond, on est déstabilisés
parce que les gens avec qui on travaille ne parlent pas la langue,
ne parlent pas anglais, ne parlent pas français, ou très peu.
C’est vraiment difficile.
Dans les cuisines, la plupart des gens s’en vont,
ils font leur patrouilles, ils ne rencontrent pas vraiment personne,
nous autres on a le contact direct à la cuisine,
parce qu’on a plein de personnel civil qui travaille pour nous autres.
Les madames qui nous aident à faire à manger,
à nettoyer, à faire la vaisselle,
donc on a un contact direct avec ces gens-là qui vivent le calvaire.
Description
Madame Grandmaison raconte son premier déploiement et les circonstances houleuses de son arrivée en Croatie en 1993.
Julie Grandmaison
Madame Grandmaison est née à La Pocatière, au Québec et elle a grandi à Saint-Pacôme. Au moment de l’entrevue, elle était toujours en service avec les Forces armées canadiennes depuis 28 ans et avait le grade d’adjudant. Elle s’est enrôlée à 17 ans dans la réserve avec les Fusiliers de Rivière-du-Loup. Elle a servi entre autres en Croatie et en Bosnie et à différents endroits au Canada.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Date d’enregistrement :
- 25 juillet 2018
- Durée :
- 3:25
- Personne interviewée :
- Julie Grandmaison
- Guerre ou mission :
- Forces armées canadiennes
- Emplacement géographique :
- Balkans
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- Date de modification :