J’ai été décoré, mais je ne suis pas le seul d’ailleurs. Mon
navigateur l’a aussi été subséquemment. Et puis je vous parlais
de Saint-Germain qui avait aussi une haute décoration. Le
Saint-Germain, c’était le bomb aimer. Tous les gars que j’avais
connu au Cap-de-la-Madeleine (oui, au Cap-de-la-Madeleine), ils
avaient commencé leur cours de pilote et puis ils l’ont
abandonné. Alors c’est qu’on a été bombarder les Allemands en
support sur nos troupes qui avançaient en Normandie. Puis un
moment donné, on avait eu des malchances. Il y a certains de
nos confrères qui avaient bombardé des Canadiens dans une
carrière. Puis ça avait été pris sérieusement de la part de
tout le monde. Alors, on avait mis une switch dans les avions
que tu pouvais pas bombarder avant telle minute, pis après telle
minute, le navigateur enlevait la switch puis ainsi de suite.
Alors de toute façon, on s’en allait pour bombarder puis
Saint-Germain a dit : « Scrap, ça je veux pas, je ne suis pas
capable. Je ne vois rien. Je ne vois pas comme il faut. »
Puis « J’ai trop peur de faire une erreur. » Alors, on était
rendu nous autres, on avait déjà 30 ou 31 voyages de fait. On
était pas mal sûr de nous même. On était cocky pas mal, sans
s’en rendre compte. On ne voulait pas l’être, mais
l’habitude... Ça fait que c’est correct, on va faire le tour,
on va revenir. On avait fait un u-turn... on avait fait un
grand cercle. Puis ça on l’avait pourtant dit maintes et
maintes fois. Quand tu rapproches après ça du target, zig-zag
parce que eux autres vont tout mettre leurs guns sur toi, puis
au moment opportun quand ils savent que tu vas lâcher tes
bombes, tu vas avoir tout le kitchen sink. Puis c’est
exactement ce qui est arrivé. Alors, on l’a essuyé, puis on a
lâché les bombes pareil. On était correct pour les bombes. La
photo était bonne. Mais là quand je suis venu pour sortir de
l’autre bord, l’avion voulait pu remonter. Alors, il a fallu la
cajoler pas mal pour prendre de l’altitude puis pour retourner
de bord vers le Channel. Là, Jean me dit : « Jacques, je
comprend pas ça, le moteur extérieur à gauche, il ne chauffe
pas, mais il se traîne pas non plus. Qu’est-qu’il peut avoir ? »
Je ne le sais pas, mais j’ai dit : « S’il ne t’aide pas, il
te nuit. » Le prop, s’il tire pas, il te pousse. Il te
retient. J’ai dit : « Ferme-le. » On va fermer le moteur. On
l’met en drapeau, pour pas qu’il tire. Et on continue et puis
on vient à bout de prendre de la hauteur. On s’en va, on
reprend vers l’Angleterre. Ça marche, on est sur trois engins,
ça marche. Alors rendu... là il me dit : « Je te dis que le
moteur numéro untel, il est chaud. Il chauffe. » Puis ça fait
que je lui dis : « Ben, maintiens-le comme il faut. Sais-tu
qu’est-ce qu’il y a en arrière de ce moteur là ? As-tu vidé la
tank ? » « Oui, la tank est vide. » Au moins si un feu prend,
tu n’as pas trop de chances d’avoir une explosion. Comme de
fait, un moment donné, on n’était pas loin de la base. On était
à peu près, oh, 20 minutes, 25 minutes de la base. Un moment
donné, le feu prend. Fait que... l’extinguisher puis tu
l’éteins. Ça s’éteint. Puis, il y avait, il y avait un gars
qui était venu, un nommé Séguin, comme second dickie. Il
faisait son premier tour. Sa première expérience. On allait
toujours avec un plus vieux la première fois. Fait que dix
minutes après, le feu reprend. Là, il me crie :
« Monsieur Côté ? Monsieur Côté ? Le feu est revenu ? »
Je dis : « Oui, je sais M. Séguin, mais il a seulement un
extincteur là dedans ? ...on n’a qu’a vivre avec. » J’ai dit :
« Ne t’inquiète pas trop, le réservoir est vide. » Il aurait pu
sauter pareil, mais il y a une chance qu’il ne saute pas. Là,
j’ai demandé un priorité pour atterrir et ils me l’ont donné.
Tout le monde a attendu que j’atterrisse. Là les pompiers
étaient là, toute l'histoire. Puis un moment donné, on était
atterri et j'ai dit à l’ingénieur : « On as-tu atterri là ? »
« Oui. » J’ai dit : « J’m’en ai pas aperçu. » J'avais jamais si
bien atterri que ça. T’sais c’était le stress puis tout ça.
Mais c’était ça. Alors, c’était de là que j’ai été recommendé
pour, for devotion to duty puis tout ça. Ça a paru dans la
gazette officielle de Londres, puis, toute l’histoire. C'était le
fun. C’était... Pis la première personne que j'ai décoré moi avec
c'était ma mère. J’ai envoyé un message à ma soeur.
Puis j’ai venu à bout de maller, comment j’avais fait ça ?
En tout cas, ma mère la portait sur sa robe.
C’était... j’y devais bien ça.