Jeunesse et engagement
Des héros se racontent
Jeunesse et engagement
Mon nom est Pierre Gauthier. Je suis né à Montréal, en 1925,
en plein centre-ville, sur la rue Bishop. On est demeuré là
durant ma jeunesse et puis, plus tard, on est déménagé à
Westmount... pas la partie riche de Westmount...mais la partie
pauvre. On n'était pas des gens riches. Je parle de la partie sud
près de Saint-Henri. Et puis on est allé à l'école, assez sélect;
on est allé à Saint-Léon de Westmount. On était les pauvres de
l'école, nous autres les Gauthier. Et puis il y avait beaucoup de
gens, des étudiants qui venaient des familles très, très riches.
Il y avait dans ma classe, par exemple, il y avait Marc Bourgie
qui était... les parents étaient propriétaires des salons
mortuaires Urgel Bourgie; il avait toujours beaucoup d'argent
dans ses poches, lui. Non seulement il venait à l'école le matin
mais il avait un chauffeur privé qui venait le mener à l'école
en grosse limousine. C'était drôle de voir ce petit gars-là
sortir de cette limousine-là, à tous les matins, puis venir à
l'école. Et il y avait plusieurs gars dans ma classe... moi...
c'était des familles très à l'aise. Et puis, j'ai continué
mais, ma mère est morte, moi, en 1938; ça a été très
difficile pour ma famille parce qu'on était presque des orphelins
Puis mon père ne savait pas quoi faire avec nous. Comme ça, il
nous a tous mis dans des collèges, pensionnaires. Moi, je me suis
trouvé dans le collège pensionnaire à Longueuil, ici, chemin
Chambly, puis j'aimais pas ça. Je me suis sauvé deux,
trois fois de là. Finalement, il m'a fait entrer au Collège
Notre-Dame, en avant de l'Oratoire, où le Frère André était.
J'ai fait mes études là, moi, au Collège Notre-Dame des frères
Sainte-Croix. Puis tous les gars s'enrôlaient dans l'armée,
dans l'Air Force. Les gars savaient qu'on était pour recevoir des
lettres du gouvernement, qu'il faudrait s'enrôler éventuellement.
Comme ça, on a dit : « On va s'enrôler avant et puis on va être
capable de choisir où on va, dans l'armée, ou dans l'Air Force,
quelque chose ». Alors, je me suis enrôlé, j'avais un peu plus
que 17 ans; je suis allé à Longueuil. J'ai signé tous les
papiers, ils m'ont dit : « Veux-tu aller outre-mer ? » J'ai dit :
« Ah oui! ». Ils m'ont dit : « Tu vas faire un bon soldat, toi,
tu es en bonne condition physique, et tout ça. On va te mettre
dans l'infanterie. » . Puis, j'ai dit : « Je ne sais même pas
qu'est-ce que c'est l'infanterie.» Je ne le savais pas, non plus,
je ne savais pas la différence entre l'artillerie, l'infanterie,
tu sais, toutes ces choses-là. Il m'a dit : « Tu vas aller dans
l'infanterie. » Je l'ai appris plus tard, ce que c'était
l'infanterie, parce que c'était pas mal 'tough'.
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