Ce que j’ai pu savoir après la mission, parce que
pendant la mission ça on s’en doutait pas. C’est certain
que ça s’est tout su quand M. Dallaire est arrivé au
pays, malade, puis après ça là que les médias... il en a
parlé aux médias puis on a tout su, mais avant ça on
savait pas. Nous autres, quand moi je l’ai vu là... Je l’ai
vu deux fois. La première fois que je l’ai vu, j’ai dit...
c’est sûr que je ne lui ai pas parlé devant mes hommes
là. On s’est dit : « Il ne file pas bien, le monsieur. Le
général Dallaire file pas bien pantoute. » Et tu le voyais
là qu’il était épuisé totalement, épuisé puis vidé. Puis
ça s’est concrétisé - moi je suis pas capable de le dire là
- concrétisé quand il est arrivé au Canada. Il était
vraiment malade, il était temps qu’il parte de là. Puis, je
peux le comprendre, parce que ce que j’ai pu voir moi
dans les six mois - lui il a passé deux ans là - dans les six
mois, m’a dérangé, qu’est-ce que lui a vu c’est encore
pire que ce que j’ai pu avoir vu. Ça fait que ça briserait
n’importe quel homme qui a un coeur dans le corps.
Puis même ceux qui en n’ont pas, ils en trouveraient un,
dans le fond. Ce que j’ai pu voir moi, les Nations Unies,
ils ne l’ont pas aidé, ça c’est sûr. Mon avis personnel, ils
ne l’ont pas aidé, ils lui ont nuit. Puis je crois tout ce
qu’il dit; c’est un gars honnête. Tout ce qu’on a pu
savoir nous autres, de lui, qu’on a pu savoir de lui et de
l’avoir connu comme général, c’est un gars honnête...
peut-être même trop honnête. Oui, il a bien fait, il faut
que ça se sache puis il faut que cette organisation-là qui
est bien camouflée puis toutes ces personnes-là qui run,
en fin de compte, qui jouent avec la vie de ces peuples-
là quand ils sont en conflit, réalisent, que quand il y a un
cri d’alerte d’envoyé, de ne pas se virer la tête puis dire :
« C’est pas ma job là ! » mais « Il faut que je prenne
action. » S’il y avait eu une action... lui il attendait juste
un mot, il attendait juste let’s go. Il y avait un
contingent Belge là, il n’était pas tout seul, il y avait du
monde là, armé, puis ces contingents-là étaient prêts à
l’action. Mais comme il n’a pas.... c’est quand les...
après que les Belges se sont fait tuer, je comprends le
commandant de la Belgique de retirer ses hommes.
Devant une organisation qui n’était pas capable de
prendre une décision, ils ont été chanceux que le
Canada ait accepté d’envoyer du monde là, aussi. Ils
ont été quand même chanceux, moi, je trouve. Puis, un
général d’un autre pays, comme le général Dallaire, qui
s’en va là comme chef de soldats, de d’autres
contingents, puis qu’il a des menottes aux poignets, ça
ne devrait jamais exister, jamais. Puis cette situation-là,
ça continue, puis des guerres au Rwanda, il va en avoir
d’autres, ça c’est sûr. Ça c’est mon avis
personnel, remarque bien.