Prisonnier – 1re partie
Des héros se racontent
Prisonnier – 1re partie
Le régiment se préparait à faire une attaque. On était en
Hollande là. Et on devait déserter parce que le terrain était
tellement mouillé. C'était automne-hiver là. On était sale,
on manquait de personnel. Y'a beaucoup de soldats que les,
les régiments étaient pas mal dégarnis. Tu te battais pour les autres.
Et on n'avait pas aucune douceur. On s'était préparé à déserter.
Notre camion était prêt, avec des couvertures, avec de
l'essence, avec du stock pour faire du marché noir.
Et le commandant de peloton vient nous voir. Il dit : « On a une
attaque demain. » Moi j'ai dit à mes chums, au peloton : « On…
C'est notre dernière attaque. Si ça réussi pas, en revenant là,
on disparaît pis on s'en va en France, pis là on fera la fête
pis on fera du marché noir. » On fait l'attaque. On avait capturé
deux fermes. Y'avaient pris des Allemands comme prisonniers.
Ces Allemands-là étaient envoyés vers l'arrière, pour s'en aller dans...
débarrasser pis clairer le terrain, pis y'avaient laissé
deux blessés. Pis comme c'était la coutume, ben on avait ramassé
les montres pis l'argent que les Alle… qu'on avait pris comme prisonnier.
Mais voici que la situation est tournée là. On s'est
fait pincer par les Allemands. On était dans un sous-sol de
maison, à parler avec les fermiers, et puis y'a une estafette,
un messager qui arrive pour nous dire que leur peloton était
contre-attaqué. Presqu'aussitôt qu'y'a eu dit ça là, y'est
arrivé un Allemand d'à peu près six pieds quatre pouces dans la
porte avec une grenade dans ses mains pis là : « Rendez vous. »
On s'est rendu comme prisonnier. Pis leurs deux hommes étaient là.
« Qu'avez-vous fait des montres de ces messieurs ? »
Personne ne répond. Alors on est cordé le long d'une grange.
Lui, y'a une amanchure de mitrailleuse avec une ceinture de
balles, y'avait peut-être une couple de cents balles sur lui.
Pis là il dit : « Celui que… ceux qui ont pris les montres des
deux Allemands là, vous allez les rapporter. » Personne parle.
Tu penses à ta mère dans ce temps-là. Finalement y'a personne…
y'ont pas rien trouvé, alors cet Allemand-là nous a dit :
« Vous pouvez vous asseoir et fumer si vous avez des cigarettes. »
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