Érigé par le Gouvernement canadien, ce monument commémore une attaque par les forces françaises et celles des Première nations sur les troupes britanniques, stationnées à cet endroit.
En juin 1746, les autorités françaises du Québec ont envoyé Jean-Baptiste-Nicolas-Roch Ramezay et 600 Canadiens à Chignecto, auxquels se sont joints 300 Malécites, sous le commandement du lieutenant St. Pierre, ainsi qu’un groupe important de Micmacs, sous les ordres de Joseph Marin. Les troupes ont pris part aux attaques sur Louisbourg et Annapolis Royal, de concert avec la marine française. Les Anglais de la Nouvelle-Angleterre ont alors renforcé leur avant-poste à Annapolis Royal et, en janvier 1747, une force d’environ 500 hommes en provenance du Massachusetts était établie à Grand Pré.
Le 23 janvier 1747, quelques centaines de Canadiens en raquette ont pris la route en direction de Grand Pré. Ils se sont arrêtés à mi-chemin entre Piziquid et Grand Pré, et Nicholas Antoine Coulon de Villiers, l’officier de Ramezay, a divisé ses hommes en dix unités : sept unités de 25 hommes et une unité de 50 hommes (dirigées par Villiers), une unité de 40 hommes (dirigée par de la Corne, second de Villiers), ainsi qu’une unité de 21 hommes (dirigée par Lotbinière).
Au petit matin du 10 février, les bourrasques de neige aveuglantes ont dérouté les Français et leurs guides acadiens, de sorte que les pelotons ne sont pas parvenus à la maison respective qui leur avait été assignée. Villiers, qui dirigeait le peloton le plus important, devait attaquer la maison de pierres, mais lui et son peloton ont abouti devant la maison que Lotbinière et son plus petit groupe devaient attaquer. En sept minutes, ils avaient réussi à prendre le contrôle du premier avant?poste. Vingt et un Anglais ont été tués et trois ont été faits prisonniers.
Villiers a été blessé, mais son peloton s’est joint à celui de Lotbinière et, ensemble, ils ont continué les attaques contre les maisons restantes pour capturer les Anglais qui les occupaient. La maison de pierres devait être la dernière. La visibilité était encore très mauvaise et aucune des parties n’arrivait à voir si les hommes qui circulaient étaient des amis ou des ennemis. La neige jusqu’à la taille rendait les déplacements difficiles. Sur les quelque 300 Français, 22 ont été tués ou blessés et environ 50 se sont enfuis. Chez les Anglais, plus de 75 officiers et soldats ont été tués, 60 ont été blessés et 69 ont été faits prisonniers. Au petit matin du 11 février, c’était l’impasse. Il a été convenu de cesser les tirs jusqu’à 9 h le lendemain matin. Le 12, les Anglais ont été autorisés à retourner à Annapolis Royal, mais il leur était interdit de porter des armes sur la baie au cours des six prochains mois.
Ce soir-là, les Anglais ont reçu les officiers français à souper. Des membres des communautés acadiennes environnantes se sont joints à eux dans la soirée. Le jour suivant, le jour de la Saint-Valentin, était un jour de congé officiel et les Anglais de la Nouvelle-Angleterre sont sortis de la maison de pierres en marchant deux par deux le long d’un couloir formé par deux rangées de soldats, avec tambour battant et drapeaux flottants.