Le 15 juin 1745, trois chaloupes de la Nouvelle-Angleterre interceptèrent une troupe combinée de Français, de Hurons et de Mi’kmaqs, qui tentaient de quitter Tatamagouche avec des provisions destinées à la forteresse de Louisbourg. La victoire britannique qui s’ensuivit lors de ce qu’on appela par la suite la « bataille de Tatamagouche » fut un autre exemple de la suprématie navale britannique en Amérique du Nord. Cet événement démontra l’incapacité des navires français à approvisionner leurs propres forts en Nouvelle-France. Pour les Français, cette défaite contribua directement à la chute de la forteresse de Louisbourg et à l’échec final de leurs colonies au Québec et en Acadie.
En raison notamment de l’importance stratégique de la région de Tatamagouche en tant que centre acadien, les Britanniques décidèrent d’y entreprendre l’expulsion des Acadiens. L’officier choisi pour cette tâche, Abijah Willard, arriva à Tatamagouche avec 100 soldats le 14 août 1755. Willard donna aux Acadiens l’ordre de rassembler tous les habitants masculins à 9 heures le lendemain. Le 15 août, une fois ceux-ci réunis à son quartier général, Willard les fit immédiatement emprisonner. Les Britanniques brûlèrent ensuite le village, y compris la chapelle. Le lendemain matin, le village était en ruines et les hommes avaient été emmenés à pied, laissant derrière eux femmes et enfants. Pendant les seize années suivantes, la région resta inoccupée, et les forêts commencèrent rapidement à empiéter sur les terres cultivées des Acadiens. La seule activité de cette époque est la construction du Fort Francklin à Bayhead en 1768. Le fort fut cependant rapidement abandonné, la présence des troupes britanniques étant nécessaire ailleurs.
(Avec l’aimable autorisation du village de Tatamagouche)