Cette exposition permanente souligne le courage et la ténacité du capitaine O’Kelly et du sergent Bouchard pendant la Première Guerre mondiale. Le sgt Bouchard a reçu la Médaille militaire et la Médaille de conduite distinguée pour ses actions d’éclat à Passchendaele.
Le capt O’Kelly a obtenu la Croix de Victoria et la Croix militaire, de même que la Médaille de guerre et la Médaille de la victoire. L’extrait suivant est tiré de Daily Orders, Part II, daté du 23 janvier 1918 : 8.
Honneurs et récompenses Lt (capt p.i.) C.P.J. O’Kelly (MC) Remise de la CROIX DE VICTORIA Pour bravoure exceptionnelle dans un combat au cours duquel il a mené sa compagnie avec un talent et une détermination extraordinaires. Après l’échec de l’attaque originale et le lancement d’une nouvelle attaque par les deux compagnies de son unité, le capt O’Kelly a avancé son commandement de 1 000 verges sous un feu nourri, sans la protection d’un barrage d’artillerie. Après avoir pris d’assaut les positions ennemies au sommet de la colline, il a organisé et dirigé personnellement une série d’attaques contre des casemates, sa compagnie en prenant six à elle seule, faisant 100 prisonniers et s’emparant de dix mitrailleuses. Plus tard dans l’après-midi, sous la direction de ce valeureux officier, sa compagnie a repoussé une contre-attaque puissante et fait d’autres prisonniers, avant de capturer au cours de la nuit un commando ennemi composé d’un officier et de dix hommes, et de saisir une mitrailleuse. Toutes ces actions d’éclat sont imputables en bonne partie au courage, à l’audace et aux capacités exemplaires du capt. O’Kelly. (Source : Suppl. no 30471 de la London Gazette, en date du 11-1-18)
(Texte d’un article de journal paru en 1922) Les étendues sauvages du Nord peuvent être aussi dangereuses que la guerre par Rob Neff :
Le 11 novembre est le jour du Souvenir. C’est le moment de faire renaître de la fine couche des cendres de l’Histoire les grandes guerres de notre siècle et de réfléchir un instant à la brutalité de l’homme pour l’homme. C’est l’heure du récit des actes de bravoure qui ont produit, sous le feu ennemi, une race d’hommes particulière appelée « héros ». Christopher Patrick John O’Kelly était un de ces hommes.
Son histoire, que raconte Ken Johnston, commence au printemps 1916 quand, jeune lieutenant, il se joint au 144e bataillon du Royal Winnipeg Rifles. Un an plus tard, il s’embarque pour l’Angleterre avec son unité. Quand le 144e est placé en service de réserve, O’Kelly passe au 52e bataillon du Lake Superior Regiment. Moins d’un mois plus tard, les membres du 52e enfoncent jusqu’aux genoux dans la boue des champs de bataille de France.
La crête de Passchendaele était, à l’automne 1917, un objectif hautement convoité par les Allilés. Leur avance était cependant ralentie par une pluie incessante qui inondait les tranchées et transformait les cratères d’obus en étangs. Il en allait ainsi le vendredi 26 octobre, à l’aube, quand fut lancé l’assaut final. Un vent mordant, accompagné de giboulée, fouettait le visage des troupes tandis qu’au-dessus de leurs têtes, des avions ennemis compliquaient la tâche déjà ardue des colonnes alliées.
Les Canadiens, pour lesquels le 52e jouait un rôle de soutien, avaient été chargés de prendre l’éperon de Bellevue, une saillie située à l’ouest de la crête principale. La chose fut loin d’être facile, cette position étant âprement défendue par des batteries de mitrailleuses disposées dans les greniers d’un village abandonné. La route transversale la plus proche était parsemée de casemates ennemies. À 8 h 30 du matin, au moment où tombaient les premières victimes d’un combat acharné, le 52e fut lancé au plus fort de la bataille. Le lt O’Kelly était responsable de la compagnie « A », chargée d’enfoncer un barrage allemand vers le haut de la crête. En arrivant au sommet de la colline, elle prit par surprise une unité allemande en train d’attaquer le flanc d’un bataillon canadien, le 43e. O’Kelly et ses hommes transformèrent cet assaut allemand en retraite en bonne et due forme vers le bas de la crête. La compagnie « A » se glissa ensuite sous le tir des mitrailleuses allemandes et détruisit une demi-douzaine de casemates d’où les tireurs embusqués continuaient à mettre en pièces les colonnes canadiennes qui avançaient.
Plus tard dans l’après-midi, O’Kelly et ses hommes repoussèrent une solide contre-attaque. Puis, pendant la nuit, ils capturèrent un commando ennemi. À la fin de la bataille, l’éperon de Bellevue et Passchendaele furent enlevés à l’ennemi. La compagnie « A » du 52e bataillon avait pris neuf officiers, 275 hommes et 21 mitrailleuses. Le lieutenant O’Kelly fut cité pour « bravoure exceptionnelle au combat » et reçut la Croix de Victoria.
La fin de l’histoire de Christopher O’Kelly est entourée d’un voile de mystère. En 1922, il se lança dans la ruée vers l’or dans la région de Red Lake. Le 14 novembre, lui et un autre prospecteur du nom de Bill Murray arrivèrent au poste de Pine Ridge, sur la baie d’Hudson (rebaptisé plus tard Gold Pines), à la pointe ouest du lac Seul. Après avoir fait des provisions, ils partirent en canot vers leur camp d’hiver, au lac Bluffy, malgré une tempête qui menaçait. Personne ne les revit jamais vivants. Le printemps suivant, leur canot fut retrouvé sur un récif près de l’île Goose. Le corps de Murray s’était échoué sur la rive non loin de là, mais on ne retrouva jamais la trace de O’Kelly. Après avoir survécu aux pires traitements qu’avaient pu lui infliger les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, il disparut en 1922 sans laisser de trace, sur un lac agité du nord de l’Ontario.