Mon service au sein des Forces armées canadiennes
Les rêves de Mélanie (Mel) St-Jean l’ont menée vers une carrière militaire fructueuse. De nombreuses façons, en tant que mère et propriétaire d’entreprise, elle a également connu du succès dans sa vie après le service. Pourtant, cette femme vétéran de l’armée et de la marine avait l’impression qu’il lui manquait quelque chose. Une rencontre avec d’autres vétérans lui a redonné l’envie de réaliser d’autres rêves.
Née à Granby, au Québec, et y ayant grandi, elle s’est enrôlée dans les forces armées en 1991 à l’âge de 17 ans. Après un entraînement d’un an en Colombie-Britannique, elle a été affectée à Halifax a bord du NCSM Nipigon, avant de suivre une formation de technicienne électronique à Rimouski, au Québec. En 1994, alors qu’elle était affectée à Terre-Neuve, elle a donné naissance à son premier fils, Maxim, et s’est mariée en 1995. Deux ans plus tard, elle a eu un deuxième fils, Alexandre, et a décidé de rester à la maison avec ses garçons. Elle a été libérée en 1998.
Ambitieuse, elle a suivi un programme de formation de deux ans pour devenir assistante dentaire. Elle est revenue dans les FAC en 2002, cette fois dans l’armée en tant que technicienne médicale. Son prochain arrêt fut à Shilo, au Manitoba. Elle dit que ce fut la période la plus gratifiante de sa carrière, car elle travaillait au centre médical de la base, ce qui a contribué à tester et à améliorer ses connaissances et ses compétences dans une grande mesure.
Toutefois, les choses sont devenues difficiles à la maison après que l’un de ses fils a reçu un diagnostic médical. En conséquence, sa famille et elle ont décidé de retourner à Québec, où elle a été affectée au 5e Régiment d’artillerie légère du Canada (5 RALC) à Valcartier.
On apprend vraiment le véritable sens de l’esprit d’équipe et du soutien dans l’armée
En 2005, lors d’un défilé d’entraînement de 13 km au cours duquel elle portait un sac à dos d’un poids de 56 livres, elle a subi une blessure au dos nécessitant un traitement. Elle a été libérée des FAC pour raisons médicales en 2008, et elle n’avait alors pas l’intention d’y retourner.
Adaptation à la retraite
Face aux difficultés liées à ses problèmes de dos, elle a cherché des remèdes naturels à base de plantes. Sa passion l’a menée à démarrer sa propre entreprise, et peu après elle lançait « Peau de Fleurs », spécialisée dans les produits naturels et la phytothérapie. Elle a exploité son entreprise pendant cinq ans avant de la fermer et de rediriger ses efforts pour soutenir ses fils pendant la période difficile de l’adolescence.
En 2010, elle a entamé une carrière d’adjointe à la direction au MDN grâce à la Loi sur l’embauche des anciens combattants. Elle est reconnaissante d’avoir bénéficié de ce service de transition de carrière parce qu’il a facilité sa transition à titre d’ancienne membre des Forces armées canadiennes dans la fonction publique. « Je me sens soutenue parce que cela a éliminé beaucoup de stress que j’aurais eu autrement », dit-elle. Le retour au travail a toutefois représenté un ajustement. « Les gens ne se rendent pas compte à quel point cela peut être accablant et intimidant pour nous, même nos familles en paient le prix et nous tiennent responsables à notre retour, et nous sommes confrontés à tellement de défis et de culpabilité… encore aujourd’hui, je porte une partie de ce fardeau. »
Elle a finalement réussi à s’adapter et à accueillir la stabilité de son emploi. Toutefois, « il me manquait quelque chose ». Elle cherchait encore ce qu’elle avait laissé derrière elle dans sa carrière militaire : le devoir patriotique, le lien avec les camarades soldats et la signification rattachée à son travail. « On apprend vraiment le véritable sens de l’esprit d’équipe et du soutien dans l’armée, et le renforcement de l’esprit d’équipe est à un autre niveau, et en plus la structure et le lien que nous avons entre soldats sont vraiment uniques », dit-elle.
Dans l’armée, quand quelqu’un te dit ‘J’assure tes arrières’, cela veut vraiment dire quelque chose parce que l’état d’esprit est différent, ça fait partie de notre formation et de ce que nous sommes, et c’est une question de vie ou de mort.
L’amitié et la confiance qu’elle a découvertes dans les forces ont été difficiles à retrouver dans sa vie civile. « Dans l’armée, quand quelqu’un te dit ‘J’assure tes arrières’, cela veut vraiment dire quelque chose parce que l’état d’esprit est différent, ça fait partie de notre formation et de ce que nous sommes, et c’est une question de vie ou de mort. »
Retraite de deux jours Transition Lifeshops
En février 2019, elle a participé avec l’une de ses amies à une retraite Transition Lifeshops de A New Dynamic Enterprise à Lac Beauport, au Québec. Dès le premier moment, elle a su que l’énergie était bonne. « C’est ce que je cherchais, c’est ce dont j’ai besoin, c’est ce qui me manquait », raconte-t-elle. Même si elle n’avait aucune attente, elle a été agréablement surprise. L’ambiance particulière au sein du groupe de femmes était très familière. Cela ressemblait au lien militaire qu’elle avait avec ses camarades soldats, parce qu’une certaine confiance a été établie dès le départ.
Elle s’est sentie à l’aise et a profité de sa retraite, car les deux journées étaient remplies d’activités préétablies par l’accompagnatrice et conseillère. Il y a eu de grands moments de conversation et de partage : « Ce fut très thérapeutique pour les huit d’entre nous d’être en mesure d’échanger, de laisser tomber notre garde et de nous montrer vulnérables. » Elle a profité de l’occasion pour s’ouvrir au sujet de son divorce. « Je n’en avais jamais vraiment parlé et c’était toujours un sujet très sensible pour moi, alors ça m’a fait du bien de partager ma douleur sans craindre le jugement. »
Lors de la retraite, l’accent est mis sur l’autonomie en matière de santé et sur l’importance de rester soi-même. Elle a appris de nouvelles stratégies d’adaptation pour mieux gérer le stress et composer avec la douleur découlant de son divorce, tout en nouant des amitiés saines sur lesquelles elle peut encore compter à ce jour. La confiance qu’elle a trouvée au sein du groupe lui a permis de s’ouvrir plus librement et de commencer à guérir afin de rebâtir sa vie en tant que femme célibataire.
Lors de la retraite, l’accent est mis sur l’autonomie en matière de santé et sur l’importance de rester soi-même.
Aujourd’hui, elle est plongée dans ses études à l’Université Laval grâce au soutien de l’Allocation pour études et formation et elle travaille à temps plein pour la fonction publique. L’an prochain, elle obtiendra un diplôme multidisciplinaire double en révision professionnelle et en ethnologie. Elle est plus motivée que jamais à cocher des éléments sur sa liste de choses à accomplir. Sa vision de la vie est de viser haut et de s’entourer des bonnes personnes. Une fois que la pandémie sera maîtrisée, elle espère voyager au Maroc pour trekker dans le désert avec deux des femmes de son groupe de retraite. Elle a trouvé le bon groupe et elle ne le laissera pas tomber!
Remarque : Les ateliers Transition Lifeshops sont des retraites de deux jours ciblant les femmes (les femmes vétérans, les militaires sur le point d’être libérées et les épouses ou partenaires de vétérans). Les participantes doivent se soumettre à une série d’exercices leur permettant d’accueillir la transition comme une merveilleuse occasion de croissance. L’organisation A New Dynamic Enterprise, située à Edmonton, a reçu du financement à deux reprises dans le cadre du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille pour ses ateliers Transition Lifeshops