Laurie White est une ancienne agente de la Gendarmerie royale du Canada qui a une histoire puissante à raconter.
Elle l’a donc racontée dans un livre. 10-33: An Officer Down Steps Back Up est le récit du parcours de Laurie White : le travail acharné qu’elle a accompli pour reprendre sa carrière à la GRC, retourner dans sa communauté et redevenir elle-même après avoir perdu une jambe dans l’exercice de ses fonctions.
Laurie a partagé son histoire pour montrer la personne derrière l’uniforme, pour accroître la sensibilisation, l’empathie et la compassion envers les défis de santé physique et mentale que posent les handicaps, et pour offrir de l’espoir.
Le parcours de Laurie White
Laurie est née à Brockville, en Ontario. Patineuse artistique et athlète de longue date, elle a obtenu un baccalauréat en éducation physique de l’Université Brock, puis une maîtrise ès arts (études sportives) de l’Université d’Ottawa.
Après l’obtention de son diplôme, Laurie s’est retrouvée à faire de la suppléance à temps partiel, en plus de donner des cours de conditionnement physique et des entraînements de patinage et d’occuper un emploi dans un bar pour payer les factures tout en vivant chez ses parents.
Laurie se sentait frustrée par ses perspectives de carrière. Un jour, au YMCA local, elle a rencontré un agent de la GRC qui lui a suggéré d’envisager une carrière au sein de son organisation.
Après un processus de sélection rigoureux, Laurie est allée à la Division Dépôt de la GRC à Regina, en Saskatchewan, pour commencer sa formation de six mois et demi pour devenir agente.
En mars 1996, Laurie a été affectée à Kitimat, en Colombie-Britannique, une communauté d’environ 10 000 personnes. « Kitimat est magnifique. C’est au bord de l’océan, entouré de montagnes, avec beaucoup de neige, se souvient-elle. J’ai rencontré tellement de personnes merveilleuses pendant la période que j’ai passée là-bas. »
Le point de bascule
Deux ans et demi après le début de son affectation, le 27 novembre 1998, Laurie a été blessée par balle à la jambe par un suspect alors qu’elle exécutait un mandat de perquisition avec deux autres agents. Ceux-ci l’ont mise en sécurité et après huit heures d’opération, les médecins ont amputé la partie inférieure de sa jambe droite.
Mais Laurie n’a pas abandonné pour autant. Après dix mois difficiles de physiothérapie quotidienne intense, elle a repris ses fonctions à temps plein à Kitimat. Pour ce faire, Laurie a dû prouver qu’elle était apte au service. Elle a notamment dû faire un examen d’activité physique avec une simulation de poursuite à pied, des tests de recours à la force, une accréditation relative aux armes à feu et un examen de conduite. Elle les a tous réussis et est, à ce jour, considérée comme la seule agente de la GRC au Canada à avoir repris pleinement ses fonctions avec une jambe artificielle.
Offrir de l’espoir
Peu de temps après son retour au travail à Kitimat, les membres d’un groupe communautaire ont demandé à Laurie de venir leur parler du bien-être des femmes. « Je ne savais pas ce qu’ils voulaient que je leur dise, admet-elle. Mais j’étais fière de pouvoir marcher à nouveau, et j’ai parlé de ce que j’avais vécu l’année précédente. »
Cette expérience l’a menée à une nouvelle carrière en tant que conférencière. Depuis cette première conférence en 1999, elle s’est exprimée devant divers groupes aux quatre coins du Canada, y compris les cadets de la GRC à la Division Dépôt où elle est devenue policière. « Les gens veulent que je leur raconte mon expérience. Je reçois beaucoup de questions au sujet de la douleur et des limitations physiques. »
Elle est déménagée dans la vallée de l’Okanagan en 2001, mais en 2003, Laurie s’est rendu compte qu’elle devait faire un changement. « La réalité physiologique est que, lorsque vous êtes amputé, votre dépense énergétique change. Il faut 35 à 40 % plus d’énergie pour faire les mêmes choses. Je devais m’y adapter. »
Laurie a décidé de quitter les services policiers, ce qui a été « une pilule difficile à avaler », et d’assumer de nouveaux rôles au sein de la GRC. En 2006, elle est déménagée à Surrey, en Colombie-Britannique. Après avoir pris de nouveaux arrangements avec la GRC, elle a notamment travaillé comme agente de liaison dans les écoles secondaires, comme formatrice au programme D.A.R.E., au sein du Groupe de travail sur l’écrasement de l’avion d’Air India, comme agente de relations avec les médias et comme planificatrice de la sécurité aux Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010. « J’ai vraiment aimé faire ce travail », souligne-t-elle.
En janvier 2020, Laurie a pris sa retraite de la GRC et a terminé l’écriture du récit sur lequel elle travaillait depuis des années. Elle l’a intitulé 10-33: An Officer Down Steps Back Up, faisant référence au code radio de la police pour indiquer qu’un agent a été blessé.
Le cheminement intérieur
L’une des leçons les plus importantes que Laurie a apprises est l’importance de prendre soin de soi. Bien que son retour à une carrière à la GRC ait inspiré de nombreuses personnes, « j’ai été aux prises avec une dépression intermittente et j’ai eu des pensées suicidaires ». En tant que personne souffrant d’un état de stress post-traumatique, elle consulte régulièrement un thérapeute pour prendre soin d’elle-même.
Dans ses conférences partout au pays, Laurie encourage les gens à prendre soin de leur santé physique et mentale. « La clé est de développer la conscience de soi et d’élaborer des stratégies individuelles pour éviter de se retrouver dans un mauvais état d’esprit. »
« Je reçois beaucoup de questions sur le pardon. Est-ce que je pardonne à l’homme qui m’a tiré dessus? La réponse est non. »
« Auparavant, c’était difficile pour moi, car l’idée répandue est que le fait de ne pas pardonner à quelqu’un constitue un fardeau pour soi. Je ne suis pas d’accord avec cette théorie. Mais je ne suis ni amère ni rancunière. Pour moi, le pardon n’était pas la clé pour trouver la paix. »
10-33, le récit de Laurie racontant comment elle a repris sa carrière après ce que beaucoup considéreraient comme une blessure qui a changé sa vie, est une partie importante de son parcours.
« J’ai écrit mes mémoires pour de nombreuses raisons : pour offrir de l’espoir, diminuer le jugement et montrer que nous ne sommes pas seuls, qu’il existe des ressources disponibles et que nous nous devons, à nous-mêmes et à nos familles, de nous battre pour ce dont nous avons besoin. »