Depuis 2008, Anciens Combattants Canada (ACC) rembourse les vétérans pour la consommation de cannabis à des fins médicales (CFM) s’ils ont une autorisation médicale et s’ils achètent le CFM d’un vendeur détenant un permis fédéral. À ce jour, nous avons peu de renseignements sur ce groupe de vétérans et il n’y a pas d’importantes données probantes sur les répercussions et l’efficacité du CFM. Ce projet de recherche a été appuyé par ACC dans le cadre de sa stratégie de recherche sur le CFM visant à combler ces lacunes dans les connaissances.

Sur quoi porte cette recherche?

La recherche a examiné les connaissances scientifiques actuelles sur les facteurs liés à la consommation de cannabis médical chez les vétérans. Elle a également examiné les facteurs liés aux autorisations de CFM et à la quantité chez les clients d’ACC.

Quelle était la méthode de la recherche?

La recherche était divisée en trois parties :

1. Une analyse documentaire qui résume les données probantes scientifiques actuelles sur les facteurs liés à la consommation de cannabis médical chez les vétérans.
2. Une étude de faisabilité qui démontre l’utilité du couplage des données d’ACC et des procédures d’utilisation de ces données aux fins de recherche, y compris une étude descriptive sur l’utilisation des données d’ACC pour résumer la population des vétérans canadiens qui consomme du CFM.
3. Une étude épidémiologique qui examine le profil complexe des caractéristiques sociodémographiques, économiques, relatives à la santé et liées au service militaire qui sont associées à la quantité de cannabis médical autorisée par ACC prescrite pour les vétérans canadiens de la Force régulière (4 à 10 grammes comparativement à 3 grammes ou moins).

Pour assurer la protection des renseignements personnels, la chercheuse n’a reçu d’ACC que des fichiers de données anonymisées; aucun renseignement personnel ou permettant d’identifiant des personnes n’a été transmis.

Quelles sont les conclusions de la recherche?

Partie 1:

Selon l’examen de la recherche existante, la majorité des études ont été effectuées aux États-Unis. Des éléments probants donnent à penser que la consommation du CFM chez les vétérans est associée aux facteurs suivants :

• l’état matrimonial (célibataire et mauvaise relation matrimoniale);
• le faible niveau de scolarisation;
• la situation économique (statut inférieur, difficultés financières et chômage);
• la race, l’ethnicité ou le statut de minorité.

Partie 2:

En général, pendant la période d’étude (de 2007 à 2020) :

• la quantité quotidienne moyenne autorisée était de 3,6 grammes;
• la quantité quotidienne moyenne autorisée diminuait avec le temps, la moyenne la plus élevée étant de 6 grammes par jour en 2014 et la moyenne la plus basse étant de 2,7 grammes par jour en 2020*;
• le pourcentage de vétérans ayant une autorisation de consommer une quantité quotidienne plus élevée diminuait également avec le temps* :
  • 30,2 % autorisés pour 4 à 9 grammes par jour en 2014 comparativement à 4,4 % en 2020;
  • 29,1 % autorisés pour 10 grammes par jour en 2014 comparativement à 0,6 % en 2020.

*Cette diminution découle de la révision de 2017 de la politique d’ACC qui exigeait une approbation médicale supplémentaire d’un spécialiste pour les autorisations de plus de 3 grammes par jour.

Selon l’analyse des 13 173 vétérans canadiens de la Force régulière ayant une autorisation active de consommer du CFM en date du 31 décembre 2020 :

• l’âge de ceux-ci allait de moins de 30 ans à plus de 65 ans, la plupart d’entre eux étant dans la quarantaine (22,4 %) ou dans la cinquantaine (37,6 %);
• plus de la moitié d’entre eux étaient mariés ou en union de fait (54,8 %);
• la plupart avait des autorisations pour 3 grammes par jour ou moins (79,8 %);
• 5,4 % d’entre eux étaient autorisés à consommer une quantité maximale de 10 grammes par jour.

Partie 3:

Parmi des 9 104 vétérans canadiens de la Force régulière libérés depuis 1998 ayant une autorisation active de consommer du CFM en date du 31 décembre 2020, une quantité quotidienne autorisée plus élevée (définie comme étant de 4 à 10 grammes par jour) de CFM était principalement observée chez les vétérans qui étaient :

• des hommes;
• plus jeunes;
• recevaient des avantages pour des problèmes de santé mentale seulement ou en combinaison avec des affections musculosquelettiques ou auditives; ou des avantages pour des affections musculosquelettiques et de l’hypoacousie;
• participaient actuellement à des services de réadaptation d’ACC;
• avaient été libérés des Forces armées canadiennes involontairement;
• servaient dans l’Armée (c.-à-d. l’armée de terre) au moment de la libération; et
• libérés à des grades inférieurs.

Les sources

Mejia, A. C. (2022). Étude des facteurs liés à la consommation de cannabis médical chez les vétérans (T). Université de la Colombie-Britannique. https://open.library.ubc.ca/collections/ubctheses/24/items/1.0412788.

Mejia A. C., Koehoorn M, Hall A, Davies H, Van Til L. Investigating factors associated with medicinal cannabis authorization dosage among military Veterans in Canada. Journal of Military, Veteran and Family Health 2023 9:5, 56-70. https://jmvfh.utpjournals.press/doi/full/10.3138/jmvfh-2022-0080