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L’Afrique

Des héros se racontent

Transcription
On a passé une nuit là parce que nos armes ont été saisies par les officiers qui ne voulaient plus nous les redonner. Ça fait qu’il y a eu, je sais que le patron, il a fallu que, le major, il a fallu qu’il négocie pour qu’on puisse récupérer nos armes. Puis après ça, ça a marché, on a pris un flight militaire, un Hercule. Le Hercule là, ça a brassé quelque chose de rare. Je peux dire que 75% qui étaient dans l’avion ont été malades, parce que le petit Japonais qui était à bord, qui pilotait l’avion, l’officier, il a fait un vol tactique sur toute l’Afrique, puis l’Afrique c’est montagneux. Puis dans un Hercule, sur un vol tactique, tiens ta tuque, ça brasse ! Puis je ne savais jamais, je ne pensais pas qu’un avion Hercule pouvait être aussi solide. Tout ce que ça faisait, c’était ça, puis ça, puis ça, puis tu es dans un tuyau, tu vois rien. Tout le monde a été malade, même le staff, sauf moi. Non, non, j’ai été malade comme toute la gang. On est tous sorti de là avec nos petits sacs dans nos mains. C’était un vol tactique, puis il s’est expliqué quand on... un peu plus tard, on a su, parce que c’est qu’il avait, le pilote avait eu vent que possiblement il y avait des missiles solaires. Puis c’est la façon qu’il faut qu’il pilote, les pilotes de guerre, surtout un Hercule qui est un pilote de basse altitude. Parce que c’est pas pressurisé ça, tu peux pas monter très haut. Ça fait qu’il n’a pas pris de chance, il nous a brassés pendant 28 minutes de temps. Tout le monde était un petit peu stressé de savoir quand on est débarqué. On est débarqué de la tactique; là il a fait un atterrissage tactique, le pilote. Ça veut dire qu’il n’a pas arrêté les moteurs; les moteurs roulaient quasiment au fond. Il a juste atterri, c’était go, go, go, go, fallait sortir de là en courant. Puis il y avait quelqu’un qui était accroupi qui nous faisait garder derrière des gros, des gros morceaux de ciment, fallait se mettre à l’abri. Puis de la minute que le dernier a débarqué, lui il a ouvert les moteurs et il est parti. Puis là ils nous ont donné nos chargeurs - on n’avait pas de balles là - ils nous ont donné nos chargeurs puis nos munitions, il fallait loader nos quatre chargeurs. Puis ça a été un petit show ça, un petit peu. Bien, faut bien s’amuser dans l’armée de temps en temps. Ça été un petit show un petit peu pour stresser les gens. Quand on s’est levé, il y avait un paquet d’Américains là en T-shirt, le sourire fendu jusqu’aux oreilles; ils riaient de nous autres. Parce que l’aéroport était sécuritaire, l’aéroport était sécurisé par l’armée américaine. Mais ce qui frappe, c’est la chaleur. Puis là l’odeur, c’est sûr, ça ne sentait pas bien bon quand on est arrivé là. C’était vraiment l’odeur avec la chaleur, c’était vraiment suffocant. Si vous allez vous promener à côté des conteneurs à déchets d’un restaurant chinois à Montréal, vous allez comprendre. Ça sentait pas bon. Quand on est arrivé à l’aéroport, on voit pas grand chose, c’est sûr. L’aéroport, c’était barricadé, c’est des clôtures, c’est loin, puis quand on est sorti de là, c’est là qu’on a vu vraiment qu’il y avait eu la guerre. La première des choses, on ne voyait personne. On n’a pas rencontré un véhicule sur le chemin. Tout ce qu’on voyait c’est des carcasses de véhicules troués de balles. Bien, des fois, c’était sur le top et puis, même, un moment donné, le véhicule était arrêté puis le gars il a dit : « Il faut que j’aille voir si c’est pas miné. » Il a débarqué, le chauffeur, puis il est allé vérifier si le véhicule était pas miné, parce qu’il avait été viré. Le temps qu’il avait passé, le véhicule était sur le top mais il avait été viré en travers du chemin. Ça fait qu’il voulait savoir s’il n’y avait pas de traquenard. Déjà là, on sentait, whoops, ça ne sera pas une mission paisible. On le sentait déjà. Déjà là, ça avait mis un petit peu de... tu sais, on a parlé beaucoup là, on avait tous parlé puis on a dit : « Oh, il va voir si ça pas été piégé. » Ça veut dire ce sera pas une mission facile, on le savait déjà.
Description

L’arrivée en Afrique de M. Paulin, pour sa mission de paix au Rwanda, n’a pas été de tout repos. Il nous explique pourquoi il a su, dès son arrivée, que ce ne serait pas facile.

Étienne Paulin

Étienne Paulin est né à Bas-Caraquet, au Nouveau-Brunswick. Issu d’une famille de 8 personnes, il a 1 frère et 4 soeurs. À 19 ans, il s’enrôle dans l’armée et entretient le rêve de devenir conducteur de tanks; rêve qu’il réalise au sein du 12e RBC de Valcartier (Québec). Après plusieurs années de services (pour l’armée canadienne et les casques bleus), il est envoyé au Rwanda pour sa quatrième mission de maintien de la paix. Il arrive à Nairobi juste après le conflit génocide opposant les Tutsis et les Hutus. Il y vit six mois ardus qui le marqueront à vie. Pourtant, malgré son stress post-traumatique, il ne regrette rien de son service militaire et des leçons qu’il en a tirées.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
4:17
Personne interviewée :
Étienne Paulin
Guerre ou mission :
Forces armées canadiennes
Emplacement géographique :
Afrique
Campagne :
Rwanda
Branche :
Armée
Unité ou navire :
12e Régiment blindé du Canada

Droit d’auteur ou de reproduction

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