On avait une mission à faire, ça fait que le commandant
nous a brassés un petit peu, pour nous réveiller là. Puis
ça a commencé en arrivant. Première des choses, lui,
quand il a vu qu’est-ce qu’il y avait sur le plancher, il a
dit : « Messieurs, on reste pas icitte à soir. On move. »
Puis là, il m’a dit, il dit : « Sergent Paulin, je te donne
comme mission, dans le temps que j’essaie de trouver
le poste de commandement... » il dit «... de nous
trouver des véhicules. » Il y avait une flotte de
véhicules des Nations Unies qui appartenait au
Bangladesh, mais c’était les Ghanéens qui en prenaient
soin. Puis quand j’étais pour aller voir un véhicule,
c’était drôle, le Ghanéen m'arrête, puis il me dit... C’est
ça, au début il me parle, ils parlent pas mal tous français
les Ghanéens, ça parle français aussi, puis là les
Rwandais aussi. Ça fait qu’il me parle en une langue
que je ne comprends pas, qui était soit le swahili ou le
ghanéen. Puis là j’essaie de lui expliquer en anglais... en
pensant, moi qu’il parlait anglais, qu’est-ce que je
voulais... puis un moment donné là - c’est sûr, ils sont
armés eux autres - puis... quand il y a une mission, eux
autres aussi, c’était de garder ces véhicules-là. Ça fait
que là, il a réussi à me trouver quelqu’un qui parlait en
anglais. Puis un moment donné, je les entends parler
ensemble et ils parlaient français, ça fait que j’ai dit :
« Ah, vous parlez français. » Puis là on a discuté. J’ai
dit : « Là il nous a pris pour des Américains le monsieur. »
Il dit il nous a pris pour des Américains. J’ai dit : « Non,
on est des Canadiens, puis fiers de l’être aussi. » J’ai
montré mon drapeau canadien, j’ai dit : « On n’est pas
des Américains, on est des Canadiens. » Puis, j’ai dit :
« On a besoin d’une couple de ces véhicules-là. » Là ils
n’ont pas voulu. Ils ont dit : « Ça appartient au
Bangladesh. » J’ai dit : « Les véhicules appartiennent
pas au Bangladesh, les véhicules ont été prêtés au
Bangladesh. » Quatre heures que ça m’a pris pour
convaincre que ces véhicules-là appartenaient pas aux
soldats du Bangladesh, mais qu’ils appartenaient aux
Nations Unies et que le Bangladesh avait pas le droit
des amener chez eux comme ça. Jusqu’à la fin, ils ont
dit, j’ai pas vraiment réussi à les convaincre... ils ne
voulaient pas pantoute. Ça fait que j’ai dit au caporal-
chef, j’ai dit : « On se vire le dos, puis il arrivera ce qu’il
arrivera, on s’en va vers les véhicules, on en stop, si on
est capable, on en stop deux puis on s’en va avec. » Le
caporal-chef me dit, il dit - on s’appelait par nos petits
noms, c’est sûr, mais, parce qu’on était seul là - il dit :
« Étienne, il dit, tu n’as pas peur qu’ils te tirent dans le
dos. » S’il faut qu’on passe la nuit icitte à négocier ou
qu’on bouge. On s’est viré le dos, puis on les a laissé
faire. On les a entendu pas mal brasser en arrière mais,
on s’est pas viré, on a été jusqu’aux véhicules et on a
réussi à en rafistoler deux puis on avait deux
véhicules pour bouger.