Peu d’argent en temps de crise
Des héros se racontent
Transcription
Interviewer : Quand vous étiez jeune, vous avez
enrôlé... Est-ce que vous aviez une idée de qu’est-ce
que... à quoi s’attendre ?
Non, non, non. Écoute. C’était la crise, hein. Ça prenait
tout, si on avait des souliers pour se mettre dans les
pieds. Je travaillais, je m’étais trouvé une job, je
travaillais dans un magasin. D’abord, j’avais une 9e
année dans le temps, là. Puis à Maniwaki, une 9e année
c’était le top, on pouvait pas aller plus loin. À moins
que nos parents soient riches puis pouvaient nous
envoyer dans des collèges en dehors. C’était
impossible, on était dix enfants. Mon père avait dix
enfants. Écoute là, fallait que ça mange ça, hein ?
Quand tu venais à bout de les faire manger puis de les
habiller... de les loger puis de les habiller, son devoir
était fait, t’sais. Fait qu’il n’était pas question de... Pis
moi j’avais une job, je travaillais dans un... une
boucherie, une grocery, un magasin général qui incluait
une boucherie. J’avais sept piastres par semaine, hein.
Puis fallait que je paye ma pension à mes parents, parce
que... hein. Je les payais trois piastres ou quatre
piastres par semaine de pension. Dans le temps avec
cinq cents, tu pouvais acheter quelque chose, faut dire
ça là. Aujourd’hui avec cinq piastres, t’achètes même
pas une peanut, pas un sac de peanut, tu sais. Mais
avec cinq cents, dans le temps, tu pouvais acheter
quelque chose. Avec vingt-cinq cents... après la guerre,
même tout de suite après la guerre là, j’avais trente-cinq
cents dans ma poche, je pouvais payer un hot-dog
puis un verre de lait à ma femme, à ma future, si tu
veux, hein. Bien des fois, je ne l’avais pas le trente-cinq
cents, mais quand que je l’avais, je lui payais une traite.
On mangeait chacun un hot-dog puis un verre de lait
avec trente-cinq cents. T’as plus de verre de lait
aujourd’hui pour ça, pas en tout. Non. C’est ça tu sais.
Fait que quand je me suis enrôlé, j’ai signé tel argent à
mes parents. J’envoyais une partie de ma paye à mes
parents pour leur aider, je pense. C’est peut-être ça
l’idée qui m’a amené à... je ne le sais pas. Je ne le sais
pas. Un bon matin, j’ai parti en tout cas, j’ai pris le
train, je me suis en venu à Ottawa puis je me suis
enrôlé. Ça coûtait, trois pias... deux piastres et quatre-
vingt-cinq je pense pour le train pour venir à Ottawa, ça
fait que... C’était pas pire, tu sais. Un bon matin, bien
au lieu d’aller travailler, j’ai pris le train puis, je suis
venu m’enrôler. C’est comme ça que ça s’est fait. Le
but réel là... le goût de l’aventure, la jeunesse, le goût
de pouvoir aider mes parents peut-être... Je ne le sais
pas. La vraie raison, je ne le sais pas. Puis où je m’en
allais, que je m’en allais me faire taper la gueule, là, je le
sais pas, non plus. Si je le sais, je m’en doutais de ça tu
sais ? Je ne le sais pas.
Description
M. Lafrance nous raconte que la crise économique a sûrement eu un impact sur sa décision de s’enrôler.
Benoît Lafrance
M. Benoît Lafrance est natif de Hull, Québec. À l’âge de 18 ans, il s’enrôle avec l’armée canadienne; une décision qui changera sa vie à jamais. Il débute son instruction militaire à Ottawa, puis se rend en Écosse à bord du Queen Elizabeth. Encore de l’instruction militaire jusqu’au 6 juin 1944 lorsqu’il participe enfin au débarquement de Normandie. M. Lafrance sera au front un peu partout en Europe avant son retour au pays. Ses rêves le hantent toujours.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 3:14
- Personne interviewée :
- Benoît Lafrance
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Branche :
- Armée
- Grade militaire :
- Soldat
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- Date de modification :