Lire et écrire pour les autres
Des héros se racontent
Transcription
Interviewer : Pendant que vous étiez à la guerre, est-ce
que vous avez eu la chance de communiquer avec vos
parents ou... ?
Bien les communications étaient difficiles, par malle,
par lettre. Oui, par lettre, par la poste. Mais, il n’y avait
pas de communication directe, téléphone ou... Je ne
crois pas que le téléphone overseas ça se faisait dans le
temps. Je le sais pas. Je suis pas sûr mais je le pense
pas. J’en suis pas sûr par exemple. Parce que je sais
que par radio c’étais très difficile. Puis une fois... c’était
tout de suite après la guerre, c’était pendant
l’occupation, on nous avait fait des petits disques. On
nous a fait enregistrer des petits disques qu’on pouvait
envoyer un message à nos parents par... par disque.
Mais tu sais... Donc, j’imagine que les lignes
transatlantiques, ça existait pas, je suppose. C’était pas
encore aussi développé, tu sais, qu’aujourd’hui. Peut-
être que ça existait aussi pour les rangs... tu sais. Mais
si ça existait, ça existait seulement pour Eisenhower,
puis Montgomery puis... pour ceux-là, tu sais. C’était
sûrement pas développé, sûrement pas, autrement ils
nous auraient fait appeler nos parents, hein ?
Interviewer : Est-ce que vous receviez des lettres souvent ?
Bien, pas trop, trop, non. Bien les gens étaient pas
instruits dans ce temps-là, beaucoup non plus, tu sais.
T’avais beaucoup moins d’instruction que t’en as
aujourd’hui. Il y en a beaucoup plus qui savaient pas
lire. Malgré qu’il y en a encore beaucoup. J’en connais
beaucoup qui savent pas lire, qui savent pas écrire. Fait
que imagines-toi dans le temps, il y en avait encore
beaucoup moins, tu sais. C’est pas facile écrire une
lettre. Puis quand on était au front là, j’ai écris... du front
moi j’ai écris... je pense peut-être deux ou trois lettres à
mes parents. C’est tout. Oh, même pas. Une que je me
souviens là. Je l’ai retrouvée d’ailleurs chez-nous, ça fait
que... je l’ai. Je le sais pas si c’est pas la seule,
j’en suis pas sûr.
Interviewer : Qu’est-ce que vous racontiez dans vos lettres ?
Ouf ! Qu’on était rendu en France puis que c’était dur.
Mais, fallait se surveiller parce qu’on avait peur à la
censure, hein. On avait peur que ça soit censuré, ça fait
qu’on, on disait pas grand chose. On leur disait bonjour
puis on priait pour eux autres, puis on leur demandait
de prier pour nous autres puis... des choses comme ça
tu sais c’était... Je lisais beaucoup de lettres pour des
gars qui... des gars qui savaient pas beaucoup lire je
suppose. Leur blonde avait abandonné par exemple, ça
ça arrivait souvent. J’ai écris plus de lettres comme ça
que j’en ai écrit à mes parents. J’en écrivais plus... j’en
ai écris plus pour des gars à leur blonde, si tu veux, les
messages qu’ils envoyaient à leur blonde, qu’ils
recevaient de leur blonde... La plupart c’était que les
blondes les avaient quittés parce qu’elles pensaient
qu’ils ne reviendraient plus, puis... Elles s’en étaient
trouvées un autre, tu sais. C’était triste. (Rires) Mais ça
c’était pas au front là. Au front, il n’y avait pas
beaucoup de ça. Ça c’était en entraînement, c’était en
Angleterre, dans les camps, plus dans les
cantines, pis dans les...
Interviewer : Pensiez-vous souvent à vos parents ?
Là-bas ? Oh, oui. Mais t’as rien que ça à penser.
Quand j’ai parti, j’avais pas de blonde. J’étais trop jeune.
Description
M. Lafrance nous raconte qu’il lisait et écrivait souvent des lettres pour les soldats moins lettrés que lui-même.
Benoît Lafrance
M. Benoît Lafrance est natif de Hull, Québec. À l’âge de 18 ans, il s’enrôle avec l’armée canadienne; une décision qui changera sa vie à jamais. Il débute son instruction militaire à Ottawa, puis se rend en Écosse à bord du Queen Elizabeth. Encore de l’instruction militaire jusqu’au 6 juin 1944 lorsqu’il participe enfin au débarquement de Normandie. M. Lafrance sera au front un peu partout en Europe avant son retour au pays. Ses rêves le hantent toujours.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 4:09
- Personne interviewée :
- Benoît Lafrance
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Branche :
- Armée
- Grade militaire :
- Soldat
Continuer à regarder
- Date de modification :