Quand ils ont tiré le numéro du 23e Field Ambulance,
là on a embarqué dans le camion et ils nous ont amenés au bateau,
à Southampton, si je me rappelle bien.
Là on a pris le bateau, moi c’est dans un « LST »
je ne sais pas si je vous l’ai mentionné,
un « Landing Ship Tank ».
Ça c’est plus gros que ce qu’on avait fait notre entrainement.
On est restés là pour la nuit, si je me trompe pas,
on est pas restés bien longtemps,
il y en a qui ont attendu plus qu’une journée.
Pouvez-vous me parler de cette nuit-là?
C’est quand même une nuit importante
dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Est-ce que vous vous rappelez de cette nuit-là?
Cette nuit-là, ça s’est passé bien tranquille,
on savait tous où est-ce qu’on s’en allait.
Pour notre unité, nous autres on était pas nerveux du tout,
on avait hâte d’arriver l’autre bord.
Est-ce qu’il y avait des aumôniers sur les bateaux?
Sur les bateaux, non, j’en ai pas vu,
des aumôniers sur le bateau.
Il y a dû en avoir sur quelques-uns des bateaux
mais pas sur tous les bateaux.
Quand on a arrivé nous autres, on a embarqué sur le bateau
et on est partis durant la nuit.
On dormait, on s’en est pas aperçu.
La mer était belle?
La mer était belle, c’était bien correct, j’étais bien content,
là on était pour débarquer en France, j’étais bien content de ça.
Arrivés sur les côtes de France, on voyait la plage, nous autres.
On montait sur le «deck » et on regardait la plage.
C’est là que j’ai vu les camions qui restaient pris dans l’eau.
Les camions, il fallait qu’ils débarquent dans l’eau,
à peu près 3 pieds d’eau.
Quand vous êtes arrivé, c’était le matin, le soleil était levé?
Oui, c’était dans l’avant-midi,
mais on a pas débarqué, nous autres, cette journée-là.
Racontez-moi ce que vous voyiez sur le bateau.
Là on voyait des camions qui débarquaient de sur le « landing ship »
à côté de nous autres et il y en a quelques-uns
qui sont restés pris dans l’eau.
Il y avait des tracteurs spécialisés qui allaient dans l’eau
et ils accrochaient les camions qui étaient pris dans l’eau
puis les tiraient sur la berge puis ils les enlevaient du chemin
pour laisser passer les autres qui voulaient débarquer.
Vous rappelez-vous quelle plage c’était quand vous êtes arrivé?
C’était en Normandie, nous autres c’était près de Bernières.
On est arrivés le matin, on a couché sur le bateau.
Dans la nuit, les bateaux portaient tous des ballons d’hélium
au-dessus pour se protéger des avions ennemis.
Nous autres on a couché sur le bateau, pareil comme si
d’habitude était, ça nous dérangeait pas, pas plus que ça.
Est-ce que c’était une zone de guerre, est-ce que voyiez des combats?
Non, j’ai jamais vu de combats.
Vous n’entendiez pas au loin l’artillerie?
On entendait l’artillerie, si vous voulez.
Ça faisait assez longtemps que l’infanterie était débarquée,
ils étaient assez loin qu’ils étaient dépassé Bernières
et pas mal plus loin.
Non, je n’ai pas rien entendu, c’était bien tranquille.
Peut-être la seule chose, il y avait bien du va-et-vient sur la plage même.
Les camions débarquaient dans l’eau.
Nous autres, c’est le lendemain avant-midi.
Le soir, il y a un avion ennemi
qui est venu se promener au-dessus des bateaux.
On m’a dit qu’il avait lâché une bombe.
Moi j’entendais les « ack-ack », c’était la nuit,
moi je dormais, bye–bye!
Ça m’achalait pas plus que ça, moi.
J’avais pas peur de ça.
Donc c’est quelle date que vous avez débarqué?
Ça c’était le 6 juin.
Le 7 juin, là on a débarqué.
Ils nous ont dit d’embarquer dans nos camions.
Le camion que j’ai débarqué dessus, j’avais aidé au chauffeur
à tout l’arranger pour qu’il puisse marcher dans l’eau.
L’ « exhaust » sortait à peu près 2 pieds plus haut que la cabine,
la même chose que le « breather », la prise d’air, il y avait un autre
tuyau qui montait et ça marchait dans l’eau cette affaire-là.
Le « truck » aurait pu débarquer dans 7 pieds d’eau.
Il y avait pas de danger.
Quelle sorte de travail vous avez fait sur le camion?
Le camion, j’ai aidé avant, ça, ça s’est fait en Angleterre,
on a pris le camion, puis les bougies,
c’est comme de la plasticine qu’on mettait autour des bougies,
puis le carburateur, les places comme ça,
n’importe quoi où il y avait des fils électriques de connectés,
il fallait tout rendre ça imperméable.
Il faut croire qu’on avait fait une bonne job moi puis le chauffeur
du camion par rapport que notre camion, que j’ai débarqué avec,
il a passé dans l’eau et puis il a pas eu de problème pantoute.
Donc vous avez traversé à pied sec, vous?
À pied sec oui parce que j’étais embarqué dans le camion,
je ne me suis pas fait mouiller du tout, ni moi, ni mes camarades.
Notre section était toute embarquée dans le même camion.
Chaque section avait 3 véhicules : une jeep, un « 15 hundredweight »
puis un « 60 hundredweight ».
Nous autres, c’était le « 60 hundredweight »
que j’ai travaillé dessus, qu’on a débarqué.
Le « 60 hundredweight » c’était surtout l’équipement,
notre équipement médical qui était là-dedans.
Combien d’hommes dans le camion?
On était peut-être bien une vingtaine.
Tous du même rang?
Tous des « private ».
Les caporal, lance-caporal, sergent,
eux autres je ne sais pas où ils étaient.
On les voyait pas.
Ils avaient pas d’affaire dans notre camion.
Peut-être bien qu’ils embarquaient avec le chauffeur.
Les officiers, normalement eux autres c’était dans la jeep.
Il y avait de la place dans le « 15 hundredweight », le plus petit camion,
peut-être bien qu’ils embarquaient là-dedans, je ne sais pas.
Puis votre première journée, quand vous êtes débarqué?
Quand on a été débarqués, nous autres on a fait à peu près 1 mile,
on s’est rendus à une carrière, là on a rejoint le « Headquarters »
et le restant de la compagnie,
notre section a rejoint le restant de la compagnie.