Puis votre première journée, quand vous êtes débarqué?
Quand on a été débarqués,
nous autres on a fait à peu près 1 mile,
on s’est rendus à une carrière, là on a rejoint le « Headquarters »
et le restant de la compagnie,
notre section a rejoint le restant de la compagnie.
On s’est en allés là la première journée
et puis je me rappelle moi je me suis installé à une place,
j’avais trouvé une place pour moi.
C’était chacun pour lui.
J’avais trouvé une place et j’avais commencé à creuser
comme une tranchée mais je ne l’ai pas creusée bien creux,
je me suis dit, s’ils veulent m’avoir, ils vont m’avoir pareil.
J’ai resté là la première journée.
J’ai couché là.
J’avais pas plus peur que ça, je n’étais pas nerveux,
ça m’a jamais rendu nerveux cette affaire-là.
Je n’ai jamais eu peur non plus.
La peur, ça ne me connaissait pas, j’étais trop jeune pour avoir peur.
J’ai débarqué là puis on a couché là.
Le lendemain, notre caporal est venu nous trouver
et il cherchait des volontaires pour aller travailler
à l’hôpital de campagne qui était pas loin de nous autres,
peut-être bien un demi mile de nous autres,
pas plus que ça, de l’autre côté du chemin.
Pour prendre la place des réguliers, les brancardiers réguliers
parce qu’eux autres avaient travaillé le 6 puis même le 7 au matin,
ils étaient seuls, ils avaient de l’ouvrage.
Ils ont demandé des volontaires, moi je me suis porté volontaire,
j’étais content, tout le temps volontaire.
On transportait les blessés quand ils arrivaient à la tente d’arrivée
et on les amenait dans la tente d’opération.
On prenait un qui venait de se faire opérer
et on l’amenait dans la salle de récupération.
On a fait ça une partie, toute la nuit.
Ça c’est les premiers blessés que vous avez vus?
Les premiers blessés que j’ai rentré en contact avec.
Le front était à quelle distance?
Le front était peut-être bien deux miles plus loin.
Le front, c’était la compagnie B qui était assignée pour le front.
Eux autres ils ont débarqué le 6 en avant-midi.
Ils avaient installé leur première place dans l’église de Bernières-sur-Mer
et puis dans l’après-midi ils ont déménagé là
et ils se sont en allés plus proche du front encore.
Quand on établissait un poste comme ça,
il était normalement assez proche du front, peut-être bien
un quart de mile du front, des fois plus proche, des fois plus loin.
Combien de blessés vous avez pu voir cette journée-là?
Cette journée-là, on a dû en voir, peut-être bien, la place où j’étais,
on en a vu peut-être bien 75, quelque chose comme ça.
Seulement il y avait des morts que nous autres on a pas vu.
C’est les blessés qui nous sont arrivés.
Cette journée-là.
Parce qu’il y en avait d’autres avant ça,
qui étaient peut-être bien partis en Angleterre,
sur un autre bateau, je ne sais pas.
Quand j’ai travaillé là la nuit, on les prenait,
on les amenait dans la salle de récupération
mais ils ne pouvaient pas rester là tout le temps, c’était tout le temps
sur des civières, ils ne pouvaient pas rester là tout le temps,
il fallait qu’ils les envoient en Angleterre dans ce temps-là.
Les blessés qui étaient trop?
Non, c’est parce que sur la récupération après ça,
ils étaient trop blessés oui, mais il fallait
qu’ils s’en aillent faire de la récupération plus loin,
dans un autre hôpital civil ou militaire en Angleterre.
De là, ils récupéraient complètement.
Là, s’ils pouvaient revenir, ils revenaient dans leur unité.
Donc, le premier jour, est-ce que sur la plage,
quand vous êtes arrivé, c’était ordonné?
C’était ordonné.
Les choses désordonnées, si ça a pu se passer,
c’était plus de bonne heure le 6 au matin.
Nous autres, quand on est arrivés le 6, tout était ordonné.
Il y avait bien du va-et-vient, mais tout était ordonné.
La plage était sécuritaire?
La plage était sécuritaire, il y avait pas de problème.
Le pire était passé.
Le pire du débarquement.