Se battre sans relâche
Des héros se racontent
Se battre sans relâche
Interviewer: Après les heures qui ont suivi le débarquement,
vous avez été en action pendant combien d’heures ou combien
de jours avant d’avoir un break ou un repas?
Cinquante-cinq jours. Sans se faire la barbe - c’est marqué
dans le livre là, dans le livre, la journée là,
la feuille après le portrait là, c’est marqué dans le livre - 55
jours, je vais vous conter ça, j’ai compté...
faite 55 jours sans vous déshabiller, sans vous peigner,
sans vous laver, c’est... l’eau, premièrement,
l’eau c’était très, très précieux pour nous autres l’eau.
Là ils nous donnaient des petites pilules,
une petite pilule dans la poche là. Dans les trois,
quatre premiers jours... la journée même - vous m’avez posé
la petite question, qu’est-ce que vous avez mangé,
êtes-vous capable de me répondre?
Interviewer: Je ne sais pas, vous aviez peut-être des
petites rations, des biscuits, non?
Non, on avait des petites rations,
on avait des petites pilules. Oui, on avait une pilule.
Ça c’est une pilule pour manger. L’autre pilule c’est pour
désinfecter l’eau. Tu mettais ces pilules-là;
dans n’importe quelle place que tu allais,
l’eau était contaminée. Les Allemands, c’est ça qu’ils faisaient.
Pour retarder, des booby trap dans les maisons.
J’ai vu un gars se faire arracher une main,
pas vu mais je l’ai vu partir quand.
Sur la table il y avait un beau revolver,
un beau Luger allemand là, un beau. Il le pogne puis,
en l’air, bingo. Il avait perdu, je pense,
c’est le (inaudible), je pense qu’il lui restait seulement le
petit doigt. C’était des affaires comme ça qui les attiraient,
une montre, un bijou quelconque, c’était ça.
Puis là pour le manger, c’était ça,
ça fait que 55 jours sans ôter les bottines,
sans se faire la barbe - on avait l’air des vrais Boches.
On avait l’air débarbouillés pour le vrai.
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