Bataille de Beaumont-Hamel
Les soldats de Terre-Neuve subissent des pertes massives lors de l’une des journées les plus sanglantes de toute la guerre.
Le 1er juillet 1916
Première Guerre mondiale
Table de matières
Section 1
- Introduction
- Terre-Neuve en guerre
- Histoires de la Première Guerre mondiale
- Les « Blue Puttees »
- Monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale
- Front occidental en 1916
- Médailles de la Première Guerre mondiale
- Bataille de Beaumont-Hamel
- L’avance des Terre-Neuviens
- Le coût humain de la bataille de la Somme
Section 2
Ressources d'apprentissage
Introduction
Nombre de Canadiens associent principalement le 1er juillet à la fête du Canada. Pourtant, cette date a une autre signification plus solennelle à Terre-Neuve et au Labrador. On y célèbre le Memorial Day et ce jour marque l'anniversaire de la bataille qui se déroula à Beaumont-Hamel pendant la Première Guerre mondiale.
Des soldats de Terre-Neuve pendant la Première Guerre mondiale. Avec la permission des archives (B 5-147), The Rooms, St. John's, T.-N.-L.
Terre-Neuve en guerre
À l'époque de la Première Guerre mondiale (1914-1918), Terre-Neuve était un dominion de l'Empire britannique et ne faisait pas encore partie du Canada. Lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre, en août 1914, Terre-Neuve – à l'instar du Canada – entra automatiquement en guerre. La population de Terre-Neuve répondit à l'appel dans un élan de patriotisme et nombreux furent ceux qui se précipitèrent pour s'enrôler. À l'époque, la population totale de Terre-Neuve comptait environ 240 000 habitants. Pourtant, plus de 12 000 Terre-Neuviens s'enrôlèrent.
Les Blue Puttees
Le Newfoundland Regiment vit rapidement le jour et les recrues suivirent un entraînement à la hâte. Les premières recrues furent affectées outre-mer en octobre 1914 et servirent en tant qu'unité au sein de l'Armée britannique. On les surnomma les Blue Puttees en raison de la couleur des jambières de leur uniforme.
Le régiment de Terre-Neuviens prit part à la campagne de Gallipoli, en Turquie, de septembre 1915 à janvier 1916. Au printemps 1916, il fut affecté sur le front occidental, en France.
Front occidental en 1916
Après les batailles qui marquèrent l'ouverture des hostilités, en 1914, la Première Guerre mondiale se transforma rapidement en une guerre de tranchées en Europe de l'Ouest. Les armées ennemies étaient retranchées, l'une en face de l'autre, dans une série de tranchées complexes situées de chaque côté du No Man's Land, une zone criblée par les bombardements et défendues par des sentinelles, des barbelés et des fusils. L'artillerie, les tireurs d'élite, les grenades, les mines, les mitrailleuses et la maladie y firent de nombreuses victimes.
L’explosion d’une mine sous le Hawthorn Redout, avant l’assaut à Beaumont-Hamel. Source : Imperial War Museum, Q754.
Les généraux ne voyaient qu'un moyen de mettre un terme à cette guerre sans issue – attaquer brutalement de front, sous le feu nourri de l'ennemi, afin de percer ses lignes de défense. En 1916, les Alliés convinrent de déclencher la « Grande offensive » à la Somme au cours d'un assaut qui serait mené conjointement par les Français et les Britanniques. C'est à ce moment que le Newfoundland Regiment entra dans l'action, le premier jour de la bataille de la Somme, près du village de Beaumont-Hamel, dans le Nord de la France.
Bataille de Beaumont-Hamel
Le 1er juillet, à 7 h 30 du matin, des milliers de Britanniques et de Français commencèrent à avancer à travers le No Man's Land, en plein jour, vers les positions allemandes. La bataille de la Somme devint une véritable boucherie – plus de 57 000 soldats britanniques et du Commonwealth furent tués, blessés ou portés manquants – et l'armée britannique subit les pertes les plus importantes de son histoire au cours d'une seule journée de combat.
À Beaumont-Hamel, le Newfoundland Regiment devait prendre part à une attaque surprise sur le front, mais les Allemands savaient ce qui se préparait. Les opérations initiales de bombardement des Alliés avaient en outre échoué dans leur tentative d'endommager la plupart des lignes de défense allemandes.
L’avance des Terre-Neuviens
En raison du nombre incroyable de soldats qui prirent part aux attaques ce jour-là, et des nombreux cadavres et blessés qui bloquaient les tranchées frontales, les Terre-Neuviens – qui étaient affectés à la 29e Division britannique – passèrent à l'offensive à environ 9 h 15, en empruntant une tranchée de soutien appelée St. John's Road, qui se trouvait en fait derrière la ligne de front. Il leur fallut ainsi traverser plus de 200 mètres avant même d'atteindre la ligne de front des Alliés. Une fois rendus aux limites du No Man's Land, ils durent se frayer un chemin dans les ouvertures des barbelés pour pouvoir se rendre jusqu'aux tranchées ennemies, qui se trouvaient à plus de 500 mètres.
Un homme blessé est transporté durant la bataille de la Somme, en 1916 Avec la permission de The Rooms, division provinciale des archives (NA-6067), St. John's (T. N. L.)
À mi-chemin en descendant la pente, un arbre isolé marquait une zone où le feu de l'ennemi était particulièrement intense. Les Terre-Neuviens l'avaient d'ailleurs surnommé « l'arbre du danger » et nombre d'entre eux tombèrent au combat à cet endroit, ce matin-là. Lorsqu'ils avançaient sous le feu des mitrailleuses et de l'artillerie, on dit qu'ils étaient nombreux à foncer, le menton rentré, comme s'ils marchaient dans un blizzard. Le Newfoundland Regiment fut ainsi presque entièrement décimé en moins d'une demi-heure par l’intense feu allemand.
Le coût humain de la bataille de la Somme
Le 1er juillet marqua le premier jour de plus de quatre mois de violents combats durant la bataille de la Somme, une campagne à laquelle le Canada participa activement. En bout de ligne, plus de 650 000 soldats alliés furent tués, blessés, portés disparus ou faits prisonniers. Les Alliés et les Allemands subirent de lourdes pertes, soit quelque 200 000 soldats morts dans chaque camp. Le prix à payer pour permettre aux Alliés d'avancer à peine d'environ 10 kilomètres sur la ligne de front fut incroyable.
Tranchée allemande capturée à Beaumont-Hamel. Source : Archives publiques de Terre-Neuve-et-Labrador, B2-44; (2759).
Sacrifices
Le 1er juillet 1916, le Newfoundland Regiment subit des pertes ahurissantes à Beaumont-Hamel. À peine 68 des quelque 800 Terre-Neuviens qui donnèrent l'assaut ce matin-là furent en mesure de répondre à l'appel le lendemain, les pertes s’élevant à plus de 700 soldats tués, blessés ou portés disparus. Parmi ces morts, on comptait 14 fratries, y compris 4 lieutenants de la famille Ayre, de St. John's.
Du barbelé et de la vase à Beaumont-Hamel, 1916. Avec la permission des Archives provinciales de Terre-Neuve et Labrador (PANL NA-2732), St. John's (Terre-Neuve)
Mais le sacrifice des Terre-Neuviens ne passa pas inaperçu sur les lignes de front. Le commandant de la 29e Division britannique qualifia ainsi les efforts déployés par le Newfoundland Regiment, ce matin de juillet :
« Ce fut un magnifique exemple de vaillance exercée et disciplinée, et son offensive a échoué parce que des hommes morts ne peuvent plus avancer. »
Après la bataille de Beaumont-Hamel
Le Newfoundland Regiment fut presque entièrement anéanti, mais les survivants continuèrent néanmoins le combat et on appela des renforts pour reformer le régiment. La Couronne britannique attribua par la suite la désignation officielle Royal au régiment en reconnaissance de ses actes de bravoure lors des batailles à Ypres et à Cambrai. Il s'agit d'ailleurs de la seule unité de l'Armée britannique à avoir reçu cette distinction pendant la guerre. À la fin de la guerre, plus de 6 200 Terre-Neuviens avaient servi dans les rangs du Newfoundland Regiment; plus de 1 300 d’entre eux étaient morts et 2 500 autres avaient été blessés ou faits prisonniers. La perte de tant de jeunes vies, combinée aux nombreux blessés, invalides et malades qui rentrèrent à Terre-Neuve après la guerre, eut un impact important sur le dominion pendant de nombreuses années.
Legs
Les sacrifices incroyables qui furent consentis par les hommes du Newfoundland Regiment, à Beaumont-Hamel, ont marqué la population de Terre-Neuve et du Labrador à tout jamais et, le 1er juillet, les citoyens de la province se rassemblent pour rendre hommage à ceux qui ont tant donné pour aider à préserver la paix et la liberté dont nous jouissons aujourd'hui.
Le majestueux caribou de bronze qui surplombe le Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel en France. Source : Anciens Combattants Canada
En France, le Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel, l'un des plus imposants mémoriaux de la Première Guerre mondiale en Europe, commémore tous les membres du dominion qui ont sacrifié leur vie pendant la Première Guerre mondiale. Le site est l'un des rares endroits où il est possible de voir un champ de bataille de la Grande Guerre dans son état original avec ses cratères d'obus et ses tranchées. Le squelette tordu de « l'arbre du danger » a lui aussi été préservé et marque l'endroit où tant de Terre-Neuviens sont tombés en ce matin tragique. Il témoigne en permanence de leurs actes de courage exceptionnels et du sacrifice qu'ils consentirent ce jour-là. Le grand caribou de bronze, emblème du Royal Newfoundland Regiment, se dresse sur le point le plus élevé qui surplombe l'ancien champ de bataille. Au pied du monument, se trouvent trois plaques de bronze où sont inscrits les noms des plus de 800 Terre-Neuviens tombés au champ d'honneur et dont le lieu de sépulture est inconnu.
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