Quand je suis arrivé à Valcartier, c’était pas pareil.
L’armée était dure dans ce temps-là, pareil là, en 74, 75,
76, c’était quand même dur. Les Droits de l’Homme ça
n’existait même pas. En tout cas, je me souviens pas
d’en avoir entendu parler pendant les 10 premières
années à Valcartier de ça. Ça fait que, c’est sûr qu’on a
pogné des instructeurs, on les appelait des instructeurs
même s’ils devenaient nos patrons là, sévères, tough
avec nous autres. Mais, on a été valorisé parce qu’on
savait qu’on était rendu là où est-ce qu’on voulait être.
On les voyait les tanks, ils étaient là. On les voyait les
véhicules blindés, les Lynx, les Ferrets qu’ils appelaient
dans le temps. On les voyait mais on pouvait pas les
toucher. Il y avait des bons côtés puis des mauvais
côtés. Ça fait, puis on avait passé... on se disait dans
notre tête, on pourra jamais connaître rien de plus dur
que ce qu’on vient de passer. Ça nous aidait ça, c’est
sûr. On va faire un fantassin avec toi avant de toucher
au véhicule blindé. Ça fait que le premier cours que tu
as c’est les small arms qu’ils appellent, les armes
légères. Ça fait que tu vas à l’école, ils te montrent
qu’est-ce que c’est. Dans ce temps-là, il y avait le SMG,
c’était une petite arme portative avec une crosse qui se
dépliait. Ça n’existe plus là, remarque bien, ça a tout
changé. Puis on avait la FNC-1 qui était assez grosse, un
fort calibre, pesante. Quand on m’a mis ça dans les
mains au début, c’est sûr que tu as une peur. Tu as
peur de ça un petit peu. Mais c’est intrigant pour
n’importe quel... pour les filles aussi là, je ne voudrais
pas être sexiste là, mais dans ce temps-là, c’était un
univers de gars, si t’aimes mieux. Tu sais, il y en a là qui
ont pris cette arme-là dans les mains puis ils se sont mis
à shaker de même, puis ils n’arrêtaient plus de shaker.
Puis, non, moi j’étais intrigué, j’avais hâte d’essayer ça,
j’avais hâte de jouer avec ça. J’avais hâte de jouer aux
cow-boys et aux indiens comme quand on était jeune.
Ça c’était, c’était intrigant. Puis on avait des liens,
comme moi là-bas, on était trois qui étaient là, qui
étaient dans le même escadron là-bas. Puis on avait des
liens, on était pas tout seul. C’est pas long, il y a du
monde qui nous aimait pas, mais il y a du monde
partout dans une gang qui n’aime pas les nouveaux.
Puis il y avait du monde qui nous ont acceptés tout de
suite ça fait que tu te fais des friends de travail assez
vite. Ça compense. J’avais choisi la 12e RBC avant de
m’en aller là-bas. De toute manière, j’avais rentré, pour
la première chose, mon idée c’était d’être charpentier.
Puis, fouille-moi, quand j’ai été voir le gars - excusez-
moi l’expression - quand j’ai été voir le gars, quand j’ai
parlé au gars pour le recrutement, il dit : « Pas de
problème, on va t’organiser ça. » Puis quand j’ai tout
passé mes tests puis que j’ai été accepté, parce que tu
passais un test d’évaluation, j’ai été accepté, whoops,
plus que trois choix venaient à moi, artilleur, fantassin,
puis blindé. Ça fait que j’ai...
Interviewer: Vous avez choisi les blindés.
Oui, j’ai vu le petit vidéo, puis j’ai vu les 22 qui
creusaient des tranchées, puis ils avaient l’air d’avoir
bien du fun eux autres aussi. Mais j’ai préféré être
chauffeur de tank. Bien, ça éveille l’enfant en soi, si
j’aime les bébelles. Quand tu es jeune - un exemple,
pour retourner en arrière, j’ai eu mon premier camion
Tonka. J’ai eu du fun avec ça, ça n’a pas d’allure.
C’était intrigant et c’était amusant. On savait aussi,
intérieurement, que c’était pas un jouet là, mais on
avait tous hâte, toute la gang, hâte, parce que c’est rien
que de ça qu’on parlait nous autres, notre choix de
discussion c’était les tanks, comment ça marchait. On
avait hâte de conduire ça, on avait hâte de
s’asseoir juste dedans.