Bataille de l’Escaut
Afin d’aider les Alliés à accéder au port d’Anvers, les Canadiens se battent pour chasser les Allemands de l’Escaut.
Du 2 octobre au 8 novembre 1944
Seconde Guerre mondiale
Table des matières
Section 1
- Introduction
- La Première Armée canadienne et l’Escaut
- Histoires de la Seconde Guerre mondiale
- Le contexte
- Monuments commémoratifs dela Seconde Guerre mondiale
- Opération Market Garden
- Les Britanniques s’emparent du port d’Anvers
- Médailles de la Seconde Guerre mondiale
- La bataille de l'Escaut
- Les forces avancent au nord d’Anvers
- Sécuriser Beveland-Sud
Section 2
Ressources d'apprentissage
Introduction
La bataille de l'Escaut est une opération militaire qui s'est déroulée le long de l'estuaire de l'Escaut au nord de la Belgique et au sud des Pays-Bas durant la Seconde Guerre mondiale. Le 12 septembre 1944, la Première armée canadienne reçut le mandat de dégager l'estuaire de l'Escaut de l'occupation allemande. Les premières attaques débutèrent le 13 septembre mais sans grand succès.
Le 2 octobre, la bataille débuta de façon tangible et avec acharnement et se poursuivit jusqu'au 8 novembre. Cette mission, menée par la Première armée canadienne, a permis de déloger la défense allemande installée sur les berges de la rivière Escaut et par le fait même de libérer le port d'Anvers. L'accès à ce port était essentiel pour le ravitaillement des Alliés afin qu'ils puissent poursuivre leur avance en vue de défaire les forces d'Adolf Hitler et de libérer l'Europe de l'Ouest de quatre années d'occupation nazie qui avait débuté en avril 1940.
Véhicules de la 3e Division de l’infanterie canadienne traversant Bockhoute, en Belgique, le 18 octobre 1944/Bockhoute, Belgique. Photo : Lieutenant Donald I. Grant (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-137188
La Première Armée canadienne et l’Escaut
Sous le commandement du général Henry Duncan Graham (Harry) Crerar, la Première armée canadienne était très cosmopolite. Car en plus du 2e Corps canadien (incluant la 2e et la 3e Divisions d'infanterie canadiennes et la 4e Division blindée canadienne), elle abritait le 1er Corps britannique et la 1re Division blindée polonaise. De plus, des soldats américains, belges et hollandais était également intégrés comme des unités. La Première armée canadienne dans le nord-ouest de l'Europe au cours des dernières phases de la guerre était une force puissante, la plus grande armée sous le contrôle d'un général canadien. Cette armée se composait d'environ 105 000 à 175 000 soldats canadiens. La composition totale de cette armée se portait entre 200 000 à plus de 450 000 avec les soldats d'autres pays.
La bataille de l'estuaire de l'Escaut a été particulièrement difficile et sanglante. Les raisons : la difficulté d'accès aux terres basses inondées et boueuses et la ténacité des troupes allemandes. En fait, certains historiens estiment que la bataille s'est déroulée sur l'un des champs de bataille les plus difficiles de la Seconde Guerre mondiale. Au terme des cinq semaines d'offensive, la Première armée canadienne, victorieuse, avait fait 41 043 prisonniers, mais elle perdit 12 873 soldats (tués, blessés, ou disparus) dont 6 367 Canadiens.
Le contexte
Les premiers débarquements des Alliés, incluant la 3e Division d'infanterie canadienne et la 2e Brigade blindée canadienne de la Première armée canadienne, eurent lieu sur les plages de Normandie, le jour J, le 6 juin 1944. Alors que les forces armées s'avancent dans les terres, la Première armée canadienne doit livrer des combats acharnés à Caen et à Falaise. Le problème de ravitaillement se fait rapidement sentir et la Première armée canadienne est alors chargée de nettoyer les régions côtières et de dégager les voies d'accès aux ports de la Manche afin d'y recevoir les approvisionnements indispensables.
Formant l'aile gauche des forces alliées, la Premiere armée canadienne avance rapidement vers l'est en passant par la France pour se rendre en Belgique. Pour sa part, la 2e Division d'infanterie canadienne fait son entrée à Dieppe au début de septembre. Le 2e Corps canadien laissa poster un certain nombre d'unités pour protéger les ports du canal et pour progresser en Belgique. Ils atteignirent Ostende, Bruges, et Gand au milieu du mois. Le 1er octobre, les villes portuaires de Boulogne, Cap-Gris Nez, Calais et Dunkerque étaient sous contrôle des Alliés. Le 2e Corps canadien s'empara aussi des rampes de lancement de fusées allemandes délivrant ainsi le sud de l'Angleterre de ces attaques.
Opération Market Garden
Pendant ce temps, la Seconde armée britannique s'était avancée dans le sud des Pays-Bas. Le 17 septembre, trois divisions aéroportées britanniques et américaines, ainsi qu'une brigade parachutiste polonaise tentèrent de larguer des parachutistes à Nimègues, Eindhoven et Arnhem, villes situées au-delà des lignes allemandes en Hollande. L'objectif de l'opération Market-Garden : s'emparer d'un pont qui traversait le Rhin à Arnhem. L'opération fut un échec et plus de 6 000 des 35 000 soldats qui constituaient la force initiale sont faits prisonniers et 1 400 sont tués. Tout espoir de dénouement rapide disparaissait.
Fantassins du Toronto Scottish Regiment à bord de leur porteur universel, attendant de pouvoir avancer. De gauche à droite : Soldats L. E. Munn, F. T. Parrish et R. C. Felstead et le Caporal R. G. Stewart. Le 9 septembre 1944/Nieuport, Belgique. Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-177653
Les Britanniques s’emparent du port d’Anvers
Devant de telles circonstances, il devenait impératif d'ouvrir des lignes de ravitaillement. La Seconde armée britannique s'était emparée du port d'Anvers où tout était encore presque intact. Le port d'Anvers, second en importance en Europe avec ses 45 kilomètres de zone portuaire, représentait un endroit idéal pour assurer l'approvisionnement nécessaire à la poursuite des efforts de guerre. Il devint absolument nécessaire d'ouvrir le port d'Anvers puisque les principales lignes de ravitaillement se rendaient encore jusqu'en Normandie.
Toutefois, les Allemands contrôlaient toujours la rivière Escaut qui reliait le port d'Anvers à la mer du Nord. Tant que les Allemands auraient la main haute sur les voies d'accès maritimes et sur le vaste et sinueux estuaire, les Alliés ne pourraient débarquer au port. L'occupation d'Anvers ne suffirait donc pas. Il faudrait libérer les berges de la rivière Escaut.
La bataille de l'Escaut
La tâche de libérer l'Escaut fut confiée à la Première armée canadienne, commandée par le lieutenant général Guy Simonds, en lieu et place du général Crerar. Ce dernier avait dû retourner en Angleterre étant souffrant.
La position géographique de la région et la nature du terrain constituent des défis de taille pour la Première armée canadienne. Au nord de l'estuaire se trouve le Beveland-Sud. Au-delà du Beveland-Sud, se trouve l'île de Walcheren, qui avait été transformée en puissante forteresse allemande. Puisque la rive sud de l'estuaire, composée entièrement de terres basses, se trouve au-dessous du niveau de la mer, il s'agissait d'un endroit idéal pour établir une ligne de défense.
La libération de l'estuaire devait se faire en quatre étapes principales. Premièrement, il fallait dégager la région au nord d'Anvers et isoler le Beveland-Sud. Il fallait ensuite dégager la « poche » de Breskens située derrière le canal Léopold et en troisième lieu, envahir le Beveland-Sud. La prise de l'île de Walcheren représentait la dernière étape.
Artilleurs de la Batterie « X » de l’Artillerie royale canadienne (ARC) en train de creuser une fosse à culasse pour un canon 155 mm qui a été capturé et qui sera utilisé pour ouvrir le feu sur Dunkirk. Le 15 septembre 1944 / Adinkerke, Belgique. Photo : Canada. Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-183593
Les forces avancent au nord d’Anvers
Au début d'octobre 1944, la 2e Division d'infanterie canadienne commença à avancer au nord d'Anvers, tandis que la 3e Division d'infanterie canadienne et la 4e Division blindée canadienne se lançaient à l'assaut du canal Léopold. Dans une région comme dans l'autre, les combats furent acharnés. La position fortifiée des forces allemandes et les terres inondées rendaient difficile l'avance des Alliés.
La 2e Division d'infanterie canadienne, qui avançait au nord en vue de couper l'accès au flanc est du Beveland-Sud, se dirigeait à grands pas vers les parachutistes ennemis qui fermaient la voie. L'attaque à ciel ouvert des troupes canadiennes sur des terres inondées fit plusieurs morts, mais le 16 octobre les troupes avaient envahi la ville de Woensdrecht aux abords du Beveland-Sud.
Éclaireurs du Calgary Highlanders, le 6 octobre 1944/Kapellen, Belgique (à proximité). Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-116727
Sécuriser Beveland-Sud
Le 16 octobre, à peine un mois après l'échec de l'attaque aéroportée aux Pays-Bas, le maréchal Bernard Montgomery, qui commandait la Première armée canadienne et la Seconde armée britannique, ordonna que la protection de l'estuaire de l'Escault devienne la priorité de l'armée.
Pendant ce temps, le lieutenant général Simonds concentra ses efforts sur la région au nord du Beveland-Sud. La 4e Division blindée canadienne, occupée au canal Léopold, fut transférée au nord de l'Escaut et tenta d'atteindre Bergen op Zoom. Le 24 octobre, le Beveland-Sud était isolé et la 2e Division canadienne commença à avancer pour l'envahir, opération qui fut facilitée par le débarquement amphibie de la 52e Division britannique. Le 31 octobre la région était sous le contrôle des Alliés.
Les forces s’emparent du canal Léopold
Des batailles aussi sanglantes se poursuivaient entre-temps sur la rive sud de l'Escaut. C'est là que la 3e Division canadienne se heurta à un front allemand tenace en tentant de franchir le canal Léopold pour nettoyer la poche de Breskens. L'attaque contre les adversaires acharnés fut déclenchée le 6 octobre et pendant trois jours, une étroite tête de pont risqua plusieurs fois de disparaître. Finalement, le 9 octobre, un assaut amphibie détruisit l'emprise de l'ennemi sur le canal et les Allemands battirent en retraite pour ensuite se réfugier dans des abris en béton dispersés sur la cote. Il y eut d'autres combats mais, le 3 novembre, la sécurité de la rive sud de l'Escaut était assurée.
Démonstration par la 4e Division blindée canadienne de l’utilisation de lance-flammes au-dessus d’un canal, à Balgerhock, en Belgique, le 4 octobre 1944. Photo : Canada, ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-131240
S’emparer de l’île de Walcheren
L'île de Walcheren restait le dernier obstacle important empêchant le contrôle du port d'Anvers et son utilisation par les Alliés. Toutefois, les Allemands avaient fortifié leur position sur l'île et la seule façon de s'en approcher par voie de terre était en empruntant la longue et étroite chaussée du Beveland-Sud. Et pour compliquer la situation, les terres basses encerclant cette chaussée étaient trop saturées pour permettre d'avancer à pied, mais n'étaient pas suffisamment inondées pour permettre d'attaquer en bateau plat à moteur.
L'attaque de l'île fut lancée dans trois directions : de l'est, par la chaussée; du sud, par l'Escaut; et de l'ouest par la mer. Pour affaiblir la résistance des Allemands, la Royal Air Force bombarda les digues de l'île afin d'inonder la région centrale, permettant ainsi aux véhicules amphibies d'y pénétrer.
Les Canadiens se lancèrent à l'attaque de la chaussée le 31 octobre et, après un coûteux combat, réussirent à s'emparer d'une tête de pont. Puis la 52e Division britannique poursuivit son avancée en même temps que les attaques vinrent de la mer. Le 6 novembre la sécurité de Middelbourg, capitale de l'île, était assurée et le 8 novembre toute opposition ennemie cessa.
Colonne de véhicules amphibies « Alligator » dépassant des véhicules blindés « Tarrepin » aux abords de la rivière Scheldt, le 13 octobre 1944/Neuzen, Belgique (à proximité). Photo : Donald I. Grant (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-114754
Fin de la bataille
Entre-temps, la 4e Division blindée canadienne avait marché vers l'est passant par Bergen op Zoom pour se rendre à St-Philipsland où elle coula plusieurs vaisseaux allemands dans le port de Zijpe.
Les abords d'Anvers étant libérés et le pays nettoyé jusqu'à la Meuse, la bataille de l'Escaut venait de prendre fin et la sécurité de la ligne de ravitaillement, essentielle pour alimenter l'avance des Alliés pour la libération de l'Europe, était assurée. Le canal était débarrassé des mines et, le 28 novembre, le premier convoi entra dans le port d'Anvers avec à sa tête un navire canadien, le Fort Cataraqui.
Appui aérien et naval
La campagne de l'Europe du Nord-Ouest n'aurait pu réussir sans le secours des forces navales et aériennes alliées. Les marines tinrent les voies maritimes dégagées pour permettre le transport des munitions, des approvisionnements et des renforts tandis que, dans les airs, les forces aériennes nettoyaient le ciel et effectuaient des bombardements dangereux.
Dragueurs retournant vers les quais d’Anvers, le 26 novembre 1944/port d’Anvers, Belgique. Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-192758
Nous nous souvenons
Les Canadiens qui ont pris part à la Bataille de l'Escaut ont beaucoup sacrifié pour rétablir la paix et pour rendre aux Européens leur liberté. Ces combattants sont au nombre de ce million et plus d'hommes et de femmes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 42 000 Canadiens ont donné leur vie dans cette guerre. Le Canada et le monde entier reconnaissent les sacrifices et les réalisations de tous les Canadiens, à l'image de ceux qui ont pris part à la Bataille de l'Escaut. L'héritage de paix et de liberté qu'ils nous ont laissé est inestimable.
Cimetière de guerre canadien d’Adegem
La plupart des Canadiens morts lors de la bataille de l'Escaut reposent dans deux cimetières de la Commission des sépultures de guerre du Commonwealth de la région. Le Cimetière de guerre canadien d'Adegem est situé dans le nord-ouest de la Belgique, tout près de la frontière hollandaise. On y trouve les tombes de 848 Canadiens, dont la plupart sont morts au cours du difficile nettoyage de la rive sud de l'Escaut et de la « poche » de Breskens.
Cimetière de guerre canadien de Bergen-op-Zoom
Le Cimetière de guerre canadien de Bergen-op-Zoom est situé dans le sud-ouest de la Hollande. On y trouve les tombes de 968 Canadiens, dont la plupart sont morts en tentant de libérer les voies d'accès maritimes à Anvers.
Carte de la bataille de l'Escaut
Carte montrant le mouvement des forces alliées au cours de la bataille de l'Escaut en octobre et novembre 1944. La 3e Division d'infanterie canadienne et la 4e Divison blindée canadienne ont joué un rôle important dans la libération de la cote sud de l'Escaut, avec l'aide de la 1re Division blindée polonaise. La 2e Division d'infanterie canadienne a combattu au nord de Anvers et ensuite à l'ouest pour libérer le Beveland sud ainsi que l'île de Walcheren sur la cote nord de l'Escaut. La 4e Division blindée canadienne a aussi été impliquée dans les combats contre les forces ennemies depuis la région à l'est de l'Escaut. Les forces britanniques ont également aidé à défaire l'ennemi dans le Beveland sud et l'île de Walcheren et ont repoussé les Allemands dans des combats au nord et à l'est de Anvers.
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