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Caporal-chef (à la retraite) Marc Bergeron

Marc Bergeron en a vu de toutes les couleurs à travers les lentilles des caméras qu’il a maniées pour les Forces armées canadiennes (FAC) durant une carrière remplie de revirements. La photo est une passion qui l’habite depuis l’âge de 15 ans. C’est aujourd’hui aussi l’un des remèdes qui l’aide à combattre les effets de l’état de stress post-traumatique (ESPT).

Québec, Québec

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Guerre du Golfe Balkans Haïti Kosovo

S'est enrôlé

1984

Affectations

  • Halifax, N-É (1984-89)
  • Ottawa, ON (1989-2002)

Expérience opérationnelle

  • Guerre du Golfe, 1991
  • Bosnie, 1994-1995
  • Haïti, 1995
  • Kosovo, 1995 et 1998

Lorsqu’il a décidé de s’enrôler dans les FAC en septembre 1984, Marc Bergeron avait déjà terminé son diplôme d’études collégiales (D.E.C) en photographie. Il recherchait alors l’adrénaline et l’aventure. « Je suis une personne d’action. Mettons que je grouille pas mal. »

Alors âgé de 23 ans, il approchait l’âge limite (à l’époque) d’enrôlement. Puisqu’il possédait déjà son D.E.C, il est directement devenu photographe à la base navale d’Halifax sans avoir à suivre de formation pour un métier.

L’appel de l’aventure a résonné trois ans plus tard lorsqu’il a été choisi par l’amiral canadien de la Force navale permanente de l’Atlantique pour une mission d’un an à filmer et photographier les opérations en mer des navires de l’OTAN.

Moins de deux ans après son périple océanique, il a quitté Halifax pour aller rejoindre la centaine de photographes qui travaillaient sous le commandement du Quartier général des photographes, à Ottawa. Cette équipe se déplaçait partout au Canada pour produire des documentaires et du matériel publicitaire pour les FAC.

En août 1990, le Canada a annoncé qu’il allait joindre une coalition de plus de 35 pays pour libérer le Kuweït. Bergeron a été l’un de deux caporaux choisis pour faire partie de l’équipe des affaires publiques.

« C’était les armes sorties pour protéger l’aéroport. Les CF-18 étaient armés. C’est de là que le Canada a tiré son premier missile Sparrow sur une frégate iraquienne. »

Après avoir mis en place une salle de montage et documenté les opérations au Quartier général canadien à Bahreïn, il s’est déplacé au Qatar et a goûté pour la première fois à la réalité de la guerre : « C’était les armes sorties pour protéger l’aéroport. Les chasseurs CF-18 étaient armés. C’est de là que le Canada a tiré son premier missile Sparrow sur une frégate iraquienne ».

Marc Bergeron avec sa Betacam – Photo courtoisie du Cpl-chef Serge Morin.

Ce n’était cependant qu’un début. Il s’est ensuite déplacé vers le tout nouvel hôpital de campagne canadien à Al Qaysumah, en Arabie Saoudite. Outre son travail de photo et de vidéographie, Bergeron s’est relevé les manches : « Lorsque nous sommes arrivés, l’hôpital n’avait pas été construit encore. On creusait des trous, on montait des tentes la nuit comme tout le monde. »

Les scènes de l’après-guerre à l’hôpital l’ont secoué dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. L’hôpital tournait à plein régime, les blessés iraquiens arrivant à coup de dizaines dans toutes sortes d’états : « Notre travail, ce n’était plus seulement du documentaire, c’était en fait de filmer les amputations, les opérations de personnes qui avaient reçu des balles, des morceaux d’obus au cerveau, pour qu’ils puissent ensuite les utiliser dans les écoles de l’OTAN et des FAC. On n’avait pas eu d’images comme ça depuis la guerre de Corée. »

« T’es jeune caporal, t’as jamais vécu la guerre de ta vie. Tu pensais jamais connaître ça. Bien là, tu désenchantes vite, parce que tu t’aperçois que non seulement ce n’était pas des soldats d’élite, mais c’était des gens de l’âge de mon père qui avaient été enrôlés de force. »

Bergeron ne se cache pas d’avoir été malade en filmant certaines d’entre elles. Le camp de prisonniers qui se trouvait à quelques kilomètres de l’hôpital a aussi laissé des séquelles profondes dans son esprit. « T’es jeune caporal, t’as jamais vécu la guerre de ta vie. Tu pensais jamais connaître ça. Bien là, tu désenchantes vite, parce que tu t’aperçois que non seulement ce n’était pas des soldats d’élite, mais c’était des gens de l’âge de mon père qui avaient été enrôlés de force. »

Il est rentré du golfe Persique en mars 1991. Au bout d’un an, les terreurs nocturnes et l’anxiété ont fait leur apparition. C’était le début d’un long combat avec l’ESPT, que l’on désignait à l’époque comme une « fatigue du combat ».

Malgré tout, il a participé à un autre déploiement en 1994, cette fois en Bosnie. Loin d’être au bout de ses peines, il a été fait prisonnier par les forces serbes dans l’exercice de son travail, à Ilijaš, situé à une quinzaine de kilomètres de Sarajevo. Il a passé 16 jours de détention dans des conditions plutôt insalubres avant d’être libéré. Les symptômes de l’ESPT ont empiré. Pourtant, deux autres déploiements involontaires à l’étranger ont suivi.

Après 18 ans et demi de service, Bergeron a été libéré pour invalidité en 2002, au moment où la gravité des symptômes de l’EPST commençait à être mieux comprise et reconnue par les FAC. Aujourd’hui, il a retrouvé le plaisir de la caméra et exerce régulièrement son métier bénévolement.

« Ce qui m’a mis dans la merde m’en a sorti. C’est une bataille que j’affronte à tous les jours. Chaque matin que j’ouvre les yeux et que je vois le soleil, bien je suis heureux. »

Avec courage, intégrité et loyauté, Marc Bergeron a laissé sa marque. Il est l’un de nos vétérans canadiens. Explorez d’autres histoires.

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