Quand j’ai appris que j’allais être déployé en Afghanistan,
en fait, c’est un feeling un peu bizarre, on s’y prépare,
moi, en fait, je ne peux pas dire que j’étais stressé, nerveux.
On dirait que j’étais peut-être déconnecté par rapport au fait
qu’on en entend parler un peu dans les médias.
L’Afghanistan commençait, on en entendait pas vraiment parler
à cette époque-là, dans les années 2005-2006,
c’était moins fréquent qu’on en entendait parler.
Je ne sais pas, honnêtement, j’avais fait plusieurs entrainements,
je voyais peut-être ça comme un autre entrainement,
je ne voyais peut-être pas ça comme la guerre,
je ne voyais peut-être pas ça aussi dangereux que ce l’était en réalité.
Je m’en suis rendu compte assez vite
une fois que j’étais rendu l’autre côté.
Mais en même temps, on a quand même été préparés
d’une certaine façon à tout ça.
Je veux dire, moi personnellement, j’étais prêt, on n’est jamais
assez prêt, mais on avait un minimum de formation pour être prêt à ça.
Donc est-ce que vous pouvez me parler un peu
de cette formation-là, une formation plus spécifique
pour le déploiement en Afghanistan.
Oui, on a fait plusieurs spécifiques formations par rapport à ça,
du côté désert, on allait s’entrainer au Texas, aux États-Unis,
on allait s’entrainer dans l’ouest canadien durant l’été,
les périodes plus chaudes, pour s’acclimater un peu plus au climat aride.
Plusieurs formations de plus grande envergure,
parce que nous, on commençait, on avait eu
les petites formations de patrouille de section,
d’attaques de section, de peloton, de bataillon
et des fois on faisait des opérations avec plusieurs pays.
Là, c’était rendu vraiment plus majeur.
On était tous incorporés à ça, c’était toutes des
nouvelles choses auxquelles on avait pas touché.
Des nouvelles formations aussi plus spécifiques
au combat de bataillon, d’infanterie.
L’ancienne mentalité de tranchées
qu’on avait connu sur les cours de recrue,
là c’était plus du combat moderne dans des villes,
dans des zones urbaines,
toutes des techniques différentes qu’on a dû apprendre,
comment se déplacer dans des endroits comme ça,
comment reconnaitre les gens qui sont des menaces,
parce qu’en Afghanistan, l’armée, qui est un petit peu différente,
mais la police, généralement,
ne portait pas nécessairement d’uniforme de police,
il y avait un homme avec une arme au coin d’une rue
qui pouvait être une police, pouvait être un terroriste.
Toutes des choses comme ça qui font
qu’il faut que tu penses avant de tirer.
Quand tu as 19 ou 20 ans et que tu vas là-bas
et que tu vois des choses comme ça, c’est pas normal
dans le quotidien que nous, quand on voit des policiers,
ils ont des chars de police, ils ont des uniformes,
c’est clairement indiqué que c’est une police ou un militaire,
tandis que là-bas, c’est un peu plus difficile.