Interviewer : Qu’est-ce qui était le plus difficile de vivre sur
un bateau pendant... ?
Oh, rien de difficile. Moi j’ai trouvé ça toujours intéressant.
J’ai trouvé ça fascinant de tous les points de vue, de la
camaraderie autant que le style de le... même le bon manger
qu’on avait, on était vraiment bien nourri sur les bateaux. En
tout cas, la marine canadienne est toujours bien... vraiment
bien nourri à comparer des autres bateaux, les autres pays.
Non, moi j’ai toujours trouvé le côté positif la marine, tu
sais, toujours bien.
Interviewer : Est-ce qu’il y a quelque chose que vous avez vu,
vous avez entendu soit sur terre ou sur le bateau qui vous a
vraiment marqué, vous a frappé ?
Oh bien, wow, on a passé un ouragan une fois là que les
officiers ils disaient là que le bateau était pour casser. Ça
fait que ouais... le porte-avion-là, il était pas bâti pour ça.
L’histoire le dit... le raconte très bien. Le bateau... il y a
une photo, il y a des photos que... au Navy Club à Ottawa sur
l’île Victoria qui sont là sur le mur là. On est... on débarque
d’une vague pis le dessous du bateau, du porte-avion à 80 pieds
de l’eau. Quand qu’il a frapp... quand il a tombé, on pensait
que le bateau était pour casser en deux. Mais il a cassé en
avant, mais il a pas cassé à 100% tu sais... (inaudible). Mais
là on a retourné dans l’ouragan pour deux semaines de temps,
dans l’oeil là, puis il fallait suivre l’oeil là, parce qu’on
pouvait pas sortir de l’ouragan. Tu y penses, tu sais tu y
penses tu sais, c’est une force de la nature là tu sais. Y’a pas
d’histoire que tu vas te battre avec ça là, c’est une force de
la nature. Prends-le ou prends-le pas, tu as pas de choix.
Interviewer : À quoi pensiez-vous durant ?
Durant ce temps-là ? Non tu... non tu penses pas, t’as pas la
peur, t’as pas de peur tu sais. Je peux pas dire que t’as une
peur, tu dis, puis tu y penses pas. T’es entraîné de telle
façon que le peur... ce mot peur là, là, je pense qu’il n’existe
pas le vocabulaire à ce moment-là de ta vie. Tu sais c’est
pas... il existe pas, il est pas là. Tu sais c’est juste pas
là, tu sais c’est... ça me fait bien de la peine de dire ça...
il existait pas, je pense pas qu’il existe ce mot-là. Où si
quelqu’un a vraiment peur, bien il a peur. Tu sais puis y’en...
je suis sûr qu’il y en a qui ont eu des peurs, mais j’ai vu des
grosses tempêtes, des ouragans pis, on est allé secourir un
bateau une fois, un autre bateau de la marine qui était mal
pris. Pis ils ont échappé un gars à l’eau pis ils l‘ont
retrouvé. Et puis il a fallu aller le chercher... les aider
pour sortir de là. Bien moi je volontairais, j’aimais ça.
Vois-tu la différence encore ? Moi je volontairais pour toutes
ces affaires-là, le places dangereuses. Je volontairais pour
être sur la pointe du bateau puis le bateau rentre en-dessous de
l’eau puis ressort de là. D’un coup, un moment donné je dis
« Whoa, ça fait trop long que je suis en-dessous de l’eau là,
enough of that tu sais. » J’ai reculé puis j’ai dit à mon
officier « Personne s’en va là. C’est trop dangereux là. Si
moi je ne suis pas capable de le faire, il n’y en a pas d’autres
qui vont le faire non plus, tu sais. Trop apeurant cette
affaire-là là. » Ça fait que, tu sais, moi j’ai vécu des
affaires... j’ai aimé ça, parce que j’aimais ça. Tu sais c’est
différent si t’aimes ça. Celui qui aime pas ça, c’est pas une
bonne place pour lui là. Tu sais, que c’est que j’avais
entendu... une expression une fois, il dit « Si j’avais eu peur
du danger, je serais rentré dans les Boys Scouts » ! Ça
fait que c’est ça que c’est...
Interviewer : Pourquoi que vous c’était... pourquoi que vous
vouliez l’aventure comme ça ?
Je voulais vivre l’aventure moi. Plein, plein d’aventures. Moi
j’avais vraiment le goût de la vie, de l’aventure et puis... bon
j’ai dit... Parce que dans ce temps-là, tu vois, c’était le
temps que il faillait se marier jeune, pis ça... J’ai dit «
Non, non, non, je veux pas marier tout de suite, j’ai le goût de
vivre, je veux vivre tout sortes d’aventures... » Je suis devenu
pilote d’avion après ça pis tu sais, toutes ces affaires-là
avant de me marier. Là après ça j’ai dit « Alright, c’est le
temps, là je vais me marier. » La famille, les enfants et tout
ça là tu sais. Là on continue une vie assez normale. C’est ça
qui était... Quand je te dis que quand je vais partir moi là,
je vais laisser ma chaise à l’autre là...
« He’s gonna have a good ride ».