La traversée pour le débarquement

Des héros se racontent

La traversée pour le débarquement

Transcription

Finalement, à Whitley, une nuit... ils nous ont réveillés. Il était une heure du matin, il pleuvait à boire debout. C'était épouvantable. Puis, ils nous ont dit : « Paquetez votre 'stuff' parce qu'on part. » Ça, c'est en 44. Ils nous ont emmenés au terrain de parade, avec notre stock, notre équipement. Il pleuvait... on était tout trempe. Ils nous ont fait prendre des camions. On ne savait pas où on s'en allait. C'était secret. Ils ne nous disaient jamais à l'avance où on allait. Ils nous ont fait monter dans des camions, puis ils nous ont amenés à une place, en Angleterre... sur la côte de l'Angleterre, ça s'appelait Southampton. C'est un camp immense qu'ils avaient établi là. Il y avait peut-être 40 000 ou 50 000 soldats, là. Ce soir-là, pour la première fois, ils ont sorti un baril de rhum pour les hommes. Je ne sais pas si c'était pour nous encourager ou quoi, mais c'est la première fois qu'ils faisaient ça. On trouvait ça drôle qu'ils avaient sorti un baril de rhum. Finalement, le lendemain matin, ils nous ont fait marcher vers le port. On est embarqué sur de gros bateaux. C'était des bateaux marchands, et on est allé dans la cale de ces bateaux-là. On n'avait pas de place pour se coucher, on n'avait rien à manger, on se demandait... là, on a réalisé que on s'en allait vers quelque chose de pas mal sérieux. Puis, sur les bateaux, ils avaient mis des petits bateaux rangés sur les gros bateaux marchands. Les bateaux sont partis vers la mer. Il y avait une grosse tempête, et on était malade. On n'était pas habitué nous autres d'embarquer sur des bateaux, on avait le mal de mer. Puis, arrivés pas loin de la France, ils ont pris les petits bateaux avec des grues, ils les ont mis sur le bord. Ensuite, ils ont mis sur le bord des gros bateaux marchands des filets pour qu'on descende, des filets avec du gros câble. Puis avec tout notre équipement, on descendait. Les petits bateaux montaient puis descendaient, il fallait faire attention. Il y a bien des gars qui ont été blessés en embarquant sur les petits bateaux. Il fallait faire attention. Puis finalement, on a pris les petits bateaux... puis, les petits bateaux eux autres... je ne sais pas combien qu'il y en avait...il y en avait des centaines... ils circulaient durant la nuit. Ça circulait, ça circulait durant la nuit. Quand le jour s'est levé, bien là, ils se sont mis en ligne, et puis on s'est dirigé vers la côte de la France.

Description

En 1944, les soldats sont envoyés en camion, à Southampton. Ils ne connaissaient pas leur destination; c'était secret. À Southampton, ils ont pris de petits bateaux et ils sont partis le lendemain pour la côte Française. La veille du débarquement à Southampton, on avait ouvert un baril de rhum pour les soldats.

Pierre Gauthier

M. Gauthier est né à Montréal le 4 janvier 1925 où il a passé sa jeunesse. Après le décès de sa mère, en 1938, alors qu'il est encore très jeune, son père le fait entrer pensionnaire dans un collège à Montréal. Voyant que les jeunes hommes de son âge s'enrôlent dans les Forces, il décide, en 1942, de se joindre au régiment de la Chaudière, à l'âge de 17 ans. Après un entraînement de base suivi à Saint-Jérôme, à Valcartier et à Borden, on l'envoie en Angleterre poursuivre son entraînement aux côtés des Américains et des Anglais. Il participe de façon très active au débarquement sur les plages de la Normandie, le 6 juin 1944. Par la suite, il prend part, notamment, aux batailles de Caen et de Falaise. Il est blessé en décembre 1944, après avoir combattu dans la région d'Anvers en Belgique. On le transporte en Angleterre où il passe quelques mois dans un camp qui lui permet de se rétablir. C'est là qu'il fait la connaissance de sa future femme. Comme plusieurs de ses compatriotes, il prend part à la libération de la Hollande en 1945. À son retour au Canada, il entreprend des études en génie civil, à l'Université McGill. Depuis son retour de la guerre, il participe aux activités de la Légion et de sa communauté visant à aider les démunis. Depuis plus de 58 ans, il vit à Chambly, au Québec, avec son épouse.

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