Le stade, ça été une place de refuge pour toutes les
personnes qui n’avaient plus de place ou qui avaient
peur et qui ne savaient pas où se réfugier. Puis c’était, il
y avait des marques flagrantes de vie communautaire
là-dedans. Juste pour vous donner une idée, il y avait
une odeur terrible de matière fécale là, on va dire, pour
pas dire de la merde. Puis le plancher du stade était
brun; c’était un beau stade, mais tu voyais que c’était
du marbre poli, mais c’était brun. Puis quand tu avais le
malheur d’échapper un peu d’eau dessus, tu voyais que
c’était des déchets humains organiques qui étaient à
terre, ça sentait. Il y avait des traces sur les murs. Puis,
en parlant avec le contingent ougandais qui était là, ils
nous ont confirmé qu’il y avait eu beaucoup de monde
qui sont morts de dysenterie puis de choléra, mais que
c’était pas nettoyé. Il y avait quelques militaires
canadiens là, les pauvres soldats qui avaient la charge
de nettoyer le stade olympique. Eux autres, ils ont
frotté, je peux te le dire, parce que c’était vraiment
exécrable. Puis, en plus, les morts avaient été enterrés
dans l’enceinte du stade olympique. Tu voyais encore
les tombes parce que ça faisait toutes des buttes de
terre de même. Puis quand tu t’approchais de ces
places-là, ça sentait vraiment la décomposition puis il y
en avait beaucoup. Tu voyais ça là, c’était tout cordé
puis ils avaient tout creusé ça sur le long de la clôture
extérieure, mais à l’intérieur du stade. La raison
pourquoi ils s’avaient servi du stade c’est que c’était
clôturé, puis assez haut, merci. C’était bien protégé.
Ah, il y a des milliers de personnes là-dedans. Puis il y a
eu beaucoup de morts, il y a du monde qui sont morts
là, c’est sûr. En arrivant au stade olympique, on a vu
des vieux véhicules de l’armée russe, c’était des gros
véhicules de l’armée russe qui étaient abandonnés là
parce que tous les contingents avaient fui pendant la
grosse rébellion, ça fait que ça veut dire qu’il y avait
beaucoup de véhicules militaires qui avaient été laissés
sur place. On a vu ça, c’était impressionnant, c’était
gros puis ils s’avaient servi de ça comme pour barrer un
peu le... barrer ou bien peut-être, vu qu’il n’y avait
personne qui pouvait les conduire, mais, c’est comme...
Ah, j’ai vu ça moi comme, étant sergent, comme étant
un moyen de dissuasion pour empêcher le monde de
venir rester dans le stade olympique. Possiblement
qu’ils l’avaient vidé pour notre venue, nous autres, les
(inaudible). Ce qui m’a finalement touché là, c’était les
enfants. Il y avait un paquet d’enfants pas habillés.
Quelques-uns avaient des vêtements mais c’était en
lambeaux, puis ce qu’ils voulaient c’était de la
nourriture. Ils nous quêtaient de la nourriture. Ça fait
que... nous autres, on avait eu des boîtes à lunch qu’ils
appelaient, avec des sandwichs qu’on n’avait pas mangé
dans l’avion parce que ça avait trop brassé. Ça fait que,
on leur a tout donné ce qu’on avait. Possiblement
touché parce qu’on a arrivé sur une mission, puis c’était
touchant de voir ça. Mais après, je me suis rendu
compte que la ville était vraiment... avait été
abandonnée. Puis aussi la nature du massacre qui avait
laissé beaucoup d’enfants orphelins qui erraient
partout, qui mangeaient n’importe quoi.
Interviewer: Il n’y avait personne pour s’en occuper ?
Tout ce que j’ai vu là, moi, c’était des meutes de chiens
puis des enfants. Puis c’est à se demander de quoi que
les chiens se nourrissaient.