Est-ce que vous pouvez nous parler d’une journée typique,
est-ce que ça existe dans votre cas?
Il n’y a pas de journée typique, en tout cas pas dans mon cas,
pas dans le temps où moi j’étais là.
Oui, il y avait peut-être des journées qui se
ressemblaient plus que d’autres
mais en général on était « multi task » beaucoup.
On pouvait autant faire la sécurité d’un camp une journée,
être déployé faire des patrouilles la journée suivante,
faire des opérations l’autre journée d’après.
Ou être encore le « QRF » c’est le « Quick Reaction Force »
si jamais il arrivait quelque chose, un poste avancé se faisait attaquer,
une patrouille se faisait attaquer, on était l’élément qui se
faisait déployer sur-le-champ, immédiatement.
Il fallait être prêt à 5 minutes d’avis.
J’ai eu vraiment la chance de toucher à tout.
On avait des périodes plus tranquilles où c’était plus la garde du camp,
c’était plus routinier, tu avais ton « shift » de garde
de telle heure à telle heure, tu te reposais pendant une
couple d’heures et tu retournais sur un autre « shift » de garde,
c’était des journées quand même assez exigeantes,
j’ai pas dormi beaucoup pendant mes 5 mois là-bas.
J’avais des longues journées, des courtes nuits.
Ou vice-versa, des fois il fallait que je dorme le jour
et tout se passait la nuit.
Il y a eu beaucoup d’émotion, beaucoup d’apprentissage aussi.
C’est pas demain qu’il faut que tu l’apprennes,
c’est pas demain qu’il faut que tu le fasse, c’est là.
Vous m’avez parlé de la « Quick Reaction Force » c’est quoi, en gros?
En gros, c’est un peu, je dirais comme les pompiers qui se tiennent prêts
à la caserne à être déployés, si l’alarme sonne, nous c’est ça,
il y avait un groupe de gars qui étaient au poste de radio,
au poste de communication, toutes les communications
avec tous les postes, les patrouilles qui sont en opération,
si elles tombent sous contact, si elles ont besoin de support,
c’est nous qui déployait.
Nous on est « standby » souvent 5
ou 10 minutes d’avis que tout est prêt,
comme un peu les pompiers, les bottes placées,
tout est placé prêt à partir, le truck est prêt à partir
et quand ça sonne, on est partis.
Et puis si ça sonne, vous avez pas d’idée ce qui se passe?
On a aucune idée, on se fait donner l’information en cours de route,
surtout dans des choses comme des attaques ou des combats,
ça évolue tellement rapidement.
Des fois on arrive et tout est terminé.
On sait jamais.
Parlez-moi un petit peu des gens avec qui vous êtes,
est-ce que c’est seulement le Royal 22e,
est-ce qu’il y a des gens d’autres bataillons?
Au début, en fait, les premières semaines, il y a eu une rotation entre,
je ne me rappelle pas si c’est les anglophones du PPCLI ou les RCR
qui étaient là avant nous, mais pendant quelques jours, quelques
semaines, il y a une rotation qui se fait, ils restent avec nous,
ils nous montrent un peu ce qu’ils ont fait, où sont les
zones plus dangereuses, ça c’est « safe » vous pouvez aller là,
des personnes en qui on peut avoir confiance, moins confiance,
nous montrer un peu le terrain aussi.
Par la suite, on était pas mal juste des francophones
du Royal 22e Régiment, plusieurs unités, 1er et 3e (Bataillon)
qui étaient un peu mixés ensemble.
Et puis on a fait quelques opérations
avec les Américains et les Britanniques.
Mais nous, à nos camps on était plus juste Canadiens.