Noël dans un bunker en Bosnie en 1993
Des héros se racontent
Transcription
Intervieweur : Lors du service que vous avez fait à l'étranger,
il y a sûrement des occasions où vous avez dû manquer
des moments spéciaux à la maison, comment on vit cela?
En fait, on se sent un peu coupable pour notre famille,
mais en même temps, on se dit j'ai un devoir à faire, je dois le faire.
On s'interroge à savoir c'est quoi le plus important,
est-ce que c'est mon devoir qui est le plus important
ou c'est le mariage de ma sœur, le baptême de mon filleul,
de ma nièce, la naissance de ces gens-là.
C'est quoi le plus important?
En bout de ligne le choix se fait comme tout seul, on reste.
On a pas beaucoup de choix, on doit rester,
à moins d'une mort très proche.
On doit rester, on fait notre 6 mois et si on est chanceux,
ça adonne durant nos vacances, quand on revient,
mais c'est pas toujours comme ça.
Intervieweur : En service, comment on vit
les occasions spéciales, les fêtes qu'on célèbre ici?
On est contents de savoir que nos proches sont à l'abri
de bombardements, de tirs isolés, de mortier et qu'ils vont manger
de la bonne nourriture, qu'ils vont aller dans des magasins
s'acheter des cadeaux, qu'ils ont une vie somme toute normale.
Nous on vit une autre réalité.
Par contre, on réussit à s'arranger, les cuisiniers nous faisaient
des bouffes un peu plus spéciales.
Ça devait se faire sur trois factions,
parce qu'on ne peut pas tous manger de la dinde en même temps.
Ça prend des gars sur la garde, ça prend des gars au repos.
Ils faisaient trois repas.
Une équipe qui était sur la garde, le lendemain était au souper,
l'équipe qui était au souper tombait sur la garde, et l'autre était au repos.
Ça se faisait en trois événements distincts.
On ne pouvait pas être tout le monde à la même table en même temps.
On avait de la dinde, selon nos traditions,
on avait de la nourriture typiquement québécoise sur nos tables,
pendant la période des Fêtes, ça faisait plaisir.
Intervieweur : Est-ce que vous avez vécu
plus qu'une fois Noël à l'étranger?
Quelques Noëls à l'étranger, oui.
On ne peut pas sortir du camp, on est pris là.
Souvent, les factions alentours de nous
ne fêtent pas le 25 décembre, eux c'est le 7 janvier,
ils voyaient qu'on festoyait, donc ils tiraient sur le camp.
Ça nous forçait à passer Noël dans le bunker,
ça rendait assez particulier le Noël.
Quand on demande aux gens tu étais où à Noël 1993?
Moi j'étais dans un bunker avec mon casque d'acier
et on attendait que ça passe.
Intervieweur : Est-ce qu'on peut quand même passer,
pardonnez-moi l'expression, est-ce qu'on peut quand même
passer un beau Noël dans ces circonstances là?
Ça dépend toujours de qui on est, moi j'ai toujours pris ça
avec une certaine légèreté, un humour, je suis en vie,
je suis en-dessous de la terre, c'est particulier,
ça va faire des histoires à raconter.
On le prenait comme ça, on a pas le choix, sinon on est triste,
ça rend le moment encore plus lourd et ça affecte le moral
de tous les gens qui nous entourent, ça devient difficile.
Description
M. Bellehumeur raconte avoir manqué des occasions spéciales à la maison et avoir vécu des Noëls loin de ses proches, entre autres en 1993.
Michel Bellehumeur
M. Bellehumeur est né en 1964 à Hull. Il a grandi près d’un manège militaire et a développé un intérêt pour la vie militaire dès le jeune âge. Il s’est enrôlé à 17 ans et a reçu un entrainement de chauffeur de véhicule blindé. Il a servi plusieurs tours outre-mer, notamment en Bosnie et au Kosovo. Il a quitté les Forces après 25 ans de service.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Date d’enregistrement :
- 3 décembre 2013
- Durée :
- 3:05
- Personne interviewée :
- Michel Bellehumeur
- Guerre ou mission :
- Forces armées canadiennes
- Emplacement géographique :
- Bosnie
- Campagne :
- Bosnie
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- Royal 22e Régiment
- Occupation :
- Infanterie
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- Date de modification :