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« On ne joue pas des deux bords de la couverte »

Des héros se racontent

Attention!

Cette vidéo contient des scènes au contenu graphique qui pourraient choquer, et est réservée à un auditoire averti.

« On ne joue pas des deux bords de la couverte »

Transcription
On commençait à stabiliser le village puis un moment donné, c'est comme ceux que je disais les «pas fins» plus loin sont venus réattaquer, ils ont tiré du mortier dans le village puis un moment donné, il y a une petite fille qui est décédée, fait que c'est les Canadiens qui ont voulu lui faire un genre de, aider qu'elle se fasse soigner, et je pense que ça lancé un message, puis je pense qu'il y a un des déclics qui a parti là, ça c'est l'Adjudant qui était avec nous autres sur le coin de la table qui a décidé qu'on faisait ça, lui était là, puis il dit, un moment donné, le Major a envoyé, tu montes chercher le mortier, puis les gars ont tué le mortier. Puis je pense, même la moto est dans le Musée ici, avec le mortier, dans le Musée du Royal 22e Régiment. Le gars, la section, ils ont passé dans le Stars ans Stripes, ça a adonné qu'il y avait un Américain avec eux autres, un journaliste, fait qu'on pense que c'est vraiment eux autres qui ont tué, parce que il n'y plus eu d'attaque de mortier après. Puis après ça le mortier s'est fait présenter au père de la petite fille, en voulant dire, puis eux ils marchent beaucoup sur le code d'honneur les Pachtous. «Ma petite fille est vengée». On dirait c'était comme un message itou, regarde, ils sont vraiment là pour nous protéger. I : Donc ça a créé un lien fort avec la population ? JV : Ça a créé un lien, puis un moment donné, quand Lormand est décédé, un moment donné, on a eu, on appelle ça une choura, c'est une réunion avec les chefs locaux, puis un moment donné je leur ai dit, avec des vieux, avec l'interprète, je leur ai dit, moi ce que je pense, je sais que vous jouez des deux bords. Là j'ai expliqué ma perception de la contre insurrection, j'ai dit, les talibans veulent vous autres, puis j'ai dit moi, je veux vous autres. Fait que quand moi je fais de quoi de mal, ou de pas pire, les talibans vont tout le temps mettre ça sur mon dos, puis moi la même affaire. Parce que c'est vous autres qu'on veut que vous soyez nos amis. Les deux bords. Fait que c'est vous autres qu'on veut aider, on tire la couverte des deux. Mais j'ai dit, je sais vous vous jouez des deux bords. Vous jouez avec nous autres, vous allez jouer dans les talibans, vous les connaissez, puis tout. Là mon interprète il leur dit ça, puis là, un moment donné, je vois le vieux, bla, bla, bla, bla, fait que là j'ai dit, crime, qu'est-ce qu'il dit là ? Fait que là l'interprète il me dit, non, non, il est en train de te dire qu'il joue pas des deux bords de la couverte, il dit qu'il nous respecte. Mais, tu sais, il dit ça aujourd'hui, mais de la manière qu'il parlait, je pense que je le croyais, il dit, il nous respecte énormément, je sais que vous avez des familles, vous venez nous aider, vous venez de loin, vous avez tout laissé pour venir nous aider, on apprécie ça énormément, ça fait une couple de mois que vous êtes icitte, vous nous protégez, il dit, c'est eux autres qui tuent nos enfants. Puis l'autre affaire que j'ai pas, dit, quand Lormand est mort, pourquoi ils sont venus faire une choura, parce qu'il y a tout le temps, quand ils font une bombe, il y a tout le temps une ou deux de plus. Les ingénieurs sont venus, le véhicule brûlait tellement qu'on pouvait pas rien faire, fait que le véhicule a brûlé là une journée ou deux. Mais là il y a des enfants qui étaient allés voir. Puis un moment donné, une fin de soirée, on entend un wham ! Fait qu'on dit, oh, pour moi il y a un dromadaire de mort. Parce que ça arrivait souvent sur cette route là, on voyait des dromadaires de morts parce que c'est eux autres qui pognaient les IED. On dit, dromadaire. Mais on a su le lendemain, c'était des enfants. Un de 13 ans puis un de 15 ans, je pense. Puis quand je disais au monsieur qui joue des deux bords de la couverte, il me dit non, les deux petits gars, il y en a un, c'est son gars, fait que là, euh, fait qu'il dit on joue pas des deux bords, puis il dit, si eux autres ils viennent, c'est nous autres qui va s'en occuper, c'est nous autres qui va les tuer. Inquiétez vous pas, quand on dit qu'on est avec vous autres, on est avec vous autres. I : Donc ils savait que les engins explosifs, c'est pas vous autres qui? JV : C'était pas nous autres, bien non, là en plus on lui avait dit, crime, on vient de perdre un gars. Vous autres vous avez perdu un gars, puis lui a perdu un fils. Fait qu'on sait que vous autres vous êtes là pour nous aider, c'est pour ça qu'il ma fait tout un. On vous respecte, on sait que vous venez de loin pour nous aider, vous avez même pas d'affaires icitte dans le fond pour venir nous aider, on apprécie beaucoup, puis en plus, vous perdez un gars, puis lui vient de perdre un gars, fait qu'il dit, non, on joue pas des deux bords de la couverte.
Description

M. Vachon raconte une choura émotive, une assemblée avec les aînés du village où il est question de tragédies récentes tant chez les militaires canadiens que chez les villageois.

Jean Vachon

Jean Vachon est né à Thetford Mines, au Québec, en août 1970. Enfant, il a toujours souhaité devenir un soldat. Il s’est enrôlé en 1989 à 18 ans et a été déployé entre autres en Allemagne, dans le golfe Persique, en Yougoslavie et en Afghanistan.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Date d’enregistrement :
5 décembre 2013
Durée :
3:23
Personne interviewée :
Jean Vachon
Guerre ou mission :
Forces armées canadiennes
Emplacement géographique :
Afghanistan
Branche :
Armée
Grade militaire :
Major

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Date de modification :