Échec de la dernière rotation en Yougoslavie en 1995
Des héros se racontent
Transcription
En 1995, le 2e Bataillon est retourné en Yougoslavie
et là j'étais avec le 2e Bataillon, je suis retourné.
C'est là que ma deuxième mission, mon troisième tour opérationnel
mais ma deuxième fois en Yougoslavie que j'étais là.
Moi mon tour a été hyper plate, j'ai vraiment pas aimé ça parce que
moi j'avais un poste, à cause que j'étais dans les plus vieux,
ils m'ont envoyé dans un quartier maître.
Il y en a qui trippent dans un quartier maître.
Il faut que tu sois manuel
et c'est toi qui es comme le magasin de la compagnie.
Tu fournis l'équipement, tu t'occupes beaucoup de la logistique.
Moi je ne trippais pas.
Mon adjudant m'avais dit c'est bon pour ta carrière,
mon vieux, regarde, tu es rendu là.
Pour être capable de monter chef, il faut que tu passes par là.
Fait que j'ai fait ce que j'avais à faire.
J'ai adoré la gang avec qui je travaillais mais la job j'ai détesté ça.
Ça a duré tout le tour, 5 ou 6 mois.
J'ai trouvé ça plate.
Quand je pouvais partir sur les patrouilles je me portais volontaire.
Avez-vous besoin de quelqu'un en patrouille?
Oui, mon adjudant disait tu peux y aller,
je me portais volontaire, je voulais sortir.
Une patrouille, tu te promenais dans les villages,
t'assurer qu'il n'y avait pas de belligérants
ou de tirs ou de choses comme ça.
Je me portais même volontaire des fois,
j'ai fait une ou deux fois, on allait ce qu'on appelait
les postes d'observation, ça c'est des Canadiens qui étaient là,
il y avait les gros bunkers en poches de sable
et moi j'allais me porter volontaire, j'ai dit les gars,
je vais faire des shifts de garde.
Je passais la nuit, je laissais dormir les gars,
je faisais un shift de garde, je trippais!
Je regarde ça aujourd'hui et je dis qu'il fallait être stupide
mais je détestais tellement ma job
que je voulais faire des shifts de garde.
Intervieweur : Et puis les patrouilles que vous faites,
c'était à pied, c'était en véhicule?
En véhicule, parce que c'était des grosses patrouilles,
c'était des kilomètres et des kilomètres.
Chaque peloton avait une zone de responsabilité,
je ne me souviens pas c'est quoi, 20 km par 20 km,
fallait qu'ils patrouillent là-dedans.
Intervieweur : Est-ce que la situation
était meilleure qu'à votre premier tour?
Pas pantoute, c'était même pire un moment donné.
Puis ce qui est ironique,
j'ai fait le premier tour UNPROFOR Nations Unies,
j'ai fait le dernier tour UNPROFOR Nations Unies,
parce que 1992-1995, ça a commencé
en 1992 et UNPROFOR a fini en 1995 avec ma rotation.
Ça a fini selon moi avec un échec.
Parce que la région qu'on était ça s'appelait la Krajina;
c'est une enclave, dans le fond en Croatie,
sauf qu'il y avait une enclave serbe
puis le mandat c'était de protéger l'enclave serbe.
Sauf que les Croates, vers la fin du tour, ils ont décidé, on rentre.
Puis les Nations Unies n'ont pas été capables.
Tu sais, ils ont rentré, il y a même des gars, des postes,
moi j'étais un QM, j'ai pas connu ça, le « highlight »
il y en a qui vont dire t'es chanceux de ne pas avoir connu ça
parce qu'il y en a qui ont eu peur pour leur vie,
mais les postes d'observation que je vous disais,
les grosses forteresses, les Croates sont arrivés,
mais là c'est une armée conventionnelle
qui arrive avec des tanks puis l'artillerie puis tout.
Eux autres, c'est pas deux ou trois gars en gougounes.
C'est une armée qui arrive devant toi puis qui disent,
ils respectaient au moins ça des Nations Unies,
il y en a des fois qui tiraient juste pour te faire peur.
Après ça ils arrivaient et ils disaient vous autres,
dans tant de temps tu débarrasses.
Fait que là tu appelles le quartier général,
ils disaient non non, restez pas là, allez-vous en.
C'est comme si on avait abandonné nos postes des fois.
Ils étaient bien équipés et c'était gros l'armée croate.
Ils ont rentré dans la ville de Knin,
ça c'est comme la capitale, le quartier général était là.
Ils ont rentré et ils ont pris la Krajina.
Fait que le mandat des Nations Unies UNPROFOR, ma mission est finie,
ils ont dit OK c'est fini, plus besoin de troupes là, c'est rendu croate.
Description
M. Vachon décrit sa seconde rotation en Yougoslavie en 1995 et comment la mission a pris fin abruptement lorsque les Croates sont entrés dans l’enclave serbe de la région appelée la Krajina.
Jean Vachon
Jean Vachon est né à Thetford Mines, au Québec, en août 1970. Enfant, il a toujours souhaité devenir un soldat. Il s’est enrôlé en 1989 à 18 ans et a été déployé entre autres en Allemagne, dans le golfe Persique, en Yougoslavie et en Afghanistan.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Date d’enregistrement :
- 8 décembre 2013
- Durée :
- 3:30
- Personne interviewée :
- Jean Vachon
- Guerre ou mission :
- Forces armées canadiennes
- Emplacement géographique :
- Yougoslavie
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- Royal 22e Régiment
- Grade militaire :
- Major
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- Date de modification :