L’ennemi peut aussi être la glace ou se perdre envol
Des héros se racontent
L’ennemi peut aussi être la glace ou se perdre envol
Nous autres, on a perdu des avions, notre escadrille,
que ce soit celle de la 119, surtout celle de la 119,
on a perdu des avions.
Savez-vous notre plus grand ennemi?
La glace. La glace se formait sur nos ailes, on avait,
il y avait de l'anti-glace, mais ce n'était pas toujours efficace.
Moi-même, on s'est envolé une fois en partant de Dartmouth.
On est parti de Dartmouth en Liberator,
on est parti de Dartmouth puis on s'est envolé.
C'était l'hiver, il y avait de la brume, il tombait un genre de grésil.
Là, on s'est envolé au-dessus d'Halifax,
la glace s'est formée sur l'avion.
Pendant qu'on s'envolait.
On s'est tenu en l'air avec la force des moteurs,
les quatre moteurs ont pris feu, puis là il fallait s'alléger,
on a lâché la gazoline pour commencer,
après ça on a lâché nos bombes
dans le bassin du port d'Halifax.
Le pilote a dit «Gus, y a t-il des bateaux?»
Il n'y a rien, il n'y a pas de bateaux dans le bassin,
fait que là on a lâché les bombes, même nos torpilles,
le pilote demande au navigateur, le navigateur dit
il n'y a pas de problème, tout est au neutre, c'est safe.
Par contre, moi je voyais les explosions
dans le port d'Halifax.
Mais ça, cette fois-là, après ça on a atterri d'urgence,
puis on a eu chaud cette fois-là, vraiment chaud.
Je regardais le bomb bay ouvert et je voyais
les sapins rouges, rougeâtres, parce qu'on flambait.
Puis on a atterri puis ils nous ont envoyé tout de suite,
pour éteindre le feu, les pompiers étaient tous là.
Puis on était contents d'atterrir.
Mais en arrivant à notre centre d'opérations, ils ont dit,
vous dites pas un mot à personne, vous en parlez pas.
C'est parce que ce qui est arrivé, dans le journal le lendemain,
ils ont dit :
«Le port de Halifax a été attaqué par les sous-marins»
puis ils ont dit c'est bon pour la propagande,
alors ils ont dit oubliez, parlez pas de votre aventure.
Alors la glace, l'ennemi, la glace.
Notre autre ennemi, on pouvait se perdre, sur l'océan.
Une journée, on est parti dans la brume, on est allé
assez loin pour aller faire une patrouille.
Puis les heures passaient, les heures passaient,
et je voyais de temps en temps le navigateur
lâcher des fusées fumantes sur l'eau pour voir la vitesse
et quelle direction le vent prenait.
Puis au bout d'un certain temps, il nous dit
«Dick, (le pilote s'appelait Dick) il dit je suis perdu,
je ne sais plus où on est».
Fait que aussitôt, automatiquement,
j'ai mis la procédure de recherche radio en branle.
Alors j'envoyais le signal, je laissais BAAAA,
et puis là ça permettait aux stations, d'abord dans ce temps-là,
il y a un silence total sur les airs, silence total sur les airs
pour permettre aux gens de prendre des fix, de prendre des,
de prendre du croisé, du signal croisé pour nous situer.
Finalement, ils ont réussi à situer où on était puis là on
demandé combien est-ce qu'il vous reste d'heures de vol.
L'ingénieur nous dit il nous reste deux heures quelques minutes.
Alors on transmet ça.
Après ça ils nous disent, on vous dirige vers Bangor, Maine.
L'aéroport est fermé à cause de la tempête,
mais ils vous attendent.
Ça fait qu'on a atterri à l'aéroport,
au bout de la piste nos moteurs se sont éteint,
on était rendu, on avait plus de gaz, c'était le temps!
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